Bibliothéconomie & Cie. - Dir. publ. et réd. en chef Cécile Arènes. - Paris : [s. n.], 2006 - ... .

Auteur/autrice : Cécile Arènes (Page 21 of 42)

Oral de conservateur d’état, externe

Dans la série Concours qui a lieu sur ce blog depuis juillet, voici le compte-rendu de Monavalotte, qui vient de réussir conservateur :-)

Ayant passé « pour voir »[1] les écrits du concours de conservateur d’État des bibliothèques en avril dernier, il s’est trouvé que finalement le sujet de dissertation m’avait plutôt inspirée[2], et que la note de synthèse[3] avait assez bien marché. Je me suis donc retrouvée admissible le 18 juin, passablement stressée car bien évidemment je n’avais pas ouvert un cahier depuis les écrits, et ne savais même pas précisément en quoi consistaient les épreuves.

Ce billet a pour but non pas de décrire comment je me suis préparée, en un temps très court, aux épreuves orales de ce concours, mais de donner un aperçu du contenu de ces exercices, dans la mesure où les annales et rapports de jury sont assez rares et peu prolixes[4], du fait de la relative nouveauté de la réforme[5].

J’utilise comme trame de ce billet la trace écrite « à chaud » au sortir des épreuves, qui m’avait été demandée par les collègues qui m’ont aidée à préparer les oraux et à gérer mon stress, ce dont je les remercie vivement. C’est ce compte-rendu que Liberlibri a eu entre les mains et qu’elle m’a proposé de publier ici.

J’étais convoquée sur deux jours à la maison des examens à Arcueil, lieu où s’étaient déroulés les écrits, et plutôt en fin de journée à chaque fois (avec des retards et donc de l’attente à gérer). J’ai passé la culture générale en fin d’après midi le premier jour, puis l’épreuve de langue en fin de matinée le lendemain et enfin la motivation professionnelle le soir.


1) EPREUVE DE CULTURE GENERALE

a) Petit rappel des textes qui définissent l’épreuve :

« Conversation avec le jury sur une question de culture générale débutant par le commentaire d’un texte tiré au sort au début de l’épreuve et portant sur le programme – (préparation : 30 min., durée de l’épreuve : 30 min., dont commentaire : 10 minutes maximum, entretien avec le jury : 20 minutes minimum ; coef.5″

b) Mon expérience de l’exercice :

  • Le sujet :

J’ai tiré un texte de 1840 du Dr RL Villermé , « Tableau des conditions de vie des ouvriers des manufactures de coton, laine, soie »[6]. Le texte traitait des mutations économiques liées à la mécanisation de l’industrie au XIXème siècle et e ses conséquences.

  • Le jury :

Il était composé de 4 personnes, une femme et trois hommes, en majorité des conservateurs affectés dans de gros SCD dans toute la France, et une personne en poste au ministère.

  • Questions posées par le jury (dans cet ordre là d’après mes souvenirs) :

– Pensez vous que la situation économique décrite ici et dont vous avez dit en conclusion qu’elle portait en germe l’économie capitaliste appelée à se généraliser a beaucoup évolué ? Dans quelles mesures? Comment décririez-vous l’économie aujourd’hui ? Est-il bon de réguler l’économie, les prix ? etc.

– La littérature, la peinture ont abondamment traité de la mécanisation, pouvez-vous nous dire comment cela a été traité en musique ?

– Parlez-nous du prix unique du livre. Qu’en pensez-vous ? Est-ce une bonne chose ? Quel(s) autre(s) produit(s) bénéficient également d’un prix fixe ? Que pouvez-vous nous dire des interactions / impacts possibles entre Internet et le prix unique du livre ?

– Vous avez parlé de rapports et de projets impulsés par le ministère à propos des questions liées à Internet et au téléchargement, citez-nous certains de ces rapports, pouvez-vous développer ?

– Parlez nous du surréalisme.

– Si je vous dit « provocation », comment l’analysez vous par rapport au surréalisme ?

– Et Marcel Duchamp ?

– Aragon a débuté par une période surréaliste, comment a-t-il évolué ensuite ? Citez-nous des titres de romans de cet auteur.

– Pouvez-vous nous parler de la mondialisation ?

– Quelles instances de régulation à plus grande échelle peuvent chapeauter l’économie ?

– Qu’est ce que l’espace de Schengen ?

– Balzac et Marx ont eux aussi parlé, commenté, vécu à l’époque à laquelle se rapporte le texte, que pouvez-vous nous dire de ces deux personnages ? Présentez-les nous.

– Où se localisait en France l’industrie textile à cette époque ? Y en avait-il à Paris ? Pourquoi le texte est-il daté et suivi de la mention « Paris » ?

– Qu’est ce que le Conseil d’État ? Quel est son rôle ? Concrètement dans le cadre de ce concours, en quoi peut-il vous être utile ?

– Si l’on décidait de supprimer le statut des fonctionnaires, quelles conséquences cela aurait-il selon vous ? De quand date le statut des fonctionnaires ? Dans la mesure où il date de 1946 (plus précisément de 1944 mais refondu en 1946 pour des raisons idéologiques), comment expliquez-vous que l’on ait pu s’en passer si longtemps ?

– En quoi peut consister la modernisation de l’État ? Donnez-nous des exemples concrets.

– Si je vous dit « familistère », qu’est ce que cela vous évoque ? Vous parlez des utopies socialistes du 19e siècle, est ce que cela est resté seulement une utopie ? A qui pensez vous en répondant par la négative, quelles réalisations pouvez-vous citer et à quelle époque ?

2) EPREUVE DE LANGUE

a) Petit rappel des textes qui définissent l’épreuve :

« L’épreuve se déroule en deux parties.

