Bibliothéconomie & Cie. - Dir. publ. et réd. en chef Cécile Arènes. - Paris : [s. n.], 2006 - ... .

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Bibliofiction

Petite rêverie…

Cet après-midi, je suis allée au salon culturel. J’adore cet espace un peu désuet qui a ouvert ses portes au début de l’année. J’y vais de plus en plus souvent pour lire, regarder un film, papoter ou même faire une sieste. Dans notre monde électronique, où chacun passe de plus en plus de temps devant son écran, le salon culturel est un lieu de rencontres précieux.

Le salon culturel se compose de plusieurs espaces. On pénètre d’abord dans un vaste vestibule où on peut voir les nouveautés du mois. Les bandes-annonce concernant les documents sont projetées sur des écrans mais l’originalité du salon est de continuer à proposer des livres papier, des disques vinyle.

Du vestibule, on peut accéder à la salle de travail, qui rappelle les salles des bibliothèques de mon enfance. S’y trouvent de nombreuses ressources en ligne et quelques manuels papier pour les amoureux de la cellulose. Beaucoup d’étudiants y viennent. Bien qu’ils puissent accéder aux ressources en ligne n’importe où sur terre, ils aiment venir mettre en commun leurs expériences et échanger. Ils profitent en plus des conseils méthodologiques du personnel, qui se tient à leur disposition.

Pour ma part, mes études sont terminées depuis longtemps et je pénètre au salon proprement dit. Larges sofas, fauteuils confortables sont disposés dans cette pièce tapissée par les rayonnages de livres. Une exposition y est actuellement présentée, il s’agit de sculptures océaniennes. Mon regard se perd entre les statues puis je me dirige vers une borne de renseignements. La statue qui m’a le plus captivée, « L’homme-lézard », a donné lieu à un roman éponyme, dans les années 1990. Je le cherche sur les étagères et je pars m’installer dans un fauteuil pourpre, après avoir commandé un thé au bar.

Après quelques chapitres, je m’aperçois que l’après-midi est déjà avancée. Je prends quand même le temps de regarder les signets sur l’expo et je découvre un site magnifique sur le Centre culturel Tjibaou, qui a longtemps accueilli ces collections. Je le mets aussitôt dans mes propres signets. Décidément, ce roman me captive et, plutôt que de le télécharger, il me prend envie de l’acheter. En reposant celui que j’ai lu sur la travée, j’en prends un autre, protégé par un film plastique et je le fourre dans mon sac.

Alors que je m’apprête à partir, je rencontre un ami et nous asseyons dans l’espace parleur, en référence à ces antiques salles fumeurs, pour deviser un peu. Il me parle de photos magnifiques d’un photographe girondin du XIXe siècle, Atget. Renseignement pris à la borne, il existe un livre (attention, poids supérieur à 700 g., précise la machine !) paru au XXe siècle. Nous le cherchons tous deux et je me décide à l’emprunter. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut avoir dans les doigts des merveilles du siècle dernier. Mon ami, lui, se décide pour un livre d’art sur Princeteau. Je me moque un peu de lui parce qu’il me semble que l’exposition virtuelle est moins lourde à transporter mais il me rétorque qu’il adore l’odeur des encres des livres d’art. Et puis ça ne l’empêche pas de la télécharger quand même, ajoute-t-il.

Un employé s’approche de nous, nous demandant si nous avons besoin de quelque chose. Nous lui répondons que non. Avisant le gros volume sur Princeteau, il nous explique que son oeuvre a été redécouverte grâce à la passion d’un conservateur du musée des Beaux-Arts de Libourne, au début du siècle. Il nous parle longuement de la passion pour les chevaux de ce peintre ami de Toulouse-Lautrec, avant de nous quitter en nous souhaitant une bonne lecture. Je crois que c’est cela qui a fait le succès du salon culturel, son personnel est capable de discourir des xml aussi bien que de la civilisation sumer ! Tous sont toujours très disponibles et leur conversation est un régal, qui renoue avec la pratique du salon du XVIIe siècle.

Une fois dans la rue, mon smartphone vibre. Il me signale simplement que mon emprunt a été enregistré et que le prix du roman est débité de mon compte.

Dis, comment tu veilles ?

Cela faisait longtemps que j’avais envie de réaliser une petite vidéo pour décrire mes activités de veille. C’est chose faite (vidéo créée le 25 juillet, puis envoyée sur twitter pour validation par les pairs ;-)) en sept minutes. J’aurais préféré me limiter à cinq minutes mais je suis une bavarde, voilà tout. L’image est de mauvaise qualité, désolée, je ferai mieux la prochaine fois. Ce que j’espère maintenant, c’est que d’autres blogueurs vont faire de même et nous expliquer quels outils ils utilisent. Mes outils de veille étant extrêmement basiques, les geeks peuvent passer leur chemin. Ce billet s’adresse plutôt aux néophytes.


