BM-BU, compagnons de route

Quelques notes, vraiment mal rédigées (je révise !), de la journée organisée conjointement par les groupes Ile-de-France et Paris de l’ABF jeudi 25 avril à l’UPMC.



Introduction de la journée – Le profond bouleversement du monde des bibliothèques universitaires
Christophe Péralès, Président de l’ADBU, Directeur du SCD UVSQ

Christophe Péralès a rappelé les grands enjeux de l’enseignement supérieur et la recherche aujourd’hui. Le premier d’entre eux est le rapprochement même entre l’enseignement et la recherche. Deux autres axes sont importants : favoriser la réussite des étudiants par la formation et favoriser l’innovation dans le cadre de la recherche.

Il a ensuite fait le point sur les réformes des dix dernières années : la loi LRU a été votée en 2007. Elle ne consiste pas vraiment en une autonomie : le grand changement consiste dans le fait que les universités deviennent des opérateurs de l’État et vont avoir à gérer leur masse salariale. Mais ce n’est pas une décentralisation. Il s’agit d’une modification des dispositifs de gouvernance par le renforcement des services centraux.
La LRU s’inscrit dans le cadre de la LOLF (2001), qui a profondément réformé la manière dont on votait les budgets. Auparavant, les budgets étaient souvent reconduits d’année en année et on introduisait parfois de nouveaux éléments. La LOLF consiste en une façon de voter des budgets beaucoup plus politique : on essaie de sérier des actions pour obtenir des budgets. La gestion repose désormais uniquement sur des objectifs : pour Christophe Péralès, on y perd. Les actions sont trop atomisées, il manque une vision d’ensemble.

Dans ce contexte, les PRES ont été créés : il s’agissait de favoriser des rapprochements pour la recherche. Le modèle choisi, dont Christophe Péralès dit « big is beautiful », ressemble au modèle américain de très grosses universités. Il s’oppose au modèle anglais de petites universités, qui réussissent pourtant très bien.

Actuellement, les universités se trouvent dans ce qu’on pourrait appeler l’acte de 2 de la loi LRU. La loi essaie de simplifier le millefeuille administratif, le but est d’arriver à une dizaine de grands pôles d’enseignement supérieur sur le territoire.

Les impacts de ces réformes sur les BU ont été plus modérés que les craintes de départ : la place dévolue aux directeurs de BU qui désormais ne siègent plus dans les trois conseils a pu faire craindre une perte de pouvoir. Elle ne s’est pas totalement vérifiée.

Une autre modification d’importance a consisté dans le fait que les budgets ne sont plus fléchés. Dans les SCD a surgi une grande inquiétude de « se faire plumer » car les universités avaient souvent l’impression qu’ils étaient surdotés, même si cela tient du mythe. Il n’y a pas eu d’impact négatif de la LRU en tant que telle sur les budgets des services. Depuis 2011-2012, par contre, beaucoup de structures pâtissent d’une baisse générale des budgets : elle a un impact réel sur les monographies.

L’ADBU s’était prononcée en faveur de la LRU. L’association espérait qu’avec ce décloisonnement, le SCD ne fonctionnerait plus à part de l’université, que la fonction documentaire serait plus intégrée dans les politiques de recherche. Pourtant, le développement est loin d’être aussi rapide qu’on pouvait l’espérer. Il reste encore beaucoup à faire pour convaincre que la documentation est essentielle : il existe trop souvent des coupes pour les SCD, qui sont encore vus comme des fonctions support. Dans ce contexte, les directeurs de BU sont amenés à reprendre sans cesse leur bâton de pèlerin pour convaincre que la documentation est essentielle.

