Bibliothéconomie & Cie. - Dir. publ. et réd. en chef Cécile Arènes. - Paris : [s. n.], 2006 - ... .

Auteur/autrice : Cécile Arènes (Page 14 of 42)

Autoportrait de la catalogueuse

Ce billet fait suite au jeudi de l’Oulipo à la BnF où nous ont été lus trois autoportraits. Cette contrainte un peu particulière découle de l’extrait d’une nouvelle de Paul Fournel, « Autoportrait du descendeur ». La contrainte, je le cite, « consiste à épouser le plus étroitement possible le texte-souche en dressant le portrait d’un autre personnage. » L’Oulipo, qui déborde de membres « autoportraiturés », vient d’ailleurs de faire paraître C’est un métier d’homme : autoportraits d’hommes et de femmes au repos, dont je vous recommande très vivement la lecture, tant c’est drôle. J’aime beaucoup les jeudis oulipiens à la BnF, peut-être vous en souvenez-vous, et j’ai fini par commettre mon autoportrait, qui est un clin d’oeil tout spécial à @monavalotte et @cgenin.
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Mon métier consiste à cataloguer de haut en bas. A cataloguer le plus vite possible. C’est un métier de femme. D’abord parce que lorsqu’elle est en haut, la catalogueuse a envie d’exemplariser en bas, ensuite parce que lorsqu’il y a plusieurs catalogueuses en haut, elles veulent toujours exemplariser plus vite les uns que les autres.
Un métier humain.
Je suis catalogueuse.
Il y a eu Isabelle Dussert-Carbone, il y a eu Marie-Renée Cazabon, il y a eu Philippe-Corentin Le Pape, il y a eu les tenants de l’UNIMARC et, maintenant, il y a moi. Je serai cette année championne du SUDOC et, aux prochaines journées ABES, j’aurai la médaille d’or.
Je suis la femme la plus méticuleuse de WinIBW, la plus calme, la plus concentrée, et mon travail consiste à fabriquer de la méticulosité.
Toutes les grands catalogueuses fabriquent la méticulosité.
Cataloguer plus vite c’est d’abord cataloguer autrement ; de façon à semer l’inquiétude et le doute.
Faire peur. Cataloguer de telle manière que les autres soient persuadés que vous ne finirez pas la notice, jusqu’à ce qu’une génération entière catalogue comme vous.
Dans une vie de catalogueuse, on ne peut inventer qu’une méticulosité géniale et une seule.
Les tenants de l’Unimarc sont arrivés sur Worldcat avec la réputation de semeurs de dollars et deux saisons plus tard, les cinquante top-catalogueurs de BU cataloguaient comme eux.
Maintement, il y a moi.
Etre un grand catalogueur est un état qui exige un don absolu de soi-même et une concentration totale. Je catalogue à plein temps. Je catalogue en arpentant les rayons de ma BU hiver comme été. Je vis avec un manuel Unimarc pour mieux cataloguer. Je souris au magasinier et à l’usager parce que je sais qu’ils m’aident à cataloguer. Je casse la tête de mon conservateur qui est nul parce que je sais que cela m’aidera à cataloguer.
Prenez deux femmes à égalité de concours et de version WinIBW, dans le même bureau, mettez-les à côté l’une de l’autre et c’est toujours moi qui catalogue le plus vite.
La monographie en plusieurs volumes, je la fais mille fois par semaine. Les actes de congrès, ceux pour lesquels on reprend son manuel, je les fais chaque soir avant de me coucher. Je sais toutes les notices de mon SCD au $ près, et même en recherche simple, je les vois passer au ralenti.
Je me prépare aussi pour ces créations floues et indécises que les hasards d’attribution des acquisitions nous imposent. Les notices tordues qui permettent à une Marie-Renée Cazabon, la catalogueuse du Cercle, de devenir championne de création de notices.
Tout compte dans votre carrière.
Un jour, l’essentiel devient la position de votre petit doigt sur la souris. C’est le petit doigt qui fait la médaille. Vous avez raboté le tapis de la souris, vous avez changé quatorze fois la position du tapis, vous vous êtes mis en colère et vous avez perdu pour deux secondes sur une dérivation parce qu’après avoir cliqué sur F5 vous vous êtes demandé dans quelle position exacte était votre doigt sur la souris.
Quand je dors, je travaille, quand je mange, je travaille. Je dessine des $a, je modèle des $x. Mes yeux et mes épaules sont intraitables, je porte sans cesse à la main la marque des coupures des pages de livres.
Lorsque l’acquéreur libère une pile de livres à cataloguer, il libère des tonnes de travail. Après, il reste une catalogueuse devant son poste qui n’a plus ni yeux, ni tête, ni souris et qui catalogue pour arriver en bas de la notice plus vite que les autres catalogueuses.
C’est la règle.
Et puis il y a le moment qui arrive forcément dans une vie, le seul moment de vrai repos, de repos absolu. Le repos de la catalogueuse.
Vous avez passé la zone 200 et la zone 300 à fond, vous entrez en 410 et vous faites cette minuscule erreur de frappe, cette petite faute stupide (qui n’est pas d’inattention puisque les catalogueuses ignorent l’inattention) qui vous fait taper $a au lieu de $t. Et là, c’est le vrai repos, le repos immense. Vous avez déjà perdu vingt secondes puis très vite une minute parce que le lien ne marche pas. Plus rien n’a d’importance, vous n’êtes plus une catalogueuse, vos muscles se relâchent, votre esprit se libère, vous savez que vous allez vous prendre un message méchant sur SUCAT.
Une précision par rapport aux noms cités :
je n’ai fait que reprendre les noms d’auteurs d’ouvrages professionnels sur le catalogage !

