Sous mon presse-papier en avril et mai

Retard de février !

Ca m’intéresse, n° 300 : rubrique « Comment ça marche… » sur la numérisation des livres. Une page avec photos à l’appui qui explique le fonctionnement de ces « robots qui tournent automatiquement les pages afin qu’une caméra électronique puisse les photographier à un rythme soutenu : 3000 pages à l’heure ».

Avril

Esprit : un texte de Paul Ricœur, « L’aventure technique et son horizon planétaire » et ces mots :
Notre civilisation est la première dont on peut dire avec Eric Weil (1) qu’ « elle se comprend et s’organise en vue d’une lutte progressive avec la nature extérieure ». Que cette lutte soit autre chose qu’un moyen de subsister, mais qu’elle devienne une manière d’exister – que la société moderne se comprenne selon cette tâche primordiale, que la technique lui soit essentielle, et non accessoire, secondaire, accidentelle, voilà le fait nouveau, voilà le changement de l’homme dont il faut essayer de comprendre la portée.

(1) Eric Weil, Philosophie politique, Paris, Vrin, 1956, p. 61.

Mai

Le Monde diplomatique, dans un dossier « Intellectuels médiatiques et penseurs de l’ombre » a enquêté sur l’édition en sciences sociales. En ressort ce titre assassin, « Le règne des livres sans qualité » (sauf L’Harmattan, disent-ils, ce qui fait bondir Pierre Assouline).

Esprit : un dossier consacré au numérique 😉
Présenté comme une « nouvelle dynamique utopique », le net est analysé par plusieurs contributeurs. Ce sont notamment les interactions entre Teknê et Polis qui y sont étudiées. Le dossier débute avec un article sur le courrier électronique où l’auteure remarque, à juste titre, que tout mail « qui ne trouve pas immédiatement réponse disparaît et est enterré » car « la vitesse de réaction se place au premier plan » de cette forme de correspondance. On peut également lire une réflexion sur les enjeux de la numérisation face aux DRM avant d’aborder une analyse sur « l’architecture de l’internet ». Cette dernière est en effet primordiale dans la mesure où elle s’organise autour de treize « serveurs racines » dont dix se trouvent aux Etats-Unis. L’aménagement du web revêt une dimension politique qui dépasse les simples enjeux techniques. Suivent ensuite des articles sur le contrôle d’accès et sur les communautés en ligne.
La dernière contribution, dont mon côté littéraire me fait dire qu’elle répond au schéma de la bonne « dissert » : elle n’apporte pas forcément de réponses mais elle pose les bonnes questions ! « Internet, la main invisible de la délibération », d’Azi Lev-On et de Bernard Manin me paraît très intéressante. Elle soulève le problème des débats d’idées sur le net. Les internautes ont en effet tendance à naviguer sur des sites conformes à leurs idées, sites où se trouvent des liens qui les renvoient vers d’autres pages de même teneur. De même pour les forums où se retrouvent souvent des personnes de même sensibilité (1). L’inquiétude des auteurs réside dans le fait que les internautes se trouvent certes confrontés à des opinions diverses mais qui émanent de personnes de même tendance. Or la délibération se nourrit d’opinions opposées, ce qui n’est pas souvent le cas sur le net. La crainte des auteurs est donc d’assister à une balkanisation du net, où nombre de groupes d’internautes devisent entre eux en cercle fermé et finissent par se radicaliser. Toutefois, l’article envisage aussi les nombreuses découvertes inattendues du net (surtout chez les utilisateurs les moins chevronnés), qui donnent véritablement lieu à des confrontations de points de vue, de même que l’abolition des clivages socio-culturels par le truchement de l’écran, qui peut permettre de rapprocher les individus. Les auteurs achèvent cet article par des « conclusions provisoires », considérant qu’à ce stade, rien ne permet de trancher en faveur de l’une ou l’autre de ces deux schémas.

(1) Bigre ! Sont-ils déjà venus sur Biblio-fr ?! Mais la virulence des débats sur la liste n’entre pas nécessairement en contradiction avec le propos de l’article dans la mesure où les auteurs considèrent que les « lieux » les plus propices à la délibération sont les médias de masse et le lieu de travail. Et Bibio-fr est bien un espace de travail.