Le rapprochement entre l’enseignement supérieur et la recherche a consisté dans le fait de faire travailler ensemble deux directions générales. Sa traduction concrète a été la création de la MISTRD, dont l’axe de travail principal est la mise en place de BSN. BSN n’est pas un portail mais une grande infrastructure de recherche qui va dérouler des services pour les chercheurs.
On compte actuellement 9 segments pour ce projet et il y a de l’argent pour les deux premiers.
Le segment 1 de BSN concerne les acquisitions. Il s’articule notamment avec le projet Istex pour les licences nationales. Il faut noter que les ressources acquises en licences nationales seront accessibles pour certaines d’entre elles par la BnF mais également par les BM.
L’objectif de BSN est de favoriser le lien essentiel entre l’enseignement et la recherche par la constitution de groupes de travail.

Le consortium Couperin, qui est à la manœuvre avec l’ABES pour l’acquisition en licences nationales, a récemment modifié ses statuts. Couperin intègre désormais l’ensemble des organismes de recherche ainsi que la BnF.
L’ADBU, de son côté, a aussi procédé à une refonte de ses statuts. Elle a fusionné avec l’AURA (l’association des utilisateurs du réseau de l’ABES) et elle a élargi l’assiette des adhérents en s’ouvrant au monde de la recherche.

Last but not least, le numérique est aussi un des défis des BU. Il s’agit de simplifier l’accès à l’objet numérique. On constate ces dernières années de fortes avancées sur la question de l’appropriation du numérique par les étudiants et par leurs BU. Pour Christophe Péralès, le numérique, ça doit être simple !

Christophe Péralès a ensuite listé d’autres axes de travail pour les SCD dans les années à venir : il faut par exemple articuler les services présentiels et l’imprimé avec le numérique. Cela passe aussi par le lancement de nouveaux services : on parle beaucoup des réseaux sociaux, c’est un mouvement déjà bien entamé.

Il est revenu sur le modèle learning centre : pour lui, on a essayé de plaquer un modèle anglo-saxon sur un modèle français qui ne s’y prête pas trop. Le modèle anglais repose sur un modèle pédagogique, à savoir que des lectures préalables sont prescrites avant chaque cours cours. C’est tout l’inverse de la France où on fait un digest du manuel et où on distribue des polycopiés (ce qui coûte cher et on n’achète pas de documentation !). Dans le modèle anglo-saxon, le cours est là pour permettre la confrontation des points de vue, pour approfondir certains points ; le cours est un échange, qui débouche sur un travail à rendre pour l’étudiant. De surcroît, dans le modèle anglo-saxon, on constate une intégration très importante de la pédagogie de la recherche documentaire dans les enseignements.
Le learning centre s’inscrit dans ce modèle pédagogique : il vient dans l’espace d’interstice. C’est un lieu nécessaire aux apprentissages et aux échanges. Le parallèle peut être fait pour les chercheurs avec le fait de se rendre à l’autre bout du monde pour assister à des colloques, alors même qu’ils les trouveront en ligne très vite : l’important, dans les colloques, c’est précisément l’espace interstitiel des pauses où les chercheurs peuvent échanger de manière informelle.
Le learning centre correspond aussi à une conception de l’apprentissage par les pairs, au social learning. Dans cette journée d’études, nous dit Christophe Péralès, vous allez autant apprendre dans les pauses qu’avec les intervenants. Le learning centre est un lieu qui favorise les rencontres et le travail tutoré, développé Outre Manche. C’est un modèle qui fait du bruit : il s’agit d’abandonner l’organisation traditionnelle de la bibliothèque où on gère plus souvent des espaces de silence que l’inverse.
En France, on s’est précipité sur le modèle architectural sans penser à une véritable refonte de notre modèle pédagogique. Et de conclure qu’on a peut-être mis la charrue avant les bœufs.

Les BU se préoccupent de la question du numérique au sein de la société mais elles se penchent aussi sur l’importance du web sémantique.

En BU, des points de contacts avec les BM existent en SHS, par les publics. L’ADBU essaie d’observer les bonnes pratiques, sans avoir de point de vue. Les établissements de recherche signent désormais des contrats tous les cinq ans : ils peuvent favoriser des politiques de sites quinquennales permettant d’impulser des politiques BM-BU.

La LRU donne aussi la possibilité de créer des fondations en levant des fonds par philanthropie. En France, cela ne fonctionne pas, car il n’y a pas de tradition dans ce domaine.