Veille liberlibri from liberlibri on Vimeo.

Les outils cités, par ordre d’apparition à l’écran :
CamStudio pour réaliser des tutoriels comme celui-ci (via Bruit et chuchotements),
Netvibes, l’indispensable portail personnalisable,
Bibzen, le moteur de recherche de la biblioblogosphère francophone (créé par pk),
del.icio.us pour avoir ses signets toujours disponibles et l’application pour firefox del.icio.us bookmarks (via Nicomo il y a longtemps). On peut classer ses signets en leur attribuant des mots-clés, souvent appelés tags,
friendfeed, le fil de vos activités sur le net,
– les applications pour firefox, AdBlock Plus (via JF le Sec), Customize google (via Risu) et Zotero (via l’URFIST),
twitter et l’application twitterfox (via Bibliobsession, mais on peut aussi utiliser twhirl, via Willy),
– firefox portable pour promener son navigateur dans sa clé USB (via l’un de mes deux informaticiens préférés :-)).

Apparemment, Jing est un outil bien plus avancé pour réaliser des tutoriels vidéos mais je ne l’ai pas encore testé.

Plusieurs précisions, enfin, j’ai accès par le biais de ces outils à bon nombre de mes comptes depuis mon lieu de travail. Cependant, sachez que je n’ai que peu de temps pour les ouvrir dans la journée et que l’essentiel de ma veille a lieu le soir, jusqu’à des heures tardives. Si vous avez regardé mes twits dans le film, il y a une discussion sur le fait de se planquer ou pas (!), il s’agit juste de savoir quelle utilisation on veut faire d’un outil nommé seesmic.

Autres blogueurs, n’oubliez pas de nous présenter votre méthode de veille. Merci 🙂

Bréviaire « liberlibresque » pour la vie professionnelle

De mes années de vie dans le Pacifique, j’ai retenu deux choses que je souhaiterais pouvoir appliquer dans ma vie professionnelle.

En Mélanésie, l’individu n’existe pas. Tout se trouve organisé selon une structure communautaire et cette abstraction de soi donne lieu à un mode de vie différent du nôtre dont nous gagnerions, je le crois, à nous inspirer un peu dans le travail. Quoi de plus rageant, en effet, de s’entendre rétorquer dans un quelconque service public qu’on ne peut pas vous renseigner parce que la personne compétente ne se trouve point dans les locaux ? Amusez-vous à demander ce qu’il adviendra si ladite personne ne revient pas et vous mesurerez le désarroi de votre interlocuteur. Personnellement, je me répète fréquemment que je ne suis pas indispensable ; ce n’est pas une mise en retrait, simplement une manière de penser à un fonctionnement en équipe, d’aller contre un individualisme peu productif.

Ce qui ponctue également le rythme de vie océanien, ce sont les cyclones. D’eux aussi nous avons beaucoup à apprendre. Ils empêchent toute véritable projection dans la durée car leurs passages destructeurs mettent à plat ce que l’on a échafaudé pendant de longs mois. De là, finalement, dans le Pacifique, une moindre hostilité au changement. Dans la vie professionnelle non plus, nous ne sommes pas à l’abri de cyclones. Qu’importe, après leur passage, le soleil brille de nouveau ; tout est à refaire, certes, mais en mieux.

A ces deux principes que je fais miens, je voudrais évoquer également l’aspiration que j’ai à être un passeur. Cette notion a été superbement expliquée dans un billet des Petites cases, et remarquablement complétée par Manue en commentaire.

Transmettre, mettre à portée, veiller, être, en somme, une vigie. Voilà pour la théorie. Au quotidien, je rêverais d’avoir la tempérance que j’affecte sur ce blog…

Horaires d’été

Comme je ne serai pas derrière un écran aussi fréquemment qu’à l’accoutumée, vous me permettrez de modérer les commentaires pendant la période estivale. N’hésitez pas toutefois à poster, je validerai vos missives dès que possible. Si vous vous surpassez, je ferai même une rediffusion à la rentrée 😉

A partir du mois d’août et cela jusqu’à fin septembre, les billets seront en auto-publication, inutile donc de chercher à me contacter pendant cette période.

A moins que je succombe et que j’achète une clé 3G+… ce qui est présentement à l’étude ! Avoir sa clé 3G et bloguer ou ne pas avoir de clé et reprendre une vie normale, là est la question.