La première partie[7] consiste en la traduction écrite en français d’un texte en langue vivante étrangère (allemand, anglais, arabe moderne, chinois, espagnol, italien, japonais, portugais, russe) ou d’un texte en langue ancienne (latin ou grec), au choix du candidat exprimé lors de l’inscription au concours. L’usage d’un dictionnaire bilingue est autorisé pour les langues anciennes ; l’utilisation d’un dictionnaire unilingue est autorisé pour les langues modernes ; chaque candidat ne peut être muni que d’un seul dictionnaire. Cette première partie se déroule par anticipation à l’occasion des épreuves écrites d’admissibilité, mais les points sont pris en compte pour l’admission dans le cadre de la présente épreuve de langue. Elle a une durée de 2 heures.

La deuxième partie[8] consiste en la traduction orale en français d’un texte court en langue vivante étrangère (allemand, anglais, espagnol, italien, portugais), au choix du candidat exprimé lors de l’inscription au concours, suivie d’un entretien avec le jury dans la langue choisie. Cette langue doit être différente de celle qui a été choisie pour la première partie de l’épreuve. L’utilisation d’un dictionnaire unilingue est autorisé pour la préparation ; chaque candidat ne peut être muni que d’un seul dictionnaire. Cette deuxième partie a une durée de 30 minutes, dont traduction : 10 minutes maximum, conversation avec le jury : 20 minutes minimum ; la durée de la préparation est de 30 minutes.

L’épreuve est affectée du coefficient 2, chaque partie étant notée de 0 à 10. »

b) Mon expérience de l’exercice :

Pour ma part, j’avais choisi de passer l’espagnol à l’oral.

  • Le sujet :

J’ai tiré un texte présentant le plan « lecture »[9] du ministère de l’éducation nationale argentin, signé Margarita Eggers Lan, la coordinatrice nationale du plan.

  • Le jury :

Il se composait de deux femmes, une enseignante et un conservateur des bibliothèques.

  • L’ épreuve :

Avant tout il m’a été demandé de lire un assez long[10] passage du texte.

Puis, il m’a fallu traduire le passage à préparer (pas de vocabulaire très difficile mais un extrait assez long Paragraphes 6, 7, 8 par rapport au temps de préparation dont on dispose, et une ou deux tournures plus délicates à traduire)

À l’issue de ce premier exercice, j’ai eu à répondre à une première série de questions visant à reprendre / améliorer la traduction.

On m’a ensuite demandé de réagir librement par rapport au texte, puis des questions que l’on peut regrouper en ensembles thématiques m’ont été posées pour élargir la discussion.

L’entretien a d’abord porté sur le texte, ce que j’en pensais (autour d’une mesure particulière du plan, présentée dans le texte, à savoir l’intérêt de rendre la lecture à haute voix par les enseignants obligatoire à l’école tous les jours, dans le but de réduire les inégalités culturelles, sachant que c’est le parti-pris du gouvernement argentin et que des auteurs et pédagogues étaient cités, dont Daniel Pennac)Comme un roman .

Des questions m’ont également été posées sur l’enseignement de la littérature à l’école, sur le fait que lire participe aussi de l’apprentissage de la langue.

J’ai ensuite dû parler de mon expérience, si j’en avais une, de l’enseignement, notamment en école primaire. Cela a abouti à des échanges autour du rôle des bibliothèques (j’avais parlé de mon intervention dans les classes en vue de préparer la venue d’un auteur jeunesse, en tant que bénévole dans une petite BM dépendant de la BDP), sur les réactions et impacts suscités par cette intervention en classe, sur mon expérience de bénévole, sur l’articulation de la BM avec le bibliobus, sur le maillage des bibliothèques dans les petites communes rurales et sur la nécessité / ou pas que chaque commune ait sa bibliothèque.

Enfin, nous avons parlé du rôle de la numérisation, des bibliothèques virtuelles, de leurs avantages / inconvénients en milieu rural, de l’intérêt que peut présenter ce support pour les enfants et adolescents (attractif / dangereux etc.), des autres médias / supports qui se développent parallèlement aux livres et des conséquences que cela a dans l’apprentissage de la lecture et du fait d’être lecteur (etc.)…

3) EPREUVE DE MOTIVATION PROFESSIONNELLE

a) Petit rappel des textes qui définissent l’épreuve :

« Entretien avec le jury sur la motivation professionnelle débutant par le commentaire d’un texte tiré au sort au début de l’épreuve et relatif à une situation professionnelle, hors contexte des bibliothèques (préparation : 30 min., durée de l’épreuve : 30 min. dont commentaire : 10 minutes maximum, entretien avec le jury : 20 minutes minimum ; coef. 4) »

b) Mon expérience de l’exercice :

  • Le sujet :

J’ai été interrogée sur un texte tiré de Travail et changement n°319, de mai-juin 2008, traitant de la mise en place du SAS (système d’adaptation spécifique) au sein de la municipalité d’Angers, en vue de répondre au problème des agents ne pouvant effectuer le même travail sur toute la durée de leur carrière, notamment dans le milieu de l’action sociale.

  • Le jury :

Le jury comportait 4 personnes, une femme et trois hommes dont un du ministère de la culture, les autres étant conservateurs dans des SCD de grandes villes françaises. Pour cette épreuve, les jurés étaient moins directifs et laissaient plus de « cartes à jouer » au candidat, (par rapport à l’épreuve de culture générale). À lui d’en profiter et de se mettre en valeur…. Le directeur du jury était le vice-président du concours.

Petit détail pratique : j’ai changé de jury à la dernière minute car malgré un signalement effectué le matin même par le juré en question, les appariteurs s’étaient trompés et devaient me faire passer dans le jury où officiait quelqu’un avec qui je suis ammenée à travailler actuellement pour la bibliothèque. Il ne faut donc pas hésiter à signaler ce genre de petits soucis aux appariteurs avant d’entrer dans la salle lorsque l’on prend connaissance des noms des jurés sur la porte avant d’entrer (quand on en a le temps).