Une question a été posée concernant la fréquentation des BM par les étudiants en Ile-de-France : il y a dans la région un véritable problème de place au détriment du public familial. Personne n’a apporté de réponse à cette question certes locale mais cruciale.

Une dernière question portait sur les rapprochement du privé et de la recherche : dans les universités, on favorise les rapprochements des industries et des entreprises avec la recherche. Cette coopération fonctionne en fonction des bassins où sont situées les universités. Ça marche à l’UVSQ dont le département est richement doté en entreprises, ce sera plus beaucoup difficile à Paris 3 par exemple. C’est un mouvement de fond qui est en cours, plutôt bénéfique, mais qui accentue les disparités entre établissements. Les entreprises cherchent à externaliser la recherche développement qui leur coûte cher, donc elles signent des partenariats avec les universités.

Dans le cadre des rapprochements public/privé, la mise en place des PPP a été évoquée : les exemples irlandais datent d’une dizaine d’années et les institutions publiques s’en mordent les doigts. L’entreprise veut gagner le plus d’argent possible et l’organisme public veut minimiser ses coûts : il est très difficile dans un pareil partenariat de s’entendre.


La BUPMC, un exemple pour observer le fonctionnement des Services Communs de la Documentation : missions, organisation, ressources humaines, travail des personnels en réseau et à distance
Cécile Swiatek, BUPMC

La BUPMC est l’héritière de la faculté des sciences. Elle fait partie d’un PRES avec plusieurs partenaires, notamment Paris 2 et Paris 4, où se pose la question de la cohérence de la documentation.
Les bibliothèques n’ont pas été prises en compte au départ à Jussieu, elles sont donc éclatées sur le campus, notamment en raison des problèmes de charge au sol que leur installation provoque. Les étudiants sont amenés à utiliser plusieurs bibliothèques du réseau : un étudiant de L utilisera par exemple la bibliothèque de 1er cycle de sa discipline, une ou plusieurs bibliothèques de recherche lorsqu’il a besoin de documentation spécifique et parfois une autre bibliothèque de 1er cycle si ses cours sont transdisciplinaires.

Le personnel de la BUPMC travaille exclusivement en réseau, en étant constamment connecté. Il dispose aussi d’une hotline. Pour la qualité du travail à distance, rien n’est conservé sur les postes en local. Il est possible de se connecter aux documents communs de partout.

En matière de fournisseurs, la BUPMC se préoccupe des questions de documentation pour le SCD mais aussi pour les bibliothèques de composante. Les achats ne transitent pas par la BUPMC mais les marchés sont communs. Il s’agit d’insuffler une culture commune.

Les bibliothèques ont entre 16 et 17.000 lecteurs. Pour ce qui est de la consultation, on peut aller partout sauf sur deux sites spécifiques (dont une bibliothèque d’hôpital).
Pour le reste, les accès sont autorisés ou pas en fonction des contrats : le wifi est accessible pour les étudiants de l’université et des autres établissements d’enseignement supérieur, mais pas pour les autres. La documentation électronique est elle aussi soumise à des restrictions d’accès en fonction des contrats avec les éditeurs.


Ouvrir plus ! Avec quel niveau de service ? Horaires d’ouverture, niveaux de service, organisation du travail d’équipe en BU
Magali Le Coënt – BUPMC, Vie des Sections

La réflexion sur les horaires a débuté à la suite de la pression des étudiants de médecine pour travailler à la BU. Ils ont besoin de pouvoir consulter des documents et des manuels très bien adaptés à leurs unités d’enseignement.
Par ailleurs, il existait aussi une pression des étudiants sans ressources mais avec de gros emplois du temps. Ceux-là travaillent pour financer leurs études et veulent pouvoir venir le soir et le week-end.
Tout cela s’est inscrit dans le contexte de la loi Pécresse et du label Noctambu.