Conservateur externe, note de synthèse

Dossier à examiner : les grands enjeux de la muséologie aujourd’hui : quelles relations entre l’art et son public ? (10 textes, 30 pages)
Si on parvenait à oublier un instant qu’on se trouvait dans la maison des examens , lieu au charme architectural inénarrable, on ne pouvait qu’apprécier la lecture d’un tel dossier qui résumait bien les problématiques à l’ordre du jour dans les musées.
Le premier des textes était un extrait de Malaise dans les musées de Jean Clair, où il compare, non sans humour, les deux Guggenheim (New York et Bilbao) à des « mollusques » aux « coques creuses », où les collections sont absentes et où ne se donne à voir que le geste architectural. Les chiffres de l’incontournable « Pratiques culturelles des Français » sur la fréquentation des musées, de même que ceux du CREDOC, nous étaient donnés, bien sûr. Un article du Monde revenait sur le rôle de la scénographie, qui guide le regard lorsqu’elle est bien conçue mais peut aussi « faire passer l’exposant avant l’exposé ». Deux textes étaient consacrés aux nouveaux modes d’accompagnement du visiteur, visites virtuelles et applications à télécharger. Un texte traitait des écomusées et revenait sur les possibles dérives du tout participatif qui, loin de constituer une appropriation du patrimoine, pouvait parfois se muer en une simple expression de soi. L’avant-dernier texte défendait les nouvelles formes d’architecture des musées en montrant comment les architectes et les scénographes savaient se mettre au service des collections. Enfin, un court article de Libération, incendiaire pour le MAXXI de Rome conçu par Zaha Hadid, clôturait le dossier.
La note de synthèse suscitant généralement moins de débats passionnés que la dissertation, les commentaires sont réouverts.