  • L’épreuve :

Les premières questions ont porté autour du texte et des parallèles / transpositions que l’on peut établir avec les bibliothèques :

– Peut-on avoir ce type de problème en bibliothèque ? Que peut-on alors envisager ? Et si les magasiniers que vous prenez en exemple ont trop de soucis de santé pour suivre ces préconisations, que peut-on faire ?

Ensuite l’entretien a tourné autour de mon expérience professionnelle, de ma scolarité,, de mes motivations dans leurs moindres détails, avec des questions du type :

– Parlez nous de votre parcours professionnel : où êtes vous en poste ? Qu’avez vous fait avant ? De quoi êtes vous chargée actuellement ?

– Série de questions autour de cette problématique et de ce que cela changerait si j’étais conservateur, questions sur mon expérience en général et mon expérience d’encadrement en particulier à la Sorbonne, sur mon sentiment d’être prête ou non à l’assumer etc.

– Comment en êtes vous venue à vouloir faire ce métier ?

– Pourquoi passez-vous ce concours ? Pourquoi la filière État ? Avez-vous passé le concours en territoriale ? Pourquoi ? – Quel serait votre profil de poste idéal? En avez-vous une idée folle ou irréalisable mais très précise dans l’hypothèse où tout est possible, ou plus vague ? Pourquoi ?

– Quel est votre parcours scolaire ? Pourquoi avez-vous suivi cette voie ? (et pour chaque étape : Où? Quel établissement ? En quelle année ? : le jury fouille vraiment le parcours scolaire et professionnel dans ses moindres détails, même pour les externes)

– Avez-vous passé des concours ? Pourquoi ? Pourquoi vous êtes-vous intéressée aux bibliothèques alors que vous n’étiez qu’en licence ? Pourquoi ne pas avoir continué en master ?

– Quelle question me poseriez-vous si j’étais à votre place et vous dans le jury ? Une question très précise ? Répondez à cette question que vous auriez-vous même posée.

Enfin j’ai eu à réagir face à un cas pratique : vous êtes juste nommée dans une toute petite BUFR, en poste depuis le matin même, on vous a donné en cadeau de bienvenue la permanence de 19h le soir, vous êtes avec un BAS et un magasinier. L’alarme incendie se déclenche à 18h30, que faites-vous ? (exposé suivi d’une série de questions à partir de ma réponse)

À l’issue de l’entretien, il restait peu de temps, j’ai eu droit à une dernière question : il vous reste 45 secondes, convainquez-nous que vous devez être reçue à ce concours dans ce temps donné.

4) Quelques remarques plus globales sur le déroulement des épreuves :

D’une façon générale, sur le plan matériel et de l’organisation (ça compte aussi, y compris dans la préparation, pour savoir à quoi s’attendre, bien que chaque session ait ses caractéristiques et lieux propres) :

Globalement les appariteurs étaient très prévenants et attentionnés (par rapport à d’autres expériences, pour BAS notamment)

Par contre, j’ai attendu entre 1h et 2h15 avant chaque épreuve, et je suis toujours passée dernière devant les jurys en toute fin de journée ou avant la pause déjeuner. Donc beaucoup de temps morts à gérer et pas vraiment de choix des textes dans le tirage au sort. De là à penser que les jurés ont fait en sorte de n’entendre qu’un seul candidat par texte… ?

Les locaux étaient plus agréables que pour les écrits, pas trop chauds, assez de toilettes et fontaines d’eau fraîche à disposition. En revanche, il n’y avait qu’une seule salle d’attente un peu trop petite à certaines heures. L’accès aux bâtiments était réglementé par le badge des appariteurs, qui venaient chercher les candidats toutes les heures seulement (problème d’abri pour la pause déjeuner par exemple, étant donné la configuration d’Arcueil. Ceci dit, c’était pareil à l’écrit sauf qu’il faisait nettement moins bon dehors et qu’il y avait bien trop de monde pour la petite cafétéria du site, il suffisait donc d’être prévoyant….).


[1] C’est-à-dire sans suivre aucune préparation, que ce soit Médiadix ou le CNED, ni en travaillant spécifiquement les épreuves, mais simplement en lisant assez régulièrement la presse professionnelle et en faisant un peu de veille sur le net

[2] Composition de culture générale sur un sujet élaboré à partir des questions du programme permettant d’apprécier l’aptitude du candidat à analyser une question donnée et à exposer de façon claire et ordonnée une problématique – 5h ; coef. 3. Le sujet était : « Réalités et réalisme dans l’art du XXème siècle »

[3] Note de synthèse établie à partir d’un dossier comportant des documents en langue française – 4h ; coef. 3. Sujet sur l’enseignement des sciences et notamment l’intérêt de l’épistémologie

[4] Des exemples de textes donnés aux candidats ne sont jamais proposés dans leur intégralité notamment

[5] Arrêté du 5 octobre 2007 fixant les modalités d’organisation du concours externe et interne de recrutement des conservateurs stagiaires, élèves de l’ENSSIB. Il s’agissait seulement de la deuxième édition de ce concours dans sa nouvelle version.

[6] Texte téléchargeable sur http://classiques.uqac.ca/classiques/villerme_louis_rene/villerme_louis_rene.html. Aller au chapitre 10 de la deuxième partie, « Influence des machines modernes et de l’organisation actuelle de l’industrie sur le sort des ouvriers ». Il s’agit des3 premiers paragraphes.

[7] Qui se déroule en fait en même temps que les écrits

[8] Celle qui nous intéresse ici

[9] Pour en savoir plus sur le plan « Lectura » du Ministère de l’éducation Argentin, http://planlectura.educ.ar/acerca_de/

Le texte que j’ai eu à commenter est accessible à l’adresse http://www.oei.es/metas2021/expertos08.htm

[10] Du début du texte jusqu’au début du passage à traduire.