L’élargissement en chiffres : Pitié jusqu’à 23h, Saint-Antoine jusqu’à 22h dès 1998. Ouverture le samedi, Pitié de 10h à 20h et nocturnes pour les partiels depuis 2008. Installation d’automates pour pouvoir augmenter l’offre de service. Aujourd’hui, 2 bibliothèques sont ouvertes le samedi de 10h à 20h et 4 bibliothèques sont ouvertes le soir.

Organisation des horaires : horaires réduits dès la fin des enseignements/partiels pour les bibliothèques de 1er cycle. Les bibliothèques de recherche, elles, restent ouvertes.
Il faut aussi prendre en compte les publics : ouvrir une bibliothèque de recherche jusqu’à 22h alors que les enseignants-chercheurs peuvent consulter la documentation électronique depuis leur lit n’est pas d’une grande utilité !
Les horaires doivent s’adapter aux missions des bibliothèques mais aussi à la taille des équipes et des structures.
Le CADIST, pour sa part, reste ouvert toute l’année de par sa mission nationale, de même que la bibliothèque Charcot et la MIR.

Fonctionnement : en journée, les équipes se composent de bibliothécaires et de moniteurs. Tous les services sont assurés (renseignements, PEB, formation des usagers, services personnalisés : réception des doctorants pour les aider à mettre les mots-clés, etc.). En soirée, les moniteurs sont seuls et les services réduits (utilisation des automates, renseignements, cahier de liaison). Le samedi, bibliothécaires et moniteurs sont présents (tous les services sont assurés).

Chaque année, sont recrutés des moniteurs doctorants qui viennent en appui pour les formations : ils rédigent des modes d’emploi pour les BDD et des préparations de TD. Environ 60h/an.

Les étudiants font seulement du renseignement et de la surveillance : le personnel ne voulait pas que les moniteurs soient soumis à la pression de leurs pairs. Tout passe par les automates et s’il y a un blocage, les étudiants reviennent. Les moniteurs n’ont pas d’accès au SIGB pour éviter la pression des autres étudiants.

Les enquêtes réalisées font émerger une forte demande pour l’ouverture en soirée et le samedi. Le dimanche émerge. Les étudiants réclament l’ouverture de nouvelles de bibliothèques le samedi.

Une fusion des bibliothèques sur Jussieu est à l’ordre du jour, elle impliquera une réorganisation. Un projet de learning centre (2018-2020 ?) est également à l’étude.

Une question a porté sur la complémentarité documentation électronique / imprimé : les étudiants se connectent très peu. L’offre qui leur est destinée, contrairement à celle proposée aux chercheurs, est assez limitée : techniques de l’ingénieur, Numilog, etc … Les enseignants-chercheurs, eux, se connectent beaucoup.


Collections, le nerf de la guerre ? Politique documentaire et documentation électronique – acquisitions, conservation, négociations, littérature grise et bibliothèque numérique.
Cécile Swiatek et Emeline Dalsorg – BUPMC, politique documentaire et bibliothèque numérique

Les enquêtes conduites dans les BU de l’UPMC reposent sur les collections et sur les usages constatés. L’ESGBU et les classements internationaux (Shangaï) et européens (lobbying de LIBER) servent de points de repères.

Les bibliothèques travaillent avec de nombreux partenaires au sein d’un maillage aussi divers qu’important. Les sections de la BUPMC sont au nombre de quinze et elles collaborent avec les 40 bibliothèques associées. Les partenariats s’effectuent aussi dans le cadre de plans de conservation partagée des périodiques : l’un fonctionne déjà pour ce qui est de la médecine en Ile-de-France, l’autre, celui du RNBM est en train d’être mis en place. Il existe enfin un début de coopération documentaire avec Paris 2 et Paris 4 dans le cadre du PRES mais ces deux universités ont des collections documentaires assez éloignées de celles de Paris 6.

Le financement principal pour les BU provient de l’UPMC elle-même (dotation globale et droits universitaires). Les laboratoires versent aussi de l’argent. D’autres ressources sont issues du versement pour le handicap, du reversement national pour le CADIST, du reversement de la BnF en tant que pôle associé pour la numérisation. Le CNL, quant à lui, aide à financer un fonds spécifique recherche sur les sciences. Enfin quelques financements extérieurs dans le cadre du mécénat, des dons et legs existent mais ils sont très peu développés.