Spicilège du coeur de l’été

Avant de partir loin de toute machine dotée d’un clavier et un écran, une dernière fournée de petits liens :

  • « La bibliothèque à l’heure du web 2.0 » : une journée d’étude qui a eu lieu le 22 mai 2008. Nombreux slides intéressants. Et cette citation, pêchée dans la présentation de Véronique Delannay. Tout est dit :

La bibliothèque 2.0 n’est pas fondée uniquement sur des technologies innovantes , elle n’offre rien de radicalement novateur dans la démarche, mais elle permet d’améliorer, approfondir et diversifier les moyens à mettre en oeuvre pour remplir les missions de la bibliothèque et ainsi valoriser
celle-ci (et les compétences des bibliothécaires …).

  • le portail de l’université Carlos III de Madrid que je trouve vraiment très bien fait : présentation aérée, très simple et très clair. Le menu est divisé en trois catégories : sur la bibliothèque (les infos pratiques), trouver l’information (catalogues, etc.) et apprendre à utiliser la bibliothèque (nombreux tutoriels). Le must, sur la page d’accueil, un tutoriel de trois minutes qui donne les bases à l’usager en herbe. Se conclut par « Estamos aqui para ayudarte. » Qui dit mieux ?

Voilà, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter de bonnes vacances !

Another day in paradise

Cela fait une éternité blogosphérique (plus d’un mois) que Marlène m’a tagguée et que je n’ai pas répondu, honte à moi. A ma décharge le fait d’être gênée de parler de mon poste actuel, sachant que beaucoup ignorent encore ma qualité de blogueuse. Je vais donc vous parler de mes journées de magasinier lorsque j’étais magasinier contractuelle dans une belle cité traversée par la Garonne. J’avais été recrutée à la suite d’un stage dans cet établissement effectué pendant ma mémorable année d’IUT. J’ai d’abord travaillé dans une BUFR avant de rejoindre la BU. Malheureusement, je suis incapable de me rappeler précisément le déroulement d’une journée, voici donc un résumé de mes activités de l’époque.

Commençons donc par la BUFR dont je garde un excellent souvenir. Les matinées débutaient par un rituel immuable qui consistait à réveiller les livres en douceur. Tandis que j’allumais les néons, ils s’étiraient les pages pour se préparer à l’assaut qui n’allait pas tarder à avoir lieu. Je branchais les ordinateurs et les photocopieurs, tout en vérifiant que rien de particulier n’avait été oublié la veille, tout cela sous le regard du premier lecteur piaffant pour pouvoir accéder à sa session internet ! Ensuite, il fallait ouvrir le magasin attenant à la salle et allumer sans se tromper d’interrupteurs, ce qui, vu leur nombre, n’était pas une mince affaire. En longeant les compactus pour ce faire, je faisais mes salutations aux vétérans, que l’on appelle communément documents patrimoniaux.

Retour en salle de lecture où, bien souvent, les étudiants attendaient déjà devant le bureau pour des prêts/retours. Je suis toujours admirative de ces gens qui arrivent pour l’ouverture des bibliothèques, chose que je n’ai jamais réussi à faire de ma vie ! Commençait alors le ballet de la douchette, « Bonjour, … carte…. ? » BIP ! « C’est jusqu’au …. » TUUUUT ! Vous avez du retard…. Si ! Je vous assure ! BIP ! Pendant ce temps, la salle se remplissait et devenait bruyante, au grand désespoir de la bibliothécaire à chignon que je peux être 😉

Quand plus personne ne stationnait devant la banque de prêt, il fallait vite en profiter pour redresser les rayonnages dévastés, ramasser les blessés tombés derrière la ligne de front et les disposer bien droit pour la prochaine salve d’emprunts. J’exagère un tantinet mais la métaphore a filé sur le clavier sans que je m’en aperçoive.

De nombreux documents se trouvant dans le magasin, il n’était pas rare d’être obligé de faire l’aller-retour pour les communiquer. Outre le fait que votre rédactrice ait failli écraser un de ses collègues dans les compactus (c’est un risque du métier que l’on ne prend pas assez en compte à mon sens ;-)), elle appréciait grandement le fait d’aller fréquemment dans les collections. Cela lui permit d’avoir une bonne connaissance du fonds assez rapidement. Le catalogue, si bien fait soit-il, ne donne souvent qu’un aperçu, par le prisme d’une requête. Toutefois, cette perception panoramique du fonds n’est possible que dans un établissement au nombre de documents limités, cela va de soi.

Lorsque venait le moment de ranger un plein chariot, j’étais ravie de me soustraire à la salle pour aller dans les livres, passer un moment avec eux et butiner… J’adore toujours autant aller en magasin et j’y passerai bien des heures si je le pouvais, non pas pour lire mais parce que je suis toujours autant émerveillée que de petits codes alpha-numériques contribuent à créer une véritable architecture.

L’après-midi, la monitrice étudiante prenait le relais à la banque de prêt. Une fois le courrier passé, je m’occupais du bulletinage et de la mise des périodiques sur les présentoirs. Et puis venaient les sessions catalogage ou rétroconversion parce que j’ai eu la chance d’avoir une responsable qui a pris le temps de me former à WiniBW. « che aut », « che mti » n’avaient donc plus de secrets pour moi.