Oral de bibliothécaire d’état, externe

Le blog s’enrichit de nouvelles contributions et j’en suis ravie. Vous pourrez lire dans les mois à venir un billet de Monavalotte, qui vient de réussir conservateur d’état en externe. Ci-dessous un billet d’Anjali, bibliothécaire d’état, concours réussi en externe également. Merci à elles pour ces compte-rendus :-)
Afin de poursuivre le travail de Liber libri autour des concours de bibliothèque, je voudrais livrer moi-même le compte-rendu des oraux de bibliothécaire d’Etat, concours que j’ai obtenu en externe au mois de mai dernier.
Comme j’ai pu bénéficier d’une séance d’oraux blancs avant les véritables épreuves, j’évoquerai ces coups d’essai en parallèle et complément à la description du « vrai» concours.
Mes souvenirs s’étant cependant estompés plus vite que je n’aurais cru, je ne peux plus communiquer tous les détails de mes prestations et des questions, commentaires du jury. Toutefois, la nature des textes, les axes que j’ai développés et les impressions générales que j’ai eues à l’issue des épreuves sont encore assez frais dans ma mémoire.
I. Le commentaire de texte
Rappelons tout d’abord les consignes officielles de cette épreuve :
« Conversation avec le jury permettant d’apprécier les motivations du candidat et débutant par le commentaire d’un texte, tiré au sort au début de l’épreuve, portant sur les grands thèmes de l’actualité (intellectuelle, culturelle, économique et sociale), les relations des bibliothèques avec leur environnement, les principes généraux de l’organisation administrative de l’Etat et des collectivités territoriales (préparation : trente minutes ; durée de l’épreuve : trente minutes, dont commentaire : environ dix minutes et conversation : environ vingt minutes ; coefficient 4).»
1. L’oral blanc
  • Quelques mots sur le texte
Pour ma part, j’ai eu à commenter un article extrait du Monde 2 de 2009, reproduction d’un article datant en fait de 1969 à l’issue du mandat d’André Malraux au Ministère des Affaires culturelles. Le texte n’était donc en aucun cas contemporain.
L’article lui-même était divisé formellement en deux parties égales : d’une part les liens entre culture et Etat en France selon une perspective diachronique depuis l’Ancien Régime, d’autre part l’action de Malraux dans les années 1960, ses nouveautés et ses manques.
Les textes à destination des candidats externes comme internes étaient mêlés, ce qui n’a pas laissé de m’étonner.
Voici quelques autres articles analysés par mes camarades d’infortune ce jour-là : textes issus de la presse professionnelle, article des Echos évoquant la réforme de la fonction publique, analyse du darwinisme, envolée littéraire et lyrique sur le concept de bibliothèque.
  • Le commentaire
Introduction : classique, présentation du texte, de Malraux, de la problématique soulevée par le journaliste (à savoir les rapports entre culture et pouvoir politique en France)
Première partie : les liens entre la culture et l’Etat, et les changements induits par le ministère de Malraux.
J’ai en fait repris en les analysant, les critiquant et les complétant des éléments de l’article.
Deuxième partie : évolution de la situation depuis la date de l’article (1969).
J’ai par exemple traité du ministère de Lang, de la décentralisation, des actions du ministère de la culture par rapport aux bibliothèques en particulier, du rôle des collectivités territoriales. J’ai beaucoup orienté cette partie sur les bibliothèques territoriales car il était avant tout question du ministère de la culture.
Conclusion : je me rappelle seulement mon élargissement de la question en posant la question d’une culture nécessairement liée ou au contraire affranchie du pouvoir politique.
  • La conversation
Le jury a repris quelques points de détail pour me faire préciser des dates, des sigles.
Les questions ont d’abord porté sur des éléments étroitement liés à mon commentaire ou au texte : l’action culturelle des BM, les acteurs publics et privés qui peuvent y participer (entreprises, associations etc), les acteurs de l’Etat dans le domaine culturel (Drac, CNL etc), les responsabilités des collectivités territoriales en matière de culture depuis 2004, les bibliothèques de comité d’entreprise…
D’autres questions se sont centrées sur mon parcours professionnel (je travaille en BU) : la loi LRU, définition, ce qu’elle change pour les universités, les BU.
Le jury m’a également demandé de me présenter brièvement à ce moment de l’entretien : j’ai donc évoqué mon parcours universitaire, mes expériences professionnelles en bibliothèque, mes missions actuelles en achevant par les raisons qui m’ont incitée à passer ce concours (évoluer dans le métier, avoir des missions scientifiques plus prégnantes, encadrement d’équipe).
2. L’oral du jour J
  • Quelques mots sur le texte
D’après ce que j’ai pu apercevoir le matin de l’épreuve, les textes étaient de nouveau mêlés pour candidats internes et externes mais divisés en thèmes généraux (malheureusement, je ne me rappelle plus les intitulés).
J’ai eu à étudier un article extrait d’un BBF récent, et issu plus précisément d’une analyse concernant la coopération entre bibliothèques publiques et universitaires.
Mon texte traitait de la Suède (il s’agit de l’encadré grisé en fin de page http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2009-02-0018-003). Je n’avais bien sûr pas accès à l’ensemble de l’article. L’extrait montrait l’existence d’un réseau fort dans ce pays entre les différentes types de structures tant au niveau des actions menées que des tutelles administratives, du budget.
Ce texte devait être mis en résonance avec la situation française et permettait de parler de tous types de bibliothèques.
  • Le commentaire
Première partie : les réseaux et coopérations existant en France
Pourquoi cette coopération est nécessaire : missions complémentaires de toutes les bibliothèques (formation continue), maillage du territoire plus efficace, mutualisation des ressources et mise en valeur…
J’ai évoqué notamment la BNF et ses pôles associés (auxquels participent des structures territoriales), les BU (SCD, Cadist, PRES), outils collectifs comme les catalogues, les initiatives locales mêlant toutes bibliothèques comme le catalogue Revodoc en Val-d’Oise.
En parallèle, j’ai repris des éléments du texte concernant les établissements suédois.
Deuxième partie : lacunes de cette coopération, ce qui reste à accomplir
2 fonctions publiques encore très différentes (administration, tutelle, budget). Rappel de leur scission dans les années 70.D’où des difficultés « humaines» parfois à faire travailler ensemble des fonctionnaires issus de ces deux ministères.
Pas de réseau national pour les bibliothèques publiques.
  • La conversation
Le jury n’a pas réellement repris mon commentaire mais a simplement demandé quelques précisions : développer le sigle Cadist, citer des exemples dans plusieurs disciplines ; parler du CCFR ; les différents modes de recherche (moteur type Google, index etc) ; développer le sigle PRES, évoquer leur création, leurs missions.
Les autres questions professionnelles échappent à ma mémoire mais se fondaient sur les problématiques soulevées par le texte.
Mise en situation professionnelle : comment mener un projet de construction ou de rénovation d’établissement (interlocuteurs, outils comme l’étude de faisabilité). Les autres questions de cette partie de l’entretien (mon intérêt pour le métier, pourquoi ce concours…) étaient similaires à l’oral blanc.
Impressions/ Conseils
Les textes portent moins sur la culture générale telle qu’on peut en rencontrer dans les concours de conservateur, mais davantage sur la culture professionnelle au sens large.
De plus, la tendance depuis quelques sessions, semble de mêler sujets pour internes et externes et de favoriser chez le candidat la connaissance du métier et de son environnement culturel, institutionnel etc.
Ainsi, il est recommandé d’être très au fait des questions touchant à la profession par le biais de la presse spécialisée. Il faut connaître parfaitement les institutions liées à l’Enseignement supérieur mais aussi à la Culture, tous les types de bibliothèques (universitaires, territoriales, d’entreprises, associatives).
D’une manière générale, il faut suivre également les questions touchant à la culture, à l’enseignement, à la fonction publique dans la presse généraliste.
Les réformes dans ces domaines doivent être connues de façon très précise (date des lois, contenus par exemple) ainsi que les tendances actuelles et les innovations du métier (nouveaux outils comme le Web 2.0, nouveaux usages etc). Pour ce dernier point, il est très utile de consulter régulièrement les sites, blogs spécialisés.
Cette épreuve nécessite enfin une approche très concrète du métier : valoriser toutes ses expériences professionnelles face au jury. Celui-ci n’hésite pas à placer le candidat dans des situations professionnelles. Il faut donc également bien connaître les missions dévolues à un bibliothécaire d’Etat.
Pour ceux qui l’ont passé, ce concours m’a fait penser à l’oral d’assistant qualifié en version plus précise et plus exigeante.