Les publications universitaires et scientifiques ne reposent pas seulement sur des achats. L’université dépose dans une archive ouverte, HAL-UPMC. 80 correspondants la promeuvent sur l’UPMC dans le cadre d’une politique très volontariste.
HAL, Hyper Article en Ligne a été créé par le CNRS et le CCSD. On ne peut pas modifier un article déposé mais on peut y déposer des versions successives.

L’accès à la documentation électronique de l’UPMC repose sur une identification. Il est limité en raison des licences imposées par les éditeurs. De nombreuses questions se posent : comment centraliser les données lecteurs ? Comment donner ou pas accès aux usagers extérieurs ? Faut-il leur donner accès ?

La visée du SCD en ce qui concerne les usagers est de les accompagner, les suivre et les former. Les collègues poursuivent un but unique, les amener à être autonome. Cela passe par le développement croisé de la formation et de l’accueil personnalisé en salle.


Un exemple de coopération : Biblim, le portail des bibliothèques du Limousin
Etienne Rouziès – Responsable du pôle Patrimoine et Limousin à la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges – intervention à distance

Le partenariat repose sur une convention tripartite : la ville de Limoges, l’université et d’autres partenaires. Le portail Biblim est sous licence ouverte : la réutilisation des documents est autorisée, même dans un cadre commercial. La seule obligation est de citer Biblim. Biblim repose sur un protocole OAI et un schéma de métadonnées sous dublin core. Le logiciel retenu est Omeka.

Le partenariat entre la BFM et le SCD est fructueux : les deux partenaires organisent ensemble le symposium Koha.

C’est la ville de Limoges qui a passé un marché pour le portail Hermès (Archimed). Il reste à régler un problème de moyens humains : il n’y a pas véritablement de porteur de projet. Etienne Rouzies est porteur du projet Biblim mais il est aussi responsable du pôle patrimoine. La BFM rêve du détachement d’un conservateur d’état.

Ce partenariat est somme toute fragile : que va-t-il devenir? La BU n’a plus de conservateur pour le fonds ancien et elle ne le catalogue plus, faute de temps/budget.


Pourquoi collaborer ? Des publics migrateurs
Agnès de Saxcé, Coordination des services aux publics, Bibliothèque nationale de France

Le public du haut de jardin est composé à 80% d’étudiants. Le week-end, la salle I, celle de La Joie par les livres, s’ouvre désormais aux familles. Le public est très varié, même si on ne le remarque pas d’emblée au milieu des 80% d’étudiants.
Les salles de lecture sont gérées par les départements de la BnF : un département représente entre 40 et 140 agents. Dans l’ensemble des salles, près de 1200 agents se relaient. Le service public doit être très coordonné pour assurer des réponses cohérentes.
Les publics sont divers : les lycéens ne sont que 11%, avec un pic de fréquentation en mai/juin. Les doctorants et chercheurs viennent occasionnellement en haut de jardin parce qu’il y a des collections qui les intéressent, mais également parce que le haut de jardin est ouvert le dimanche. Les autres publics sont divers : actifs, créateurs d’entreprise, demandeurs d’emploi, retraités, publics du champ social.

Un poste de conservateur organise les activités didactiques (formations). Il centralise les demandes des SCD qui souhaitent, en plus de leurs propres formations, former les étudiants aux collections de la BnF. Un partenariat a été conduit l’an passé avec Paris 3. Des formations pour des étudiants de L et de M ont eu lieu. Beaucoup ont découvert à cette occasion qu’ils pouvaient venir à la BnF. Ces formations étaient obligatoires, car l’assiduité reste un critère indispensable au suivi des formations…
Parallèlement, la BnF a mis en place un service spécifique pour les doctorants par des rendez-vous personnalisés. Ces ateliers sont appelés : « préparer sa thèse à la BnF ».