J’ai beaucoup aimé cette bibliothèque à taille humaine où les contacts avec les usagers étaient très privilégiés. Nous avions le temps de d’aller avec eux sur les postes public pour leur expliquer le maniement des catalogues et les méthodes de la recherche documentaire en général. Nous avions des questions aussi fraîches que « en magasin ?! Mais je dois l’acheter alors ! »

La soir, quand approchait l’heure de fermer, il fallait clamer d’un voix de stentor que l’on allait arrêter le prêt puis, une fois, enregistré tous les emprunts des retardataires, recommencer le ballet du matin, à l’envers. Eteindre les postes, les néons et la cafetière des collègues, puis fermer le magasin et dire aux vétérans que l’on reviendrait demain, en leur recommandant d’être bien sages.

Malheureusement, les bonnes choses ont une fin et j’ai par la suite rejoint la BU. Dans cet établissement aussi, je me suis trouvée très bien. Toutefois, sa taille et le nombre d’usagers qui le fréquentaient faisaient que l’on ne pouvait pas consacrer à chacun que peu de temps. A la BU, quand on se trouvait au prêt/retour, on effectuait véritablement du travail à la chaîne et garder le sourire à cette cadence était parfois difficile, surtout à la fin de la plage de service public. Quand on était « à la comm », la balade en magasin prenait des allures de marathon. Il fallait cavaler dans les étages de la tour, bien souvent descendre des rayonnages situés près des cimes des thèses obèses. J’ai acquis de ces périples une certitude : je suis trop petite pour ce métier ! Quand on revenait à la banque de prêt pour communiquer ces documents, un nombre tout aussi conséquent de demandes attendait déjà. On donnait la fournée précédente et on repartait aussitôt.

A cette période-là, j’ai également travaillé au service du PEB (prêt entre bibliothèques). Le PEB est un microcosme au sein de la bibliothèque. Quand d’aventure on arrivait le premier dans le bureau, le collègue qui vous rejoignait s’écriait : « tu as fait sel rec nou ? » Dans le langage de WiniBW (Wini pour les intimes, WiniB pour les moins affectueux), cela signifie que l’on a interrogé le SU-PEB (système universitaire de prêt entre bibliothèques) pour vérifier si d’autres bibliothèques ont demandé un prêt de nos documents, ce qui ne manque jamais. La journée commençait par l’édition puis l’impression des formulaires qu’il fallait séparer en deux tas (celui concernant les documents à expédier et celui avec les demandes de photocopies) après quoi, muni de ces liasses, les magasiniers se disséminaient dans la bibliothèque pour aller chercher les documents. D’aucuns s’attelaient aux photocopies tandis que d’autres revenaient porter les livres au bureau pour leur traitement. Il fallait enregistrer les prêts dans le SIGB, faire les réponses dans le SU-PEB pour prévenir la bibliothèque demandeuse que sa requête avait été satisfaite et faire ainsi en sorte que la demande ne soit pas envoyée à d’autres établissements. Puis venaient le moment de remplir les bordereaux d’expédition avant de déposer les documents sur une table où quelqu’un les mettrait par la suite en paquets. L’après-midi, après le passage du courrier, nous nous attelions à défaire les colis acheminant nos propres demandes. Là encore, il fallait compulser force fichiers pour retrouver les formulaires adéquats et prévenir les lecteurs que leurs documents se trouvaient à leur disposition. Toute la journée, d’ailleurs, en parallèle à ses activités, nous répondions aux questions des lecteurs, récupérions leurs fiches de demandes, les recevions quand ils venaient retirer et payer leurs documents. Toujours dans l’après-midi, nous refaisions régulièrement « sel rec nou » pour réceptionner les nouvelles demandes et tenter de les expédier avant le départ du courrier.

Le PEB est un service en flux tendu dans lequel, lorsque l’organisation est parfaitement rodée (et elle l’était), il est fort intéressant de travailler. On y accomplit certes des tâches très techniques, assez répétitives, mais on peut aussi être amené à effectuer des enquêtes passionnantes à la recherche de documents ne se trouvant que dans quelques établissements étrangers.

Pendant ces quelques mois, j’ai appris que les magasiniers souffrent du dos et sont sujets aux tendinites, j’ai été rappelée à l’ordre quand je soulevais trop de poids, j’ai appris à manier un chariot comme personne, suis devenue le lucky-luke de la photocopie et j’ai passé beaucoup de temps dans les rayons. Je regrette parfois ce temps où j’étais proche des lecteurs et des collections. Pourtant, aujourd’hui, mon nouveau poste m’apporte beaucoup d’autres choses mais c’est une autre histoire, dont je reparlerai peut-être un jour.

