Le rendez-vous des lettres #3 : deuxième journée

Suite des notes prises à #pnflettres, toujours sans wifi… Ceci n’est pas un compte-rendu, juste des bribes saisies sur le vif. D’ailleurs, un véritable compte-rendu se serait arrangé pour ne pas intituler « Le rendez-vous des lettres #3 : deuxième journée », comme je l’ai maladroitement fait ci-dessus !
 
La matinée était consacrée aux « créations littéraires et arts numériques : entre contraintes, héritages et renouvellement des formes. »
 
Alexandra Saemmer
La littérature numérique est née dans les années 60, ce n’est pas un phénomène récent.
Le succès des tablettes est en train de le rendre possible l’existence de la littérature numérique.
Les réticences vis-à-vis du numérique (froideur de l’ordinateur, odeur du papier) s’expliquent par le fait que les utilisateurs attendent autre chose des supports numériques : la dimension ludique n’est pas à exclure.
Sur internet, la pratique de la vérification de l’information n’est pas à négliger : le texte numérique se trouve associé à une connaissance explicite.
La démarche de la littérature nativement numérique est expérimentale : elle est une littérature qui résiste, critique et questionne à plusieurs égards. Elle résiste à une culture du calculable.
L’un des courants les plus anciens : le générateur de textes, avec Jean-Pierre Balpe. Cette formes pose la question de la place de l’auteur et de l’inspiration. En creux, la littérature générative montre surtout ce qui n’est pas automatisable dans la littérature. Pour Calvino, une littérature automatisée serait classique car elle est soumise à des règles, des stéréotypes et des normes. Voir le générateur philosophique sur charabia.net
La littérature numérique résiste à l’idée que le texte n’est qu’un texte. Elle résiste aussi à l’idée qu’un récit doit raconter en mettant de l’ordre dans le chaos : après guerre, c’est précisément le chaos qu’ont exploité les auteurs, par exemple dans le Nouveau Roman. L’hypertexte permet de naviguer dans ce chaos.
La littérature numérique sensibilise aux dérives de la lecture numérique, notamment le clic frénétique.
Serge Bouchardon
La manière dont on a abordé cette littérature a évolué : dans un premier temps, approche théorique centrée sur l’hypertexte, ensuite une étape analytique, critique, qui s’intéresse à l’interprétation des oeuvres.
Il existe une tension entre le programme et l’écriture : elle pose la question de savoir si une écriture programmée a du sens ? Tension créatrice (Simondon).
Alexandra Saemmer
Beaucoup d’auteurs questionnent le rôle des outils et leur influence sur leur oeuvre même dans le cadre de la création numérique. Les auteurs triturent et questionnent des outils qui ont été conçus pour autre chose que de la littérature.
Bertrand Gervais
L’ordinateur n’est plus un outil, il est devenu un média.
Nicolas Taffin
L’auteur s’affranchit désormais du schéma d’édition traditionnel.
Bertrand Gervais
Particularité des textes numériques : avant de les comprendre, il faut savoir les manipuler.
A partir d’internet, les hypertextes deviennent des hypermédias.
Nous sommes à un moment où les deux cultures coexistent, où les textes essaient de s’adapter au numérique.
L’écriture numérique est très variée : du simple blogger ou wordpress, à l’utilisation de flash et prezi, etc.
Bleu orange : revue de littérature hypermédiatique.
Avec le livre numérique, on est passé de la mécanique à l’électrique : il n’y a pas de dématérialisation.
Serge Bouchardon
Il existe une tension entre le numérique et la création littéraire.
La littérature numérique a une valeur heuristique. Elle permet de faire retour sur la littérature en elle-même : notions de texte, récit, littérarité, etc.
Le texte numérique consiste en deux types de texte : le texte codé (forme d’enregistrement) et le texte qui s’affiche à l’écran (ses formes de manifestation peuvent être nombreuses).
Le récit devient interactif : on assiste à un déplacement de la clôture en tant que fin de récit, vers la clôture en tant que fin d’œuvre.
Son hypothèse est que les figures spécifiques à l’écriture interactive s’appuient davantage sur des figures de manipulation que sur des tropes.
 
