Lettre (que je n’ai pas envoyée) à Michel Contat

Une fois n’est pas coutume mais, lundi dernier, la lecture du Monde des livres (daté du 6 octobre) m’a mise dans une colère épouvantable. Comme chaque début de semaine, j’amenais dans le train mon supplément pour bien débuter la semaine.
Et là, stupeur, je découvre que je me suis orientée dans une filière de momies ! En cause, ces lignes de Michel Contat, extraites d’un article consacré au dernier ouvrage de Jean-Yves Tadié : « Les livres savants publiés, ils existent dans des bibliothèques, ces cimetières ; quelques-uns, si on a eu de la chance, se trouvent encore sur un rayon de librairie. De l’éphémère, on n’en finit pas de faire le deuil, et puis non, un éditeur vous propose de sortir un choix de textes. » C’est moi qui souligne.
J’ai vingt-cinq ans et nullement la vocation d’être gardien de cimetière, même s’il existe des places avec vue, comme celle du cimetière marin…
Car oui, j’aspire à travailler un jour en bibliothèque. Plutôt que de garder ce qui est mort, j’envisage mon futur métier comme celui d’un passeur, si modeste soit-il. Les poncifs de silos à livres, d’étagères poussiéreuses me paraissaient dépassés, à moi qui observe avec intérêt le renouveau des bibliothèques. Mais je m’aperçois que pour d’autres, ils restent malheureusement d’actualité. Et je déplore de les voir colportés par ceux mêmes qui promeuvent la lecture, ou sont censés le faire.
Que lit-on dans ces lignes ? Que la bibliothèque est un lieu mort, que la librairie est un endroit où l’on trouve des textes par hasard. Fort heureusement, survient un super éditeur, pour sauver l’auteur qui faisait « le deuil » de « de l’éphémère ». « Ephémère », allez dire à mon prof de fonds patrimoniaux qu’il n’en finit pas de faire le deuil de ses collections !
La bibliothèque, comme la librairie, participe de ce qu’on appelle avec raison « chaîne » du livre. Illustration : si les ouvrages universitaires de M. Tadié n’avaient pas été patiemment conservés et diffusés par les bibliothèques universitaires, ils n’auraient pas été connus des étudiants, puis du public. L’éditeur ne se serait donc pas donné la peine d’en rééditer quelques textes et l’auteur de l’article n’eût pas été payé pour ces lignes !

1 Commentaire

  1. pffff…c’est vrai que c’est à pleurer de lire ce genre de choses dans le monde…repli sur soi, préservation de sa petite influence : je suis en librairie = je suis connu et je gagne quelques droits d’auteurs; je suis en bibliothèque = je suis mort…ben, élevons-nous au-dessus de ce grand savant, ne lui répliquons même pas et ne nous laissons pas influencer par son discours au moment de choisir ou non d’acheter ses livres…ce n’est pas neuf, certains grands auteurs sont parfois de petits bonshommes.

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