Conservateur externe, dissertation

Romantisme et politique.
Si l’an dernier, beaucoup, moi y compris, s’étaient émus d’un sujet qui flirtait avec l’actualité la plus récente, il est patent que le choix du sujet 2011 est un retour aux grands classiques. J’ai la sensation très désagréable en sortant de l’épreuve d’avoir été hors-sujet dans ma deuxième partie mais il n’est pas temps d’y penser, il y a encore des épreuves à venir.
Finalement, passée ma « râlerie » stressée du départ, j’ai bien aimé ce sujet de l’année passée avec cette problématique autour d’un « pays de la diversité vaincue » (Benda) et d’un « vieux pays différencié » (Thibaudet). Tiens, d’ailleurs, si je devais produire des sujets de concours tordus, je demanderais si les bibliothécaires ne sont pas en train de faire leur « trahison des clercs » ;-)
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Les enjeux du patrimoine
C’était, susurre-t-on sur twitter, le sujet de l’interne. De quoi se régaler à parler de conservation/valorisation et de valorisation/mercantilisme !
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Cela va peut-être vous surprendre mais j’ai fermé les commentaires sous ce billet. L’an dernier, la discussion avait vite dérivé sur les intitulés de sujets déconnectés du monde professionnel, etc. Je ne crois pas que le débat aura beaucoup changé et j’ai un peu la flemme, je l’avoue, de l’accueillir de nouveau ici.

Pour en finir avec le catalogage

Avant-hier, je publiais sur ce blog un billet d’humeur pour expliquer que je ne reconnaissais pas mon quotidien lorsque j’entendais dire qu’aujourd’hui on ne cataloguait plus. J’expliquais alors les procédures que je devais faire, moi qui m’occupe d’un fonds où j’achète à 70% à l’étranger. Alors que je voulais témoigner du quotidien, qui est bien peu présent sur les blogs, le débat a glissé, notamment sur Face écran, vers le fait de libérer du temps pour la médiation. Je n’ai jamais prétendu faire du catalogage contre la médiation, j’ai juste décrit un pan de mes activités, qui sont multiples et ne se bornent heureusement pas à ce que je présentais vendredi. Je me réjouis que  quelques collègues aient évoqué des solutions qui allègeraient mon quotidien mais je me dis aussi que ce précédent billet n’a pas atteint son but, qui était de montrer simplement que l’activité de catalogage fait encore partie, qu’on le veuille ou non, du quotidien. Il n’en constitue certainement pas l’essentiel.
Pour essayer de montrer comment s’articulent les relations entre les différentes activités que je peux avoir, j’ai fait une carte heuristique. Elle est loin d’être parfaite et on voudra bien me pardonner car j’avoue ne pas être très à l’aise avec les cartes.

Pour résumer la carte :
– la veille pour les commandes, notamment dans les bibliographies d’enseignants, me permet d’améliorer mes réponses en service public et imaginer sur quoi je pourrais axer des possibles formations,
– la veille pour les commandes s’articule étroitement avec la veille pour le blog,
– quand je commande, je pense pilon,
– quand je pilonne, je pense à recommander et, en fonction des commandes, à des présentations de nouveautés sur le blog,
– quand je catalogue, seul moment que je passe avec une ressource nouvelle, je pense à un éventuel billet si le document me paraît avoir un aspect important à signaler, je pense à pilonner des documents abimés ou périmés sur le même thème. Au moment où je vérifie l’autorité-auteur, je regarde souvent ce qu’il a écrit d’autre pour voir s’il y a matière à d’autres commandes. Quand j’indexe et que je cote, je me demande si nous avons assez de documents sur la thématique, je pense à ce que je pourrai recoter,
– quand je suis en SP, toutes les étapes précédentes, qui ont accru ma connaissance du fonds, m’aident,
– quand je suis en SP, je note mentalement les questions posées en me disant que je signalerai tel point lors des accueils de L1 l’année à venir et qu’un point sur tel aspect pourrait être ajouté sur le blog.
J’ai conscience de livrer là un résumé qui reste encore parcellaire et foutraque. Précisons que je n’aborde là que mes activités d’acquéreur/SP/rédacteur sur le blog. Enfin, le nombre de fois où je pense à un éventuel billet n’équivaut pas au nombre de billets publiés mais je pense que ça doit vous sembler évident.
Pour terminer, j’ajouterai que, pour moi, un catalogue bien fait est une vitrine au même titre qu’un blog, que l’accueil en SP et que la présence sur les réseaux sociaux ou ailleurs. En tous les cas, tout ça me paraît s’articuler dans mon quotidien.