II. L’épreuve de langue (anglais pour moi)
Comme précédemment voici le texte officiel définissant l’épreuve :
« Epreuve orale de langue comportant la traduction sans dictionnaire d’un texte rédigé en langue vivante étrangère (allemand, anglais, arabe, espagnol, italien, portugais ou russe, au choix du candidat exprimé au moment de l’inscription), suivie d’un échange dans la même langue avec le jury à partir de questions posées par celui-ci portant sur ledit texte (préparation : trente minutes ; durée de l’épreuve : trente minutes, dont traduction, environ dix minutes, et conversation, environ vingt minutes ; coefficient 1).»
1. L’oral blanc
  • Les conseils des formateurs
Malgré les directives officielles, le déroulement de l’épreuve a suscité de nombreuses interrogations chez les candidats : la traduction porte-t-elle sur tout le texte ? Faut-il le lire ? Y a-t-il un commentaire à élaborer d’emblée ?
Ainsi, nous avons reçu des conseils assez efficaces :
-durant la préparation, traduire le texte mais pas in extenso, seulement en notant les passages plus ardus. Mais profiter du temps libéré pour élaborer des pistes de commentaire en notant des mots clés (l’entretien se faisant exclusivement dans la langue choisie).
-attendre les ordres du jury. Celui-ci peut demander une lecture ou non, une traduction plus ou moins longue, poser des questions ou réclamer un petit commentaire.
  • L’épreuve
Mon texte était un article américain du Time magazine évoquant, à travers le chien du Président Obama, l’intérêt politique des animaux aux Etats-Unis.
Le jury m’a demandé de lire un bref passage et de le traduire.
La traduction a été reprise immédiatement, j’ai dû préciser des points de grammaire ou de lexique. J’ai été guidée pour trouver la traduction de phrases dont le sens m’échappait.
Enfin, des questions de civilisation ont suivi à partir du texte : qui est tel homme politique cité ? Telle association ?
Enfin j’ai dû donner mon opinion sur le texte, élaborer un petit commentaire autour de la problématique principale (en résumé, l’utilisation des animaux pour asseoir une image politique, publique) en comparant à la situation française.
2. L’oral du jour J
Le texte était bien plus bibliothéconomique, extrait d’un article anglais. Il analysait, à travers l’interview de divers professionnels issus de plusieurs structures (bibliothèques municipales, d’institut, de prison, d’université…), du décalage entre la/les réalités du métier et l’image que les gens en ont. Il va sans dire que l’article jouait sur les clichés inhérents à la profession et mettait en lumière la diversité et la richesse des missions dévolues aux bibliothécaires.
Le jury m’a proposé de lire une partie du texte, de la traduire. Là encore, la reprise a été faite tout de suite après ma prestation et de façon assez détaillée.
Les questions ont ensuite tourné autour du texte et de ses problématiques : les clichés liés aux bibliothèques, la thèse de l’auteur, la formation professionnelle en Angleterre par rapport à la France, les différences selon les structures, ma propre opinion à partir de différentes citations du texte qui ont mené le jury à m’interroger sur ma vision du métier.
Impressions/ Conseils
En anglais, les textes sont des articles issus de la presse souvent généraliste britannique ou américaine.
Il est donc utile d’en connaître les principaux titres et les orientations politiques et idéologiques des différents journaux.
Il faut également se renseigner sur les problématiques liées à la culture, les bibliothèques, l’enseignement dans le monde anglo-saxon, notamment Angleterre et Etats-Unis mais aussi en suivre l’actualité en général.
Par Anjali84
La préparation pour cette épreuve doit se faire sur le long cours : lire des articles de presse, trouver des occasions d’entendre de l’anglais (radios comme BBC, chaînes TV, films en VO) et si possible de le parler.
Enfin, on peut reprendre des manuels du secondaire et apprendre quelques liste de vocabulaire de base sur certains thèmes (les médias, la politique…) et surtout les outils permettant l’analyse d’un texte et l’expression des idées (termes de liaison, modalisateurs).
A propos du jury
Pour l’épreuve de commentaire, il se compose de trois professionnels des bibliothèques.
En ce qui concerne l’épreuve de langue, deux personnes font partie du jury : un professionnel des bibliothèques et un professeur de langue.