Vous noterez également, fins lecteurs que vous êtes, que mes journées étaient très 1.0, elles le sont encore aujourd’hui. Je parvenais à faire de la veille à la BUFR quand je n’étais pas astreinte au prêt mais cela m’était presque impossible à la BU, à mon grand désespoir. Comme quoi ce que l’on porte n’est pas forcément ce que l’on vit. Dernière précision, enfin, je vous parle d’un curieux temps où je connaissais pas twitter, les initiés me comprendront 😉

Et pour les inquiets : j’ai aussi bu du thé, mangé des en-cas et découvert l’existence de tasses isothermes !

Comme ceci est une chaîne, je me dois de refiler le bébé ! Les nommés sont :

Risu qui se trouve être en stage dans un endroit qui nous intrigue tous,

Nicomo qui a un travail tout nouveau dont j’aimerais savoir un peu plus,

Sophie quand elle sera rentrée de vacances !

Un aller-retour pour l’archipel de l’information


Publié dans Bibliothèque(s), n° 40, 2008
Qui n’a pas rêvé un jour de retrouver un livre perdu ? C’est le défi que se sont lancés des étudiants de l’ETH1, le Swiss Federal Institute of Technology de Zurich en créant la Smart RF Library. Cette bibliothèque d’un nouveau genre permet de visualiser dans un environnement virtuel les ouvrages d’une bibliothèque physique. Pour ce faire, les étudiants ont eu recours à la technologie RFID et à une modélisation en trois dimensions, via l’univers de Second Life. Le projet a également permis d’automatiser certaines tâches et de créer des alertes.
Second Life est un monde virtuel en trois dimensions, entièrement créé par ses utilisateurs. On ne peut pas considérer Second Life comme un jeu dans la mesure où il n’y a pas de compétition et qu’on ne gagne rien. Par contre, il est possible en tant qu’utilisateur de ce monde d’y acheter des terres pour construire des bâtiments et d’y exercer des activités. Une économie s’y est même développée et l’on utilise des Linden dollars comme monnaie. Les Linden dollars peuvent être convertis en dollars réels pour pouvoir acquérir de l’espace sur les serveurs de Second Life afin de réaliser des projets ou encore d’acquérir du contenu créé par d’autres utilisateurs. Ce qui constitue l’intérêt de cet univers est qu’il offre la possibilité de créer des liens avec le monde réel. Certaines entreprises s’en sont servies, par exemple, pour présenter leurs produits ou pour recruter du personnel.
L’ETH de Zurich possédait déjà une île dans ce monde virtuel et, dans le cadre du projet Smart RF Library, l’occasion était trop belle de l’utiliser pour résoudre les problèmes liés à leur bibliothèque. Sur Second Life, les bibliothèques ne manquent pas. Elles sont regroupées sur un « InfoArchipel », qui ne compte pas moins de 17 îles, dont 10 sont des bibliothèques2. Les efforts de l’équipe de recherche ont surtout porté sur le fait de connecter la bibliothèque réelle de leur institut avec le monde de Second Life.
L’équipe a essentiellement travaillé sur les frustrations que connaissent tous les usagers et le personnel des bibliothèques, à savoir les vols, les emprunts abusifs et les problèmes de rangement des livres. Leur travail illustre bien l’évolution que connaît l’informatique, qui englobe de plus en plus fréquemment les technologies sans fil. Aujourd’hui l’usager doit pouvoir accéder à des systèmes d’information disponibles de n’importe où, n’importe quand.
L’équipement de la bibliothèque physique
L’équipe du professeur Tatbul s’est donc servie de Second Life pour visualiser les informations transmises par les étiquettes RFID. Les livres et les cartes des usagers ont été munis de puces RFID. Le bâtiment a été équipé de trois lecteurs de puces. Après plusieurs essais, l’équipe de recherche est parvenue à saisir tous les mouvements de documents dans l’enceinte de la bibliothèque : un lecteur est placé à la sortie de façon à détecter les vols, le deuxième se situe sur un automate de prêt pour enregistrer les sorties. Le dernier est installé sur les rayons et contrôle les retours. Dès qu’un livre est remis en place, le retour est automatiquement enregistré. La technologie RFID est similaire à celle des codes-barres, les balises de l’une et de l’autre contiennent des informations qui peuvent être détectées par un lecteur. Cependant, la technologie RFID présentait de nombreux avantages dans le cadre de ce projet : les puces RFID, contrairement aux codes-barres, peuvent être lues à travers de nombreux matériaux, qui sont perméables à la fréquence radio, et elles peuvent être détectées à distance.
La visualisation en trois dimensions
