Documentaires de Nouvelle-Calédonie

Documentaires adultes

L’Agence de Développement de la Culture Kanak, l’ADCK, et les éditions Grain de sable s’emploient à faire découvrir le patrimoine calédonien. Ils font paraître, conjointement ou séparément, des ouvrages qui entendent faire connaître la culture calédonienne. L’ouvrage Les Sentiers de la coutume est un exemple des publications de l’ADCK pour promouvoir le monde kanak. Cet organisme publie également des pièces de théâtre. Le Centre de Documentation Pédagogique de Nouvelle-Calédonie, le CDP, fait quant à lui paraître régulièrement des documents sur le droit, l’économie ou les langues vernaculaires qui sont inscrites dans les parcours scolaires depuis les accords de Nouméa. La récente maison d’édition, Expressions, publie dans le domaine des sciences humaines, tout comme les éditions Ile de lumière. La Société d’Etudes Historiques de Nouvelle-Calédonie, la SEH-Nouvelle-Calédonie, se consacre à tout ce qui concerne l’histoire et l’Institut de Recherche et de Développement, l’IRD, produit des ouvrages dans le domaine des sciences. Depuis quelques années, les éditions Planète Mémo ont lancé une collection encyclopédique, « Découvertes calédoniennes », avec, entre autres, des ouvrages consacrés à la case et au lagon. Cette même maison a fait paraître les beaux livres des Chroniques du pays kanak (4 tomes) ainsi que le Mémorial calédonien.

Documentaires de jeunesse

En ce qui concerne la jeunesse, quelques maisons commencent à se spécialiser. Le critique littéraire du journal calédonien Les Infos le remarquait au moment du Salon International du Livre Océanien, « la littérature jeunesse est en plein essor sur le caillou1 »2. Autre témoin de cette vitalité, la revue Citrouille qui a consacré un dossier à la littérature de jeunesse calédonienne3. Les éditions Aloès et Pétroglyphes se sont destinées à la jeunesse et les éditions Grain de sable ont créé Grain de sable Jeunesse.

L’impulsion est venue de l’Agence de la Culture Kanak qui a très tôt senti la nécessité de documents destinés au jeune public. Liliane Tauru, de la médiathèque Centre Culturel Tjibaou, explique : « La littérature de jeunesse était quasi absente du circuit du livre calédonien, et cela malgré la jeunesse de la population. […] Les années 2000 ont marqué les débuts d’une volonté éditoriale en faveur de [cette] littérature »4. L’ADCK a commencé par dispenser des formations, en partenariat avec l’Association Lire en Calédonie. Le choix d’éditer des albums a été retenu parce qu’ils sont lus par les adultes aux enfants, ce qui permet de toucher ces deux publics. C’est de cette volonté que naîtra l’album Téâ Kanaké ; il répond bien à la conception du livre de jeunesse, telle qu’elle se conçoit depuis Fénelon, à savoir qu’il faut instruire en divertissant. Denis Pourawa, l’auteur, est également poète. C’est à la suite de sa collaboration avec le Centre Culturel Tjibaou qu’il a couché sur le papier ce mythe fondateur, écrit en français et en langue vernaculaire. En s’adressant aux enfants comme aux adultes « par l’imaginaire », il tente de les amener à s’ouvrir au monde mélanésien. Par la suite, d’autres albums ont été publiés. Réséda Ponga, l’auteur de Mèyènô, a également suivi les ateliers d’écriture au Centre Culturel Tjibaou avant de créer ses propres contes. Pour elle, le conte offre la « possibilité de faire passer un savoir »5 et de promouvoir la culture kanak, notamment la tradition orale transmise par ses aïeux. Donner à lire et à écouter des contes revêt une grande importance puisque, selon Jean Perrot, « la construction de l’enfance s’effectue à travers le jeu même de la parole »6.

Pour Liliane Tauru, le travail accompli a permis « une prise de paroles de Calédoniens qui ont longtemps été les sujets, pour ne pas dire les objets, des écrits des autres et qui, depuis les années 1970-80 notamment s’expriment eux-mêmes, se définissent eux-mêmes ».

L’association Lire en Calédonie conduit elle aussi des projets de cet ordre. Le projet du livre CD Toutoute7 a découlé d’une prise de conscience : collecter, dans toutes les langues présentes en Nouvelle-Calédonie, les comptines et les chansons destinées aux tout petits. Des animations ont été réalisées avec les mamans tandis qu’une musicienne assurait la formation nécessaire à la réalisation de ce document. Le livre-CD a été distribué gratuitement à toutes les jeunes mamans et se trouve dans les bibliothèques calédoniennes. Une exposition itinérante sur ce projet circule dans les établissements de lecture publique et sera présente au Salon International du Livre Océanien. L’association envisage maintenant de mettre en place des formations à destination des bibliothécaires de section jeunesse.

Ainsi, les documentaires en Nouvelle-Calédonie sont de plus en plus nombreux à rendre compte du riche patrimoine culturel calédonien et la variété des collections témoigne d’une production éditoriale en expansion.

1 Surnom donné à la Nouvelle-Calédonie.

2 In « SILO 2005 : Poindimié en premières lignes », Les Infos, n° 162, 11 novembre 2005.

3 Voir le dossier : « Nouvelle-Calédonie : de la Bible au livre jeunesse », Citrouille, n°41, juin 2005.

4 In « L’album est une passerelle », Citrouille, op. cit., p.9-10. .

5 In, « Flammes d’écriture », Citrouille, op. cit., p. 20

6 In Jean PERROT. Jeux et enjeux du livre d’enfance et de jeunesse. Paris : éditions du Cercle de la Librairie, 1999, p. 19.

7 Une « toutoute » est un gros coquillage dont on se sert pour appeler, en soufflant dedans.

8 Paris : Robert Laffont, 1978.