Changer, une crainte nécessaire

Lisant l’excellent blog de Nieves Gonzalez, Liderazgo en biblioteca, je suis tombée en arrêt devant ces quelques mots, que je vous traduis piètrement.

Creo que uno de los grandes problemas que tenemos en el entorno de la gestión de bibliotecas es lo que nos cuesta cambiar. Cuantas veces hemos oido la contestación a un nuevo proyecto: Si las cosas funcionan, (o al menos eso es lo que creemos), ¿para que cambiar? Al final, cambiamos, por supuesto que lo hacemos, pero probablemente cuando ya nos hemos cerciorado de que no hay más remedio, que otros líderes ya lo están haciendo y que vamos a llamar la atención pero precisamente por quedarnos atrás.

Je crois que l’un des grands problèmes que nous avons dans le milieu de la gestion des bibliothèques est ce qu’il nous coûte de changer. Combien de fois avons-nous entendu contester un nouveau projet : si les choses fonctionnent (ou si c’est au moins ce que nous croyons), pourquoi changer? Finalement, nous changeons, évidemment que nous le faisons, mais probablement quand nous nous sommes déjà assurés qu’il n’y a pas d’autre solution, que d’autres chefs sont déjà en train de le faire et que nous allons attirer l’attention, précisément en restant à la traîne.

Cette réflexion lui est venu en visionnant ces slides excellentissimes, excellents tant par leur forme que leur fond !

Creative Thinking: Your EdgeFenêtre externe

View more presentations from .

Les hybrides, en vrai !

Voici une page de publicité concernant les activités des hybrides lors du congrès de l’ABF :-)

Juste un petit billet pour annoncer que le groupe bibliothèques hybrides de l’ABF sera sur le stand de l’ABF au Congrès annuel qui se tiendra à Paris du 11 au 14 Juin (stand A2).

Au programme : démonstrations, explications et rencontres avec les membres du groupe qui seront sur le stand. Nous nous chargerons également de faire des comptes rendus d’ateliers et de conférences sur le blog du Congrès, notamment par la diffusion des supports des intervenants. Nous alimenterons également un Twitter que vous pouvez suivre ici et retrouver dans la colonne de droite du blog du Congrès.

A l’heure où l’on s’interroge que les outils de partage en information documentation, nous aurons le plaisir de faire des démonstration du futur Bibliolab pour les congressistes qui passeront sur le stand. Pour les autres, le lancement officiel est prévu en Septembre prochain, probablement à l’occasion du Bookcamp. Histoire de vous mettre l’eau à la bouche voici ce dont il s’agit :

Issu d’une idée de Xavier Galaup, le Bibliolab est une plateforme animée par le groupe Bibliothèques Hybrides et qui constituera une partie du nouveau portail ABF. Il est consacré au numérique, aux TIC et s’articule autour de 3 objectifs :

  • Informer : grâce à des articles sur différentes thématiques
  • Former : grâce à la mise à disposition de tutoriels sur les applications proposées sur le Bibliolab mais aussi sur d’autres services
  • Expérimenter : grâce aux applications proposées sur le Bibliolab :
    • Se créer et utiliser un blog
    • Se créer et utiliser un agrégateur

Le Bibliolab mettra aussi en avant différentes ressources liées au groupe Bibliothèques Hybrides et à ses membres telles que :

Alors rendez-vous au congrès ou sur son , bande de bibliothécaires !

Mettre ou ne pas mettre son blog sur son CV ?

Cette question, posée hier soir sur Twitter, a déclenché un débat digne de Biblio-fr, toutes proportions twittesques gardées ;-)
En effet, le blog ayant pris de plus en plus d’importance dans ma vie professionnelle, il me paraissait légitime de m’interroger.
Petite synthèse de mes élucubrations et de celles de mes collègues blogueurs.

Ne pas mentionner ledit blog :
– depuis le salon du livre, je n’ai pas eu trop de temps à consacrer au blog, pour cause de révisions. Les derniers billets s’en ressentent,
– le blog a un caractère parfois trop personnel et trop littéraire,
– peut-il constituer un critère éliminatoire lors d’un entretien, la blogosphère suscitant parfois de vives réactions ?

Ajouter le blog sur le CV :
– Liber, libri est lié à mon activité nocturne de veille,
– c’est grâce au blog que j’ai intégré le groupe Bibliothèques hybrides de l’ABF,
– c’est parce que certains de mes billets avaient été lus que j’ai eu la chance d’écrire dans Bibliothèque(s),
– il témoigne de mon utilisation des outils du web 2.0,
– l’inscrire sur le CV permet d’amorcer la discussion, si son existence pose un quelconque problème,
– sa ligne éditoriale a toujours été claire, j’y parle de la profession, jamais de mon poste ni de mon établissement.