La bibliothèque créée sur Second Life reproduit une bibliothèque type : on y trouve un bureau de renseignements, des rayonnages de livres et des portiques antivol. L’automate de prêt n’y figure pas puisque c’est le déplacement des ouvrages qui génère les prêts et les retours. Dans cette bibliothèque virtuelle, le personnel possède des avatars3 pour renseigner les usagers. Pour mettre au point son système, le groupe de recherche a observé le mode de circulation des documents de manière à en lister les particularités. La bibliothèque possédait des ouvrages de référence, consultables uniquement sur place. Par ailleurs, les usagers avaient tendance à emprunter plus de documents qu’ils n’y étaient autorisés sur un sujet donné. Enfin, des vols avaient parfois lieu. Ces pratiques courantes dans toute bibliothèque ont été transposées par les chercheurs dans la modélisation qu’ils ont créée sur Second Life. Ils ont cependant modifié le circuit des documents en ce qui concerne l’emprunt des documents. Dans la bibliothèque virtuelle, les documents en prêt viennent se ranger sur un mur de livres empruntés, de façon à être instantanément repérables, tandis que les livres présents et en consultation dans les bibliothèques sont disposés sur des rayonnages. Un système de visualisation et d’alertes sonores a été mis en place : il existe deux types d’alarmes, une première pour les vols, la seconde pour les emprunts inappropriés (trop de documents, sortie d’ouvrages de référence). Si deux infractions sont commises en même temps, l’alarme signalant les vols sera prioritaire sur la seconde. Ces alarmes sont représentées par le clignotement des portiques et du livre concerné qui réintègre son rayon en scintillant lui aussi. Par ailleurs, un code couleur a été adopté selon l’infraction commise. Cette modélisation présente l’avantage de donner une représentation réaliste de la collection de la bibliothèque. Malheureusement, il est difficile sur une interface comme Second Life d’obtenir une vue d’ensemble de la bibliothèque. En effet, sur Second Life, l’on ne voit qu’à travers le « regard » de l’avatar, ce qui limite parfois le champ de vision. En outre, l’équipe de recherche reconnaît que, si le projet devait être développé à grande échelle, le mur de livres empruntés deviendrait rapidement illisible. Enfin, la détection des livres mal rangés a dû finalement être abandonnée, faute de temps, mais le projet initial prévoyait un repérage des livres sur chaque travée4.
La connexion entre espaces physique et virtuel
Pour que les données issues du monde réel interagissent avec l’univers virtuel, les étudiants ont créé pour chaque objet des scripts dans le langage de programmation de Second Life. Ainsi, les serveurs de Second Life détectent les changements de position des objets à l’intérieur de la bibliothèque.
Le traitement des données est conçu selon une architecture à trois niveaux. Le premier niveau, le plus important, est celui de la récupération des données brutes, il constitue le socle du système. Les étiquettes RFID transmettent les informations relatives aux livres et aux usagers (via leurs cartes d’emprunteurs). Elles sont récupérées par les lecteurs, puis sont nettoyées et compressées. Leur transmission s’effectue de deux façons : soit elles sont transmises à une fréquence régulière, soit elles sont communiquées dès lors qu’une information nouvelle apparaît, un retour par exemple. Le croisement de ces deux types d’informations permet un traitement plus fiable des données.
Le deuxième niveau est celui de l’analyse des informations recueillies, qui consiste notamment à croiser les données relatives au document et à l’usager. De fait, les événements importants, comme les vols, sont détectés instantanément et déclenchent une réaction appropriée.
Le troisième et dernier niveau, celui de la visualisation, permet à l’usager de voir les événements en temps réel, sur Second Life et sur une interface web.
Toutefois, aussi sophistiqué que soit l’univers de Second Life, il ne permettait pas de saisir toutes les informations essentielles au circuit des documents. Par conséquent, les étudiants ont dû concevoir une interface supplémentaire, sur le web, pour compléter la visualisation. Celle-ci était nécessaire pour afficher toutes les informations textuelles et a été conçue pour répondre aux besoins de gestion quotidiens du personnel. Elle fournit les applications relatives aux utilisateurs, aux documents, aux modalités de prêt et de réservation. De plus, elle permet de savoir quels documents et quels utilisateurs sont présents dans le système. Les utilisateurs, eux, peuvent se renseigner sur la disponibilité des livres, en temps réel et vérifier sur leur compte la date de retour des documents qu’ils ont empruntés. L’interface offre également un module de recherche classique (par titre, auteur, ISBN et tag RFID).
Cette expérience montre ce que peut offrir la technologie RFID en matière de contrôle des mouvements des documents. En l’état actuel, elle n’exploite pas vraiment l’univers virtuel associé et ne présente donc pas d’avancée notable pour les établissements. Toutefois, elle laisse entrevoir d’intéressantes possibilités et on peut espérer qu’elle sera améliorée, notamment en ce qui concerne la recherche des livres mal rangés ou le guidage des usagers dans les rayons.
1Eldgenössische Technische Hochschule Zürich
2De nombreux renseignements sur les bibliothèques de Second Life sont disponibles sur le blog Vagabondages de Thomas Chaimbault, catégorie « Second Life » : http://www.vagabondages.org/category/Second-Life
Un support de formation « Les bibliothèques et Second Life » a été produit récemment par Nicolas Alarcon : http://www.slideshare.net/alarcon/les-bibliothques-et-second-life
Le blog En direct de Second Life rend compte des activités de la bibliothèque francophone dans ce monde virtuel : http://sldirect.blogspot.com
3Les avatars sont des personnages représentant les utilisateurs.