Alexandra Saemmer
Il s’exprime une tension entre format et forme.
J’ai malheureusement dû sortir pendant l’intervention de Nicolas Taffin, dont je n’ai entendu que la fin, passionnante. Si quelqu’un a des notes, même quelques lignes, je prends !
« Écrire web » ou comment s’invente la littérature aujourd’hui ?
Patrick Souchon
Le web littéraire renouvelle la dimension dialogale qui était celle des salons littéraires.
Xavier de la Porte a animé l’après-midi avec un humour cinglant
Le web littéraire est traversé par la notion de familiarité, développée par Alexandre Gefen. Il faut s’en servir, mais ne pas en être dupe non plus.
Gilles Bonnet
L’écriture numérique pose la question des instabilités : autant de défis lancés aux catégories et aux notions habituelles de l’analyse littéraire.
La notion d’auteur même d’auteur est en cours de mutation : se développe une proximité avec l’instance du lecteur. Les travaux d’Alain Viala le montrent. (voir les Vases communicants).
Il se développe une proximité entre auteur instable/insaisisable et des lecteurs qui ne le sont pas moins.
Dans sa tentative de délivrer des certificats de légitimité, l’institution avait cru trouver des remparts catégoriels : d’un côté la para-littérature et de l’autre la vraie littérature avec un auteur éloigné des lecteurs. Les nouvelles formes qui émergent brouillent ces pistes.
Les interventions littéraires sur le web sont désormais polyphoniques et poreuses. S’ajoute une pratique du bouillonnement anonyme : beaucoup de blogs sont anonymes, tenus par des auteurs qui veulent des ateliers à ciel ouverts. La figure de l’auteur s’érode : internet s’expérimente comme un milieu décentré ou acentré (décentrement de l’espace temps numérique, cf. lieu d’être du créateur chez  Maingueneau).
« J’habite pour toujours un bâtiment qui va crouler », écrit Baudelaire. L’auteur aujourd’hui s’installe dans quelque chose d’instable, à la double dimension : instabilité auctoriale et instabilité du texte. Le texte aux multiples stabilités est inachevé et inachevable, car le web autorise les repentirs et les compléments. La structure de la liste peut servir ces versions.
On voit émerger une poétique des seuils, du liminaire : le textuel s’est déjà ouvert à l’iconique. Le lien hypertexte est formulé en partie déjà en fonction de son autre, c’est-à-dire de ce à quoi il va renvoyer. La scansion, la métrique du texte numérique est rythmée par les hypertextes.
Le succès des écritures à contrainte sur internet s’explique par le fait qu’ils accompagnent la performance (cf. les travaux de Zumthor sur la performance).
L’imprévu est réinstauré dans l’œuvre numérique.
Après l’intervention de Gilles Bonnet, qui a eu la délicate attention de choisir ses exemples chez les auteurs présents sur scène, j’avoue, j’ai cessé de prendre des notes pendant les suivantes. Plusieurs raisons à cela ? Olivier Ertzscheid avait déjà mis en ligne la trame de son propos. Lisant le blog de Lionel Maurel, je connaissais les sujets qu’il aborderait et j’avais moins besoin de fixer mes souvenirs. 
 
Et le pecha kucha ?
 
Impossible de prendre des notes pendant les performances. Ce n’est pas l’envie qui m’en manquait à certains moments – je suis une compulsive du carnet de citations – mais la salle était très silencieuse et le clavier aurait dérangé (c’est la tablette qu’il aurait fallu pour noter).
 
On peut retrouver sur la toile des trames et des traces de beaucoup d’intervenants :
Avec eux se trouvait une participante qui ne figurait pas sur le programme mais qui pourtant était très présente, c’est Maryse Hache.
Les interventions étaient scindées en deux parties, entre lesquelles a eu lieu une intervention aussi belle qu’indispensable de François Bon, « paradoxes de la mutation numérique du livre« .
Il faut citer aussi Cécile Portier bien sûr, Alexandra Saemmer encore et Luc Dall’Armellina qu’on a vus plus tôt dans la journée.
L’épisode #4, dernier de la série #pnflettres, très prochainement sur votre écran !

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