Après réflexion, je l’ai ajouté. J’ai un temps pensé ne mentionner que mon appartenance au groupe Bibliothèques hybrides, me disant que mon statut de blogueuse était sous-entendu, 80 % des membres de ce groupe étant blogueurs. Finalement, j’ai décidé de ne pas cacher l’existence de Liber, libri, d’autant qu’elle aurait été découverte un jour ou l’autre. Mettre quelqu’un devant le fait accompli m’aurait paru malvenu.

Le blog est donc sur mon CV, même si, j’avoue, j’en tremble un peu.

Je suis BAS :-)

Relation de cause à effet, je publierai dans le courant du mois une série de billets sur les concours de catégorie B : quelques précisions sur le concours ITRF de technicien et sans doute plusieurs notes sur BAS, tant que ma pauvre mémoire est encore fraîche…

Autre conséquence de mon admission, je quitterai en septembre la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, où je travaille depuis un an et demi. Hier soir, incapable de me concentrer sur mes réclamations, j’avais proposé à une collègue de la remplacer en service public, pour être un minimum utile. De mon perchoir, j’ai commencé à laisser vagabonder mon regard dans la salle ovale, rarement aussi belle, à cause du grand soleil qui réchauffe Paris depuis deux jours. J’ai regardé les petites lampes vertes, les tables et les lutrins, bref toutes ces choses que je ne verrai bientôt plus. J’ai observé « mes» lecteurs, dont certains sont là du lundi au samedi, depuis l’ouverture à jusqu’à l’annonce de la fermeture. J’ai repensé aussi à la salle Labrouste, où mon service était installé à mon arrivée, à sa lumière de cathédrale, à ses bruits inquiétants le soir quand on s’y trouvait seul. Je me suis rappelée m’être perdue dans les sous-sols labyrinthiques de Richelieu, ce qui m’a d’ailleurs valu d’avoir un sauveur attitré. J’ai senti monter une vague de nostalgie…

Et puis l’inquiétude, avec qui vais-je désormais partager les blotins ??

Mais ne nous laissons pas submerger par la mélancolie. Un nouveau poste à la rentrée, ça me fera sans doute des choses passionnantes à bloguer :-) Même si d’aucuns seront surpris, je suis ravie à l’idée de refaire du catalogage, si ! si ! C’est sans doute ce qui me manquait le plus dans mon poste actuel.

En attendant, dans les jours qui viennent, je vais essayer de me concentrer sur les travaux en cours du groupe Bibliothèques hybrides, duquel je m’étais mise entre parenthèses, pour cause de révisions. N’oubliez, rendez-vous au congrès sur le stand de l’ABF :-)

Et pendant ce temps-là, on catalogue…

Lettre de Henri-Jean Martin au ministre de l’Instruction publique, suite à son affectation au catalogage des livres de l’Enfer…

“Henri-Jean Martin, bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, à M. le ministre de l’Instruction publique.

J’ai l’honneur de vous rendre compte que depuis deux ans l’essentiel de mon activité professionnelle consiste à cataloguer les livres de caractère érotique et pornographique des séries Enfer et Flagellation. Je me permets de vous rappeler : 1° que le catalogue Auteurs de la Bibliothèque nationale, commencé en 1896, n’en est actuellement qu’à la lettre T ; 2° que le catalogue des ouvrages anonymes n’est pas encore entamé ; 3° que le catalogue des incunables, commencé par une voie privée vers 1880, a été interrompu en 1914 à l’article “Gregorius Magnus” et n’a jamais été repris.

J’ai l’honneur de vous demander s’il est de votre politique de faire passer en priorité les ouvrages de caractère érotique et pornographique des séries Enfer et Flagellation de la Bibliothèque nationale.”

Piqué dans le très sérieux Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 2007.

Comme quoi tout est une question de priorités ;-)

L’archivage du web : de la mémoire immédiate au patrimoine mondial ?

Conférence de Gildas Illien, BnF, à la bibliothèque Buffon, Paris.

A l’heure actuelle, la représentation que l’on se fait du web n’est pas patrimoniale : pourtant, il est urgent de démontrer que le web appartient au patrimoine et d’expliquer la notion de cet héritage qui se transporte vers un autre support.
Internet est un média qui permet de nouvelles formes d’expression que l’on se doit archiver. Il est essentiel de conserver ce matériau pour assurer la continuité du patrimoine et de la mémoire. L’archivage du net a débuté en 2006.
Internet présente la spécificité de combiner communication et information, créant des “zones grises”, ce qui va conduire à de nouvelles interprétations de l’espace public.

L’histoire du dépôt légal est à la fois marquée par des grandes inventions (1537 : DL livres, 1925 : DL photos, 1975 : vidéogrammes, 1992 : documents audiovisuels…) et par des faits de société (collectes de tracts pendant les élections). Le dépôt légal ne juge pas mais il a la prétention de l’exhaustivité.
En France, le DL est lié au territoire : on collecte ce qui est produit en France. En Suisse, il concerne tout ce qui a trait à la Suisse [update : sur le cas de la Suisse, voir les précisions dans le commentaire de Sous la poussière, ci-dessous]. D’autres pays collectent ce qui paraît dans leur langue.

Cadre juridique du DL du web : le titre IV de la loi DADVSI étend le DL au web puisque “sont également soumis au dépôt légal les signes, signaux, écrits, images, sons ou messages de toute nature faisant l’objet d’une communication au public par voie électronique.” Désormais dans le code du patrimoine.
Avec le web, c’est la bibliothèque qui s’occupe de la collecte. La seule obligation pour l’éditeur est de “fournir les codes et les informations techniques susceptibles de favoriser l’archivage de leur site en cas de difficulté”.