Web sémantique : catalogage reloaded ?

Journée du 26/06/2008, auditorium du MNHN

Où l’auteur de ce blog revient d’une journée sur le web sémantique, essaie d’en rédiger le compte-rendu pour le publier céans avant de mesurer l’étendue de son ignorance informatique et de décider de vous conter une jolie histoire**.

Il était une fois un informaticien qui rencontra une bibliothécaire. Chignon ou pas, t-shirt tâché de pizza ou pas, l’histoire n’en dit mot. Ce que l’on sait, par contre, c’est que ces deux êtres que tout séparait à première vue, se découvrirent un point commun : les données. Elle se désolait des rires qui fusaient dès qu’elle parlait de $a et d’autres grossièretés marciennes, et rêvait de termes communs à toutes les données. Lui, déjà séduit par cette jeune femme, se dit qu’il inventerait par amour un langage qui satisfasse son besoin de normalisation et qu’il lui offrirait l’interopérabilité dont elle rêvait. Et des amours, desquelles nous parlons, naquirent des rejetons qui ne gazouillèrent pas « areuh, areuh » mais « uri, uri ». Le web sémantique était né.

Venons-en maintenant à un petit résumé de la journée (n’hésitez surtout pas à me corriger si je me mélange les balises ;-)). Je tiens à dire que j’ai été impressionnée par la limpidité des communications des intervenants. La néophyte que je suis est ressortie en ayant l’impression d’avoir tout compris ! Pour un vrai compte-rendu, cependant, je ne saurais que trop vous conseiller le travail de Cécile Touitou, de Tosca Consultants (co-organisateur de cette journée). Les slides devraient être mis en ligne, je les attends avec impatience et je ferai une mise à jour du billet dès que ce sera le cas.

Raphaël Troncy, chercheur au CWI (Center for Mathematics and Computer Science)

Ce chercheur a rappelé les origines et les évolutions du web : html, http, url puis xml, dtd…

xml : langage qui sépare les données de la présentation, le fond de la forme. Métalangage.

dtd : standardise les structures (balises autorisées, attributs et enchaînements).

Il a ensuite présenté les principales caractéristiques du web sémantique. Le web sémantique est un web de données, à savoir que chacune d’entre elles est dotée d’une URI (Uniform Ressource Identifier), une sorte de plaque d’immatriculation. Le langage utilisé est le RDF : Ressource Description Framework, c’est la première couche du web sémantique. Le RDFS (S pour schéma) permet de construire des triplets, sous la forme sujet/prédicat/objet, qui seront compréhensibles par la machine. Là, la littéraire a vu réapparaître ses bons vieux cours de grammaire et en était ravie 🙂 La machine va pouvoir donc pouvoir effectuer des requêtes composites. C’est SPARQL qui permet d’effectuer lesdites requêtes (pour faire geek, dites « requêter en SPARQL » ;-)).

On parle aussi de Linked Data pour le web sémantique : les données, une fois identifiées, peuvent être reliées entre elles, presque à l’infini. On s’achemine donc vers un graphe géant.

Pour résumer, si j’ai bien tout compris, le web sémantique fonctionne selon un modèle proche de notre FRBR. En réalité, les catalogueurs sont de grands sémantiques qui s’ignorent ! Il s’agit cette fois pour nous de ne plus créer notre langage dans notre coin mais de participer à une grande aventure commune qui nous ouvrirait des perspectives géniales et qui nous offrirait une visibilité accrue.

Deux exemples de web sémantique : DBpedia et Geonames.

Olivier Walbecq, Archimed

Bibliothèque 2.0 : donner des espaces d’échanges entre les utilisateurs, créer des communautés, rendre l’utilisateur contributeur.

Fonction du web sémantique : analyse de documents, recherche intelligente, analyse des comportements.

Applications en bibliothèques : à partir d’une sélection faite par l’utilisateur, analyse sémantique et propositions.

Remarque de Gautier Poupeau : il s’agit là de recherche sémantique, non de web sémantique.

Lucile Grand, direction des Archives de France

Présentation du projet du Guichet unique du Ministère de la culture, pour permettre une recherche plus aisée au sein des nombreuses bases du ministère. Effort fait pour la généalogie (exemple des variantes de noms comme Le Normand ou Lenormand).