Le catalogage est mort ! Vive le catalogage !

Je suis surprise d’entendre de plus en plus souvent de la bouche de professionnels des bibliothèques qu’aujourd’hui, on ne catalogue guère plus. Entendons-nous bien avant de commencer ce billet, je suis loin d’être une fanatique de catalogage. J’en fais parce qu’il le faut mais beaucoup d’autres tâches ont ma préférence. Cependant, je fais du catalogage presque tous les jours et, à le faire, j’essaie de le faire de mon mieux. De fait, lorsque j’entends dire qu’on ne catalogue plus parce qu’on récupère tout de la BnF ou d’ailleurs, je ne reconnais pas là mon quotidien professionnel.
Je parlerai ci-après des BU. Cependant, j’ai ouï dire dans le cas des BM que quelque collectivité se servait de la “mort” du catalogage pour justifier des moyens descendants…
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Revenons à mon cas de catalogueur de BU. Globalement, j’ai calculé qu’il me passait entre les mains environ 500 livres par an, toutes exemplarisations, dérivations et créations confondues. J’acquiers dans une discipline qui m’amène à commander beaucoup à l’étranger. Pas l’étranger étrange de pays qu’on ne sait pas situer sur les cartes mais à de grandes presses anglo-saxonnes. Je vous entends déjà, là, vous écrier : “mais tu dérives tes notices !” Oui, je dérive, entre autres.
Reprenons, si vous le voulez, par ordre de difficulté.
Cas n°1 : l’ouvrage arrive, il est déjà dans le SUDOC, il suffit d’exemplariser.
C’est effectivement assez rapide et c’est le cas qui est cité en exemple pour clamer qu’on ne catalogue plus. Cela dit, quand on exemplarise, il arrive souvent qu’on tombe sur un imbroglio d’ISBN 10 et 13 qui concernent a priori le même bouquin mais qui, lorsqu’on se penche sur son cas, présentent des différences de quelques pages, de taille, etc. Les éditeurs anglo-saxons sont spécialistes des rééditions avec quelques modifications pour les justifier, ce qui est un casse-tête pour le catalogueur (ce fut l’objet d’un long débat sur SUCAT, “Nouvel ISBN, nouvelle notice ?”). On y verra peut-être plus clair une fois la mise en place de l’ISTC. Un exemple, j’ai eu entre les mains un ouvrage broché, je le cherche dans SUDOC et je trouve la version reliée. Même pagination, même taille, même date (2005). A priori je peux ajouter mon ouvrage broché sur la notice en mentionnant son ISBN. Seulement en tournant et retournant l’ouvrage de tous les côtés, je trouve un copyright pour une photo de la 4e de couverture qui, arrrgh, date de 2010. Tempête sous un crâne, est-ce que je refais ou pas une nouvelle notice ? Dans un cas comme ça, si j’estime ne pas avoir assez d’éléments pour trancher, je pose la question au correspondant catalogage pour avoir son avis. Ça peut paraître excessivement pointilleux, on ne va pas s’embêter pour une photo de 4e de couverture, mais c’est comme ça que, si l’on n’y prend pas garde, on crée des doublons.
Dans le cas des exemplarisations, il arrive aussi qu’on doive ajouter quelques éléments pour l’indexation, ce qui demande un minimum de réflexion et de consultation du livre. Il peut aussi y avoir des modifications à faire sur la notice si elle a été dérivée à la va-vite.
Cas n°2 : l’ouvrage arrive, il n’est pas dans le SUDOC mais il se trouve sur d’autres bases, il faut dériver.
Dans mon cas, je dérive souvent des notices anglo-saxonnes de la LOC ou de Worldcat, que je dois traduire. Ce n’est pas très long mais ça ne se fait pas automatiquement. Il faut aussi refaire l’indexation en RAMEAU parce qu’elles est souvent en LC, donc en anglais, et sans liens. La question des liens est extrêmement importante car ce sont eux qui permettront aux usagers, ou aux bibliothécaires quand ceux-ci viennent chercher de l’aide, de rebondir de mot-clé en mot-clé. Cette étape va relativement vite aussi pour peu qu’on ait un peu l’habitude.
