Nouveaux amis

Comme tout un chacun, je me suis essayée aux réseaux sociaux que je ne peux m’empêcher de rapprocher du fonctionnement des sociétés tribales. En effet, la tribu ne connaît pas la sphère privée. Les agissements de chacun des membres sont connus tout ceux qui la constituent. En Nouvelle-Calédonie, les Kanak n’avaient pas de fiche individuelle d’état civil car l’individu n’existe pas en tant que tel dans le droit coutumier. C’est dire si l’intimité n’a pas lieu d’être ! Les réseaux sociaux me semblent réactiver ce mode de fonctionnement. Ils propulsent la personne dans un espace commun. La tribu (Myspace, Facebook) est de surcroît divisée en clans, qui ont chacun une fonction particulière (bibliothécaires francophones, etc.). Bref, pour moi, le réseau, c’est la mentalité tribu : échange, partage, communauté. Sauf que… ces tribus du 3e millénaire sont passées à la moulinette de l’individualisme. En effet, le réseau est structuré autour de l’espace personnel. Alors communautés ou juxtapositions de Moi ? N’étant pas sociologue (ouf ;-)), je laisse la question en suspens…

Après quelques essais sur Windows live (possibilité intéressante de mettre ses fils RSS sur son profil, présentation aérée), que j’ai rapidement abandonné pour cause de faible fréquentation, j’ai créé un Myspace.

La notion d’amitié sur Myspace me dépasse. J’ai une seule vraie amie que je connais dans la vraie vie. Tout le reste est constitué de gens qui viennent faire de la promotion de leur nouvel album. S’y trouvent aussi quelques musiciens à qui j’ai dû demander d’être leur amie pour pouvoir poster un commentaire. Je ne vous livrerai pas ici ces lignes idolâtres, n’y pensez même pas ! Bref, ma liste d’amis grossit sans que je ne fasse presque rien. Là où le musicien peut gagner en visibilité, découvrir de nouveaux interlocuteurs par le jeu des amitiés, la simple midinette que je suis n’y trouve pas son compte.
Je me suis aussi fendue de visites sur les Myspace de bibliothèques : bizarre de voir ses vénérables institutions déguisées en djeuns ! Ce n’est qu’une idée qui m’a traversée l’esprit mais les établissements n’y gagneraient-ils pas en créant, non plus le Myspace de l’institution, mais celui d’une vraie personne qui y travaille ? Ca veut dire, m’a-t-on rétorqué, que l’établissement aura le visage d’une seule personne. Fâcheux ! Je persiste, pourquoi ne pas créer un espace par responsable de section ? Je reste persuadée que la popularité s’en trouverait grandie. Quoi de mieux, en effet, que de trouver dans les locaux la personne avec qui vous avez communiqué….

Finalement, après activation-suicide-réactivation, j’ai fini par réaliser un facebook convenable. J’ai surmonté pas mal d’obstacles pour cela : la barrière de l’anglais tout d’abord, mes inquiétudes quant aux questions de confidentialité et surtout ma réticence à mettre mon vrai nom. Après avoir tergiversé et m’être interrogée sur ce que je voulais faire de mon identité numérique, j’ai un profil sous mon nom propre, une première dans ma vie d’internaute. L’ennui, c’est qu’aucun des biblioblogueurs ne me reconnaît, du coup !
Bien que je trouve la présentation de facebook assez statique et tassée, c’est toute guillerette que je m’en vais à la chasse aux applications. J’ai rejoint groupe et cause bibliothéconomiques. Je fais même du jardinage ! Je suis surprise de constater, par contre, que tout cela reste assez statique du point de vue professionnel. On joue beaucoup, mais les espaces de discussion sont presque vides et les murs ne sont que peu gribouillés.

Ainsi, j’ai dépensé énormément de temps sur les réseaux ces dernières semaines, je m’y suis souvent divertie mais, d’un point de vue professionnel, je n’y ai toujours pas trouvé mon compte. Il me reste encore la possibilité de créer un profil pour liberlibri sur facebook…

Apostille : vu l’heure tardive à laquelle j’ai publié ce billet, j’ai omis de faire un lien vers ce remarquable billet de Des bibliothèques 2.0.

3 Commentaires

  1. Bel article (surtout le premier paragraphe) ! Et en plus tu as écrit tout ça en discutant sur MSN.
    Personnellement je reste bloqué par les questions de confidentialité et d’exploitation de mes données mais peut être que si ça bouge un peu plus sur le plan professionnel ça me poussera à m’y investir plus.

  2. Etant donné le déficit chronique des bibliothèques françaises en matière de communication, je dirais que toute initiative est bonne à prendre pour le moment. Mais les municipalités (surtout la mienne) sont parfois d’un frileux, c’est à peine croyable.

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