Biennale du numérique #1

Quelques notes de la Biennale du numérique, qui s’est tenue à Lyon les 17 et 18 octobre. Etant malade, j’ai peu pris de notes sur place et j’ai essayé de reconstituer ce que j’avais entendu à partir d’un tweetdoc réalisé en quittant la Biennale. Tous mes remerciements vont donc aux personnes qui ont twitté ces journées, sans lesquelles j’aurais été bien en peine de faire un compte-rendu détaillé pour mes collègues. Voici quelques-unes des interventions de la première journée, j’essaierai de publier un billet consacré aux ateliers très prochainement.
Comme à l’accoutumée, les commentaires vous sont ouverts si vous relevez une erreur dans mes notes ou une mauvaise interprétation de ce qui a été dit. J’étais enchifrenée, le risque est d’autant plus grand.
Une dernière précision, j’ai malheureusement manqué le discours d’ouverture, pour cause de retard de train.
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Claire Béslile, « Du papier à l’écran : lire se transforme »
Que devient la lecture avec le numérique ? Il est pour l’instant difficile de mesurer la lecture sur écran. La lecture numérique est inséparable de son outillage technologique, d’où l’importance des interfaces de consultation. La question se pose de savoir qui sera demain le garant des nouvelles interfaces de lecture.
Ce qui ne change pas avec le numérique : lire n’est pas naturel, c’est une activité instrumentée nécessitant un apprentissage. Il ne faudrait pas comparer papier au numérique, mais surtout la façon dont la lecture est modifiée par le Web.
Le regard historique est capital pour comprendre l’évolution induite par le numérique. La lecture va évoluer, elle va devenir extrêmement morcelée mais elle perdurera sous une autre forme car le web apporte une nouvelle expérience du temps. Les mises à jour constantes, autorisées par l’internet, permettent par exemple de donner des signes de vie.
Un autre changement est observé avec le numérique : il s’agit de la question de l’attention, qu’il est pourtant difficile de définir et de quantifier… La pratique de l’internet fait évoluer les capacités d’attention et les processus cognitifs, notamment par un besoin constant d’interactions.
Pour Claire Beslile, on sait gérer la surcharge informationnelle dans le monde réel, on saura également gérer cette surcharge dans le numérique.
Il existe une dimension non négligeable de plaisir dans l’activité de lecture : à ce sujet, voir les travaux de Kringelbach.
Ghislaine Chartron, « Valeurs ajoutées des médiateurs ? »
La technologie (dispositifs mobiles, logiciels libres, cloud computing…) influence les comportements des usagers. Le cloud computing, par exemple, a un impact profond sur les pratiques et sur la diffusion des informations.
Les métadonnées, qui sont à l’origine de beaucoup de services, constituent un enjeu déterminant, une force pour les bibliothèques ?
La non-rivalité et la non-exclusion sont une des propriétés fondamentales du numérique, pourtant on observe la fermeture des formats et des applications. On observe aussi de nouveaux comportements et de nouveaux usages caractérisés par une porosité professionnel/privé. Dans ce contexte mouvant, la question de l’accompagnement au changement est cruciale.
En tant que médiateur, il s’agit de garantir la qualité, la pertinence, la diversité et l’accessibilité des contenus au plus grand nombre. La bibliothèque d’aujourd’hui est aussi un espace physique d’accès au numérique.
Redisons-le, les professionnels de l’information font partie des métiers de l’Internet ! De fait, il est nécessaire aujourd’hui d’avoir des compétences frontières.
A voir le portail desmétiers de l’internet, où apparaissent les métiers de l’info-doc 
G. Chartron déplorait le fait que les gens lisent de moins en moins, notamment des romans. Elle a fait remarquer qu’on le constatait dans le métro, où de plus en plus de gens avaient troqué le livre contre les écouteurs. Sur ce point, Isabelle Aveline lui a rétorqué qu’on n’avait jamais autant lu, autant écrit qu’aujourd’hui. Par contre, selon elle, le roman est maintenant sur facebook. On lit de plus en plus, concluait Isabelle Aveline, ce sont les marqueurs qui sont dépassés.
G. Chartron a également signalé un problème d’attention chez les étudiants, qui rencontrent de plus en plus de mal à se concentrer pendant un cours de trois heures, ce qui pose question pour le médiateur.
Joumana Boustany, « L’accès et la réutilisation des données publiques : état des lieux et des pratiques en France »
Aux Etats-Unis, une licence unique est mise en place depuis une dizaine d’années pour l’accès aux données publiques mais on observe malheureusement un recul aujourd’hui à cause de la crise : il n’y a plus de budget à allouer à ces projets.
En France, l’open data figure dans la loi depuis longtemps et il existe une directive européenne à ce sujet. Malheureusement, il n’y a pas de licence unique, les différentes licences existantes sont même en concurrence entre elles et certaines institutions sont un peu en compétition. Parmi les agences et les organismes qui gèrent ces licences, on peut citer l’APIE, agence du patrimoine immatériel de l’Etat et Data Publica.
La CADA, commission d’accès aux documents administratifs n’a malheureusement qu’un rôle consultatif, ce qui amoindrit considérablement son rôle. Il faut noter qu’une ordonnance du 6 juin 2005 exige que les administrations de plus de 10000 habitants nomment un responsable des données publiques. Toutefois, en juin 2011, une étude européenne pointait les difficultés françaises à avancer sur l’ouverture des données. 
Quelques exemples de sites utilisant des données publiques : Un train de retard ; Kelquartier.com ; un site de signalement de problèmes non urgents (voierie, etc.).
Dans le milieu des bibliothèques, on peut évidemment citer la liste des ouvrages (notice + localisation) disponibles dans les bibliothèques parisiennes.