La coordination des services aux publics a des partenariats avec des relais sociaux et des acteurs du milieu social pour aider les gens à franchir le pas de cette bibliothèque souvent jugée comme élitiste. Par ailleurs, le service PRISME concerne les pôles des ressources et du monde de l’entreprise. Ils ont une convention avec la CCI. Des ateliers sur la recherche d’emploi sont organisés. A noter que les activités de formation fonctionnent si on est dans un cadre de partenariat, qui se révèle indispensable pour le suivi et la continuité des travaux. Enfin, le service pédagogique travaille en partenariat avec les académies de Versailles et Créteil.
Publics, faiseurs de bibliothèques ? Agnès de Saxcé répond oui. En plus des publics souhaités à qui on peut encore apporter quelque chose, il existe des publics subis qui font leur miel à la bibliothèque et la font évoluer.

A une question du public : Carole Letrouit répond que Paris 8 a formé cette année 2000 étudiants de L1 à la recherche documentaire. Leur formation est inscrite dans les cursus. Elle précise que les étudiants se déplacent moins dans d’autres bibliothèques.


Comment collaborer ? Retour critique d’expériences à publics multiples
Olivier Caudron, directeur du SCD de La Rochelle (qui parlera également pour sa « pacsée » Anne Courcoux, directrice de la Médiathèque Michel-Crépeau de La Rochelle),

A La Rochelle, la BU et la BM sont juxtaposées depuis 1998. Au départ, il n’y avait pas d’attente sur le fonctionnement chez l’une ou l’autre. Pourtant, l’idée de Michel Crépeau a été très vite de créer un lien entre les deux. La médiathèque est tournée vers le vieux port et la ville tandis que la BU est tournée vers le campus. Il s’agissait d’ancrer l’université et la BU dans la ville.

« La porte la plus célèbre de France », disait Daniel Renoult, quand il évoquait la simple porte qui sépare les deux établissements. Une rue intérieure traverse les deux bibliothèques mais cette porte qui les relie a mis longtemps à être ouverte. Deux architectes différents ont travaillé chacun pour une des bibliothèques : la rue intérieure n’a pas été traitée de la même façon par les deux…

L’université est récente, elle existe depuis 1993. La BM, quant à elle, est riche de 12 médiathèques de quartier et d’un service de bibliobus. Les deux partenaires sont unis pour la vie avec un jardin à co-gérer et une rampe commune d’accès aux parkings. Les appareils pour les publics handicapés sont mutualisés.

Les inscriptions étaient payantes mais la gratuité est désormais appliquée. Un étudiant inscrit à la BU bénéficie de la gratuité pour toutes les BM. L’inverse est possible aussi pour les plus de 15 ans venant de la BM.

Il existe des partenariats sur certains fonds, celui de littérature jeunesse par exemple a été pris en charge par la BM. Ce fonds est utilisé par les deux établissements, il sert à la BU pour les étudiants du concours de professeur des écoles.

La mutualisation des publics a eu lieu en 2012. Il s’agit maintenant de faciliter la complémentarité des collections et d’accroître leur attractivité. Des réunions régulières, tous les deux mois, ont lieu entre les deux collègues responsables de la poldoc. Une carte documentaire sur la thématique de l’orientation/insertion pro/recherche d’emploi a été réalisée. L’accès sur place à la documentation numérique est autorisé pour tous. Certains abonnements de périodiques ont été dédoublonnés. Les responsables échangent leurs pratiques en ce qui concerne les fonds de DVD, les marchés publics, etc. Ils s’interrogent sur une éventuelle interrogation unifiée des deux catalogues.

Les statistiques sont plutôt positives : la médiathèque a enregistré 15,8% d’augmentation de ses inscrits et une augmentation des emprunteurs. A la BU, plus de 100 personnes sont venues s’inscrire entre septembre 2012 et avril 2013 depuis la médiathèque.