Dominique Stutzmann, BnF

Nouveau département à la BnF : département de l’information bibliographique et numérique, fusion de la Bibliothèque numérique et de la Bibliographie nationale.

A présenté les différents projets de la BnF dans ce domaine.

Pas plus de détails, j’avais faim, j’avoue ! Et je comptais sur les slides :’-(

Yann Nicolas, ABES

Le SUDOC est né de la fusion de trois bases. Quand l’ABES a réalisé cette fusion, d’immenses cartes de tous les formats existants étaient affichées, sorte de land art bibliothéconomique* 🙂

Aujourd’hui, il va s’agir de faire interagir 3 applications : SUDOC, Calames et STAR.

Bref historique du web et du catalogage :

Web 1.0 : Z39.50, FTP, hyperliens 856.

Web 2.0 : SRU, xml, AJAX.

Limites du web 2.0 : pas très générique.

Web sémantique : RDF, RDF & OWL ; RDF/XML & RDFa & SPARQL (SRU qui ne parle pas qu’aux bibliothécaires) ; AJAX. Argh ! Que n’ai je les slides pour vous détailler tout cela. Bis repetita…..

Le web sémantique excite les bibliothécaires qui ont l’impression que leurs vices cachés vont enfin pourvoir s’exposer au grand jour. Si ! Si !*

Calames bientôt en RDF + plugins (Operator : identifie les ressources par URI).

Isabelle Westeel, médiathèque Jean Lévy, Lille

Authenticité des données grâce aux URI versus les moteurs actuels qui indexent des liens commerciaux sans faire de distinction.

Web sémantique : fondé sur les métadonnées, vise à créer des liens entre elles.

Web 2.0 : services

Web sémantique : données

Le web sémantique remet le traitement des données et de l’information au coeur de la bibliothéconomie et du métier (importance du catalogage).

La BM de Lille commence à cataloguer un certain nombre de ressources de la bibliothèque numérique en utilisant le RDF et en attribuant une URI à chacune des données. La question de la pérennité des URI se pose.

Gautier Poupeau, Atos Origin

Le web de données et le web social se complètent, ils ne sont pas disctincts. Notion d’utilisacteur : intégrer les contributions de l’usager au travail du professionnel. Grâce à l’identification de chaque donnée, le problème de la validité de l’information est résolu et l’utilisacteur peut commenter et tagguer gaiement.

Jusqu’à maintenant, la notice était assimilée à un document, pas à des données. Maintenant, chaque composante de la notice, chaque donnée aura son URI. On ne répète donc plus les données, on les lie entre elles.

Bibliothèques : FRBR (modèle), Marc (format), Z39.50, SRU/SRW (protocole)

Web de données : RDF (modèle), Dublin Core, SKOS, MarcOnt (format), SPARQL (protocole)

SPARQL : interroge du RDF. C’est un Z39.50 partagé à l’ensemble des utilisateurs du web.

Web sémantique = web de données géant.

Interview de Tim Berners Lee dans « La Recherche » : le web est un gisement énorme de données. Web sémantique = les relier.

Le web et les bibliothèques ont chacun des besoins qui convergent : le web a besoin d’une structuration des données (notamment à cause de leur croissance exponentielle) Du côté des bibliothèques, on sait déjà structuré les données mais on a besoin d’effectuer un décloisonnement salutaire. Du côté du SIGB, cela passe notamment par le fait d’aller d’un système intégré (top down) vers un système modulaire (bottom up). En effet, le but est de parvenir à une portabilité des données, de créer des ponts entre les différents silos de données. Décloisonner la communauté des données : importance des mashups qui rassemblent les données éparses.

En guise de conclusion, je vous dirai que ce fut une journée extrêmement intéressante et que j’ai eu l’impression d’écouter des personnes qui avaient une vision panoramique sur la bibliothéconomie de demain, avec sans doute quelques années d’avance sur nos pratiques 🙂

Pour aller plus loin, je ne peux que vous renvoyer vers le blog de Gautier Poupeau et vers le Figoblog (notamment ce joli article) où l’on trouve beaucoup de billets sur le sujet. Et bien sûr, ne manquez pas les sites du W3C et Web sémantique.

Update le lendemain : je découvre ce matin via Pintini que les recommandations du W3C ont été traduites en français.

** L’allusion aux amours de la bibliothécaire et de l’informaticien n’est pas de moi, la broderie qui suit est par contre née de mon imagination débordante. Et vous aurez reconnu un petit bout de vers de Ronsard dans mon histoire (palimpseste, quand tu nous tiens…).

* Ceci ne vous apporte rien mais c’était si joli que je ne saurais vous en priver, dans ma grande bonté !

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