Dépôt légal : avec l’imprimé, on avait les moyens de tout conserver. On ne les a plus avec Internet : responsabilité intellectuelle dans les choix de collectes.
Le DL monographies représentait plus de 70.000 titres en 2008. Les sites en “nomdedomaine.fr” sont environ un million et ils ne représenteraient que le tiers des sites français. Un site français est défini par son extension .fr, ou par le fait que le responsable d’édition a son siège en France, ou parce que son contenu a été produit en France.

Du point de vue d’un robot, la notion de document n’existe pas, le robot ne voit qu’une continuité d’adressage.
2 approches pour la collecte :
– une approche inspirée des Scandinaves avec des collectes très larges : le résultat est un instantané assez superficiel,
– une approche inspirée des Anglais avec un choix de sites d’excellence et validés : le résultat est trop limité.
La BnF réalise des collectes des deux types.
A l’heure actuelle : 136 teraoctets de fichiers, 12 milliards de fichiers.
La collecte se fait par d’une URL, puis par liens à partir de cette URL (graines ou seeds).
Le logiciel utilisé est un logiciel libre, Heritrix.

Le service du DL du web se compose de 7 ETP et d’un réseau de 80 correspondants qui veillent sur des sujets ciblés. Parmi les 7 ETP, des chargés de collections numériques (affectueusement nommés “mutants” puisqu’ils sont capables de parler aux robots et aux humains) et des ingénieurs. L’informatique et la bibliothéconomie sont de plus en plus souvent amenés à se rencontrer.
Le travail du “mutant” est de veiller à ce que le robot ne tombe pas dans des pièges : les calendriers génèrent des liens jusqu’en 2050 par exemple.
Le format utilisé est le format (W)ARC (actuellement ARC, bientôt WARC), qui est cours de normalisation à l’ISO. L’archivage est daté.
Les serveurs qui conservent les collections du web pour le libre accès sont appelés les petaboxes (les stars, dont j’espère bien que vous pourrez voir des photos si la présentation est mise en ligne, je surveille. A propos, j’avoue que j’ajoute Petabox à ma liste de noms pour l’hypothétique poisson rouge/combattant/japonais qui rejoindra peut-être un jour mon bureau ;-)).
Les données seront conservées dans l’entrepôt numérique de la BnF, SPAR, en OAIS.

A l’heure actuelle, la recherche dans les archives peut se faire par URL et par dates de capture. Pas encore d’indexation plein texte, mais on peut toujours espérer qu’un jour nous aurons un équivalent libre de Google.

Consortium IIPC : collecte de l’Internet sur 3 continents (Europe, Asie, Amérique du Nord, Océanie) : souvent archives et bibliothèques nationales.
Lobbying pour qu’il y ait une loi sur le DL du web dans chaque pays.

Exemples de parcours dans ces archives :
– les élections présidentielles (ce site-là est par exemple archivé),
S’écrire en ligne

Services à créer : un listing des sites archivés pour faciliter la recherche. La consultation ne se fait que sur les sites de Tolbiac et Richelieu : dans la mesure où la collecte concerne aussi des données payantes, la consultation ne peut pas être libre.

Les juristes sont intéressés par ce type de ce service qui leur permet de savoir à quel moment une information a été modifiée (grâce à la date d’archivage).

Une conférence passionnante, vraiment :-)

Voir aussi la page de la BnF sur le DL du web

La clé sous la porte

A la suite de cette lecture, j’ai décidé de passer le test des 10 bonnes raisons de fermer son blog…

  1. Je manque de temps
    Maintenant que je travaille, mon temps de veille se réduit comme une peau de chagrin. Or bloguer, c’est avant tout veiller.
  2. Je n’ai plus d’inspiration
    De moins en moins, j’aime rédiger des notes de lecture mais elles n’apportent rien, bibliothéconomiquement parlant. Côté bibliothèques, depuis qu’Actualitté existe, je n’ai plus grand chose à signaler, ils voient tout avant moi ;-)
  3. Je n’ai pas de trafic naturel
    Heu… Je sais pas, j’aime bien le bio, moi ;-)
  4. Ma communauté est sur Facebook
    Non, sur twitter ! Et j’y passe beaucoup (trop) de temps, autant de moments enlevés au blog.
  5. Plus efficace en tant que Microblogueur
    Avec Tumblr, friendfeed, etc, est-ce la rédaction de longs billets se justifie encore ?
  6. Je ne supporte pas les commentaires négatifs.
    Jamais eu ! A se demander d’ailleurs si ce n’est pas louche.
  7. Je ne gagne pas assez d’argent
    ……………
  8. Je n’écris rien d’intéressant et ne parle que de moi sur mon blog.
    Quand j’ai vu que mon billet fantasque sur mon chat avait fait exploser mes stats, j’ai plongé dans une grande perplexité.
    Mon travail consiste à bulletiner/réclamer et saisir des notices d’acquisition, et depuis peu à recoter de temps en temps : je n’ai rien à dire de ce côté-là.
    Et puis, j’ai beau avoir écrit un ou deux articles par ci, par là, je me sens toujours aussi illégitime. Si un jour ça pouvait me passer…
  9. Mon blog n’apporte pas de valeur ajoutée…
    …à l’heure actuelle, plus aucune, surtout depuis la déferlante DCB15 sur la BBS, tous plus excellents les uns que les autres :-)
  10. Je ne fais que recopier le contenu que je trouve sur d’autres blogs
    J’essaie d’éviter mais c’est difficile, on en perdrait le sommeil. Pour Pearltrees, par exemple, je le découvre un soir, je teste mais il était vraiment trop tard pour rédiger le billet. Je pars dormir six petites heures et le lendemain matin, quelqu’un avait déjà blogué.

Owned ! J’en ai 10 !

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