Quelques mots sur le design thinking

Je m’étais promis de le faire il y a des semaines, puis j’ai procrastiné comme tout le monde. J’ai enfin pris le temps de me plonger dans le kit pratique « Le design thinking en bibliothèque« , que l’on peut découvrir sur le blog de Nicolas Beudon, Le Recueil factice. Mais alors, c’est quoi le design thinking (DT), à part des post-it et des gommettes ?

Un simple résumé de ce qui m’a frappé (je suis correspondant formation et je serais ennuyée de ne pas avoir suffisamment informé les admissibles sur la question, que les plus innovants des jurys ne manqueront pas de poser, je n’en doute pas).

« Dernière révolution terminologique en vogue, oubliée dans cinq ans », me disait un collègue acerbe. Diable, il y va fort. Le DT, c’est de la méthodologie de projet ; de ce point de vue, en effet, ça n’invente pas grand chose. Cependant, si, comme moi, vous avez subi ladite « gestion de projet » telle qu’elle se pratique depuis vingt-cinq promotions dans une école lyonnaise, vous aurez forcément envie d’en apprendre davantage. Ben oui, quoi, vous avez appris la gestion de projet pure et dure, celle qui est parfaite pour lever des ponts et vendre des pneus, mais qui se révèle beaucoup moins adaptée pour des projets en bibliothèque. [Interlude-souvenir : votre projet consistera en une étude de faisabilité, pour laquelle nous ne comptons débloquer ni budget, ni personnel. Il a fallu toute l’énergie de notre tutrice pour nous dire que, si, c’était possible.]

Si vous vous êtes déjà intéressé aux méthodes agiles et à l’innovation, le DT ne vous surprendra pas beaucoup. La phase d’itération, par exemple, n’est pas sans ressemblance avec Scrum. Si je schématise, le DT repose sur l’idée qu’on est plus créatif en dialoguant avec ses usagers qu’assis dans une salle de réunion. Il est expérimental : c’est « un processus non linéaire qui demande de la flexibilité ». [Interlude : au moins ça évite la panique lorsque le commanditaire décide qu’il va piocher un bout dans chacun de vos trois scénarios, alors que vous, à l’école, vous n’avez pas le droit de revenir en arrière avec la méthode qui sert à lever des ponts. C’est arrivé à certains écoliers.] Le DT n’est pas seulement une méthode, c’est aussi un état d’esprit, qui demande à chaque participant du projet de laisser libre cours à sa créativité. Voilà qui n’est pas chose aisée [Interlude : imaginez des conservateurs généraux assis par terre construisant des prototypes avec cartons et tissus…] En matière de communication, là encore, révolution copernicienne par rapport à la gestion de projet classique, avec le DT on invite les parties prenantes à s’intéresser au processus de projet lui-même et on n’attend pas d’avoir un produit fini parfait pour le présenter.

Le kit et le livret d’activités sont remarquablement pédagogues. La méthode est expliquée pas à pas, des exemples illustrent chaque étape et les exercices sont nombreux pour commencer à goûter l’eau. On trouve enfin de nombreuses pistes bibliographiques, pour prolonger la réflexion. Sans pratiquer, cependant, il est difficile d’en dire davantage et de se forger un avis véritable.

Une chose est sûre, lorsque j’étais dans une école lyonnaise, j’aurais bien aimé qu’on me laisse expérimenter les méthodes agiles pour mener à bien notre projet. Le meilleur que je souhaite aux prochaines promotions, avant la trentième, allez, serait qu’on les laisse se confronter au DT.

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