Comment collaborer ? Retour critique d’expériences à publics multiples
Carole Letrouit, directrice du SCD Paris8

Paris 8 se situe au terminus de la ligne 13, dans un environnement de cités. L’arrivée des archives à Pierrefitte modifie l’environnement mais n’a pas encore répondu aux attentes. Il n’y a pas de lieux de sociabilité, ni de commerces aux alentours de la BU.
23.000 étudiants. SHS, droit, sciences dures. Un campus, 2 IUT. 15000 L, 6000 M, 1500 D. Ces 23.000 étudiants ne sont pas tous issus des banlieues. P8 a des enseignements dans les 7 arts. Le nombre d’étudiants étrangers est important et la population étudiante est beaucoup plus mixte qu’on ne le pense au premier abord.

La BU a été construite par Pierre Riboulet. Elle s’étend sur 15.000 m², dont 11.000 m² pour les espaces publics. 1.500 places assises, 420.000 ouvrages, dont 250.000 en libre accès.
C’est une bibliothèque avec contrôle d’accès : il a été installé à la suite de l’agression d’un agent. Ce contrôle se fait à la fois sous forme magnétique (cartes qu’on passe mais les cartes ne sont jamais invalidées, donc elles circulent beaucoup) et sous forme humaine. Le contrôle humain est fait par un vigile et un magasinier, l’un pour la sécurité et l’autre pour l’accueil.

114 ordinateurs sont en libre accès dans les salles de lecture. Les ressources électroniques sont accessibles à toute personne. Carole Letrouit défend le principe selon lequel toute personne accédant à une bibliothèque doit pouvoir accéder à l’intégralité de ses ressources. C’est un des grands principes de l’IFLA.

Depuis son ouverture la bibliothèque est accessible à toute personne majeure. Le conseil général de la Seine Saint-Denis a participé à son financement ; en contrepartie il a demandé qu’elle soit accessible à tous. Le prêt est gratuit pour tous les étudiants d’Île-de-France et pour les habitants de la Seine Saint-Denis.

Beaucoup de lycéens du département ont plus de 18 ans. Ils sont très présents en mai/juin pour le bac. A cette période, le personnel fait des rondes supplémentaires : les lycéens arrivent en groupe et sont assez bruyants. L’instauration de zones de bruit/silence est d’une efficacité relative.

Les liens avec les lycées passent aussi par des journées portes ouvertes, des accueils de groupes et des accueils de classes pour les TPE. Le SCD a tenu des réunions avec les documentalistes des lycées : plusieurs projets sont à l’ordre du jour, comme un PEB avec les CDI, …

La directrice de la BM est personnalité extérieure au conseil documentaire de la BU. La BM s’intéresse comme la BU à l’accueil des lycéens. Un projet de learning centre est à l’ordre du jour au sein de la BU, or les BM développent des services d’autoformation.
Le SCD participe à des festivals de la communauté d’agglomération, Plaine Commune. Les journées du patrimoine donnent aussi lieu à des collaborations, même s’il reste encore beaucoup à faire.

La diversité des publics de la BU a conduit à adapter la politique documentaire dès l’ouverture  : les collections vont du niveau grand public (honnête homme) à la recherche, ce qui figure dans la charte documentaire. Il existe des collections spécifiques pour le public de proximité qui s’intéresse aux disciplines enseignées à P8.  

2 Commentaires

  1. Très intéressant compte-rendu, très utile ! Attention : HAL n’est pas une plate-forme d’édition mais uniquement d’archivage : si l’article n’est pas publié ailleurs, il est réputé inédit, et s’il est publié, la version archivée dans HAL peut souvent être différente car déposée avant ou parallèlement au processus d’édition (corrections, épreuves). Ce n’est pas la première fois que je constate que les bibliothécaires ont du mal à faire la différence, qui est grande en termes de contenus (versions différentes) et d’enjeux (enjeux de publications pour les chercheurs et les centres de recherche).
    Ceci dit c’est un outil remarquable, sous toutes ses versions (comme DUMAS qui permet d’accueillir des mémoires de master après soutenance).
    Raphaële Mouren

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