Là où les choses se compliquent, c’est lorsqu’on aborde les autorités auteurs (cette terminologie barbare, je ne m’y ferai jamais !). Votre notice est complète, il ne vous manque qu’une chose, faire un lien vers la notice de l’auteur et celle du préfacier/traducteur/éditeur s’il y a lieu. S’ils sont dans le SUDOC, c’est déjà bien. Il va falloir vérifier, ce qui prend parfois du temps, qu’il ne s’agit pas d’homonymes : vous êtes contents quand vous tombez sur un Joseph Black, qu’il y en a 4 dans le SUDOC, dont 2 nés à la même date… Une fois qu’on est absolument certain que la notice est bien celle de son auteur, ce qui conduit souvent à ajouter quelques éléments dans ladite notices après les recherches qu’on a dû entreprendre pour vérifier que c’était lui, il faut achever le travail en faisant les fameux liens. Même chose que pour l’indexation, si vous ne faites pas de liens, il ne sera pas possible de cliquer sur le nom de votre auteur pour découvrir les autres oeuvres qu’il a commises.
Maintenant, si votre auteur/préfacier/traducteur/éditeur ne se trouve pas dans le SUDOC, c’est une autre paire de manches ! Il va falloir créer sa notice autorité, celle qui vous permettra ensuite de lier son nom dans la notice de votre livre. Vous suivez ? Cette étape-là est souvent longue. Il faut rechercher l’auteur qui a très souvent des homonymes, au grand dam du catalogueur. On trouve des autorités sur la LOC et la BnF mais il n’y a pas tout et il arrive bien souvent qu’il faille errer de catalogues d’éditeurs en sites d’universités pour glaner un minimum d’informations sur le bougre ou la bougresse. Cette étape-là prend réellement du temps mais elle est primordiale, j’y reviendrai.
Cas n°3 : votre bouquin n’existe nulle part, il faut le créer.
Effectivement, ce n’est pas un cas très fréquent mais quand il se produit, il faut prévoir un long moment devant soi. Outre les infos classiques et faciles, il faudra indexer, créer les autorités, etc.
Enfin, quelque chose qui n’est pas du catalogage mais qui intervient au même moment, la cotation.
La BnF indique certes un indice Dewey, parfaitement construit et intellectuellement satisfaisant. Seulement il est très rare qu’il corresponde au plan de classement local : inutile de mettre un bel indice à 9 chiffres si l’on peut se contenter d’une cote plus générale, plus lisible pour l’usager. Là encore, ce n’est pas du simple copier/coller d’une récupération quelconque.
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Pour terminer, je dirai que quand il vous passe 500 livres par an entre les mains, pour lesquels vous devez obligatoirement passer par ces étapes, le catalogage occupe une belle partie de votre temps, cela même si vous essayez de le faire plus vite que votre ombre. Et entendre qu’il est mort, comment dirais-je, ça vous hérisse les épingles du chignon !
Ainsi, même si l’on a considérablement simplifié les procédures, il reste quand même des étapes incontournables. Celle qui concerne les autorités auteurs en est une, sinon le risque est grand de se retrouver avec des doublons d’auteurs (notamment dans le cas des noms de jeune fille et d’épouses) ou des notices d’ouvrage liées à la notice autorité d’un homonyme.
On pourra me rétorquer que ce que j’évoque ne sert à rien puisque 95% des usagers n’utilisent pas la recherche avancée. Il y a fort à parier cependant que les 5% qui l’utilisent soient, ou les enseignants-chercheurs, ou les bibliothécaires. Les premiers sont ceux qui sont chargés d’enseigner aux étudiants qui utilisent la recherche simple, les seconds sont ceux qui aident les étudiants quand ils n’ont précisément pas trouvé par le biais de la recherche simple. Finalement, ces outils ne servent peut-être pas souvent mais ils servent, je crois, beaucoup.
Pour prolonger ma râlerie, je ne saurai que trop vous conseiller la lecture du billet de Vingt-sept point sept, qui revient sur l’importance des autorités auteurs pour l’identité numérique des chercheurs.

Les bibliothèques à l’heure du numérique, II : le retour !

Après le succès de la journée organisée le 14 juin, cette deuxième journée, organisée conjointement par l’ABF Paris et Ile-de-France, traitait cette fois des nouveaux métiers et des nouvelles compétences. Voici quelques notes prises au fil des interventions. Elles peuvent comporter leur lot d’imprécisions, n’hésitez pas à proposer des corrections si vous étiez présents à la JE.

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Introduction
Yves Alix, Le numérique et les bibliothèques, qu’est-ce à dire ?
L’introduction d’Yves Alix se trouvant en ligne dans son intégralité, je ne reprends pas mes notes de son intervention, qui sont forcément plus parcellaires.
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Dominique Lahary a également projeté une présentation en ouvrant la journée.

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Nouveaux métiers
Lionel Maurel, « Conservateur de bib numérique, un nouveau métier ? »
Conservateur de bibliothèque n’est pas un métier nouveau mais la place que prend la bibliothèque numérique a un impact au quotidien sur les fonctions. La fonction de Lionel Maurel s’intitule coordinateur scientifique. La place qu’y prend le numérique est une sorte de réalité innommée.
Aujourd’hui, beaucoup d’agents de la BnF participent à la numérisation et tous les départements sont concernés par le projet Gallica qui est de plus en plus transverse. Au département de la coopération, il s’agit de développer la dimension collective de Gallica (projets de numérisation, intégration de docs extérieurs, programmes thématiques de numérisation concertée). Par ailleurs, des actions de médiation sont mises en place autour des contenus qui ont été produits. Valoriser Gallica constitue un véritable défi car la collection est riche de plus de 1,3M d’objets. C’est un ensemble complexe qui ne constitue pas encore une collection en soi, sur lequel il y a donc un vrai travail de conservateur à mener.
La valorisation par le blog Gallica permet de présenter des corpus : des compétences sont à développer, notamment des compétences d’écriture. Parallèlement au blog, la lettre de Gallica (18000 abonnés) est toujours envoyée : les utilisateurs de Gallica ont besoin d’une valorisation des contenus qui ne soit pas entièrement 2.0. Ces différents modes de valorisation des contenus permettent de pallier le syndrome de la page blanche : quand on arrive devant un moteur de recherches, on n’a pas forcément d’idées de requêtes à taper. L’architecture de l’éditorial de Gallica est encore à imaginer : il reste à déterminer sa forme, à définir le bon niveau de granularité, etc…
D’autres pistes pour la valorisation sont explorées, par exemple numériser au niveau global et valoriser au niveau local. Manioc (Antilles-Guyanes), la BNSA (Aquitaine) récupèrent des contenus et les valorisent localement.
La médiation numérique doit faire partie de la stratégie de diffusion d’un document. Lorsque les épreuves d’imprimerie des Fleurs du Mal annotées par Baudelaire ont été mises en ligne, elles n’ont pas rencontré beaucoup d’écho alors qu’elles étaient bien indexées par les moteurs de recherche. C’est le signalement sur twitter et facebook qui a fait connaître le document.
Trouver une nouvelle valeur d’usage aux documents constituera un aspect essentiel du travail dans les années à venir : extraire certains documents de la collection et les valoriser au bon moment génère beaucoup de consultations.
La bibliothèque numérique a le potentiel de devenir un média social : c’est-à-dire une plateforme qui fait de la co-création contenu, où le conservateur aujourd’hui est un peu un community manager.
Le prochain défi est de mettre en place une chaîne éditoriale interne. Pour l’instant, seul un binôme s’occupe de la diffusion sur les réseaux sociaux mais une augmentation à l’échelle d’un service est prévue. Les compétences et les approches pour ce type de tâches sont celles d’un comité de rédaction ou du journalisme.
Toutefois, Lionel Maurel explique que, s’il n’a pas le sentiment de changer de métier, des nouvelles compétences sont à acquérir. Certaines peuvent s’acquérir sur le tas, d’autres peuvent être des réinvestissements de pratiques personnelles. La formation, cependant, garde un rôle essentiel.
Pour terminer, Lionel Maurel est revenu sur le terme de « curation », à la mode sur le net en ce moment. Un « content curator » est quelqu’un qui trouve, organise et partage le contenu en ligne le plus pertinent sur un sujet spécifique. Il s’agit du stade ultime de l’engagement d’un internaute. La sélection des contenus sur les réseaux est de moins en moins algorithmique mais de plus en plus humaine. Le modèle que se donnent ces gens-là pour parler du niveau le plus élevé de contribution au web est finalement celui de bibliothécaire (curator = conservateur en anglais).
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Lionel Dujol, médiateur numérique
Nous nous trouvons aujourd’hui dans un contexte de transformations intenses. Les bibliothèques sont confrontées à un nouvel espace-temps en raison des interactions avec les habitants du numérique. Elles ont désormais l’obligation d’aller sur les nouveaux territoires car c’est le premier arrivé qui y occupe l’espace (on peut déplorer que des services publics culturels ne se trouvent pas dans les pages de résultats des moteurs de recherche quand on lance une requête sur un livre, film, etc.
Aujourd’hui, on est face à une crise des intermédiaires traditionnels de l’information : la force de la recommandation entre les amis et la rapidité des moteurs de recherche donnent l’impression aux usagers de pouvoir se passer des intermédiaires traditionnels.
Il est pourtant indispensable pour les bibliothèques de participer à la médiation numérique sur internet, sinon les vendeurs s’en chargent. Il faut donc aller là où sont les usagers. La médiation numérique essaye ainsi de faire rencontrer une offre, la nôtre, et une demande, celle des usagers. Il s’agit de tenter de favoriser la rencontre des deux.
Désormais, on ne peut plus dire que le catalogue et le site institutionnel suffisent. Il ne faut pas avoir une approche universelle de l’usager mais une approche segmentée car nous n’avons pas un usager type mais bien des usagers riches de différences.
Nous avons des ressources, nous devons maintenant produire des contenus. Qu’est-ce que nous pouvons apporter au web ? Tout le travail de la médiation numérique essaie de répondre à cette question. Nous avons un thème, nous voulons le défendre. Comment le promouvoir sur le web ?
On ne peut pas aller sur le web sans se poser la question de l’identité (institutionnelle, thématique, de service, de personnes-ressources).
A Romans, un brainstorming annuel est organisé sur la question de l’animation/médiation : tout le personnel y participe. Une fois les thèmes définis, les groupes fonctionnent de manière transversale. Après seulement, une réflexion est menée sur les outils, puis une chaîne de publication et de validation des contenus est proposée. Sur 42 agents, une vingtaine produit des contenus. Un cahier des charges a été mis en place. Un billet est proposé, puis validé, par un coordinateur.
Le travail de la médiation doit être global : on ne peut pas rester dans les nuages, il faut toujours impacter les services en ligne sur les services réels. A Romans, l’écriture sur un blog a pris tout son sens pour les bibliothécaires dès lors qu’elle a été reliée à des activités traditionnelles : le billet est relié à la critique étiquetée sur le livre et le livre sort.
Le travail du médiateur numérique est donc de mettre en place l’écosystème informationnel et de l’évaluer. Il revient aussi au médiateur d’expliquer qu’il faut être au cœur des communautés d’intérêt et de pratique car la médiation numérique ne peut pas se faire sans pratique et expérimentation au quotidien. Un bibliocamp est donc organisé en interne.
Ainsi, bien classer et bien ranger ne suffit plus aujourd’hui, il nous faut défendre les contenus que nous proposons.
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Guillaume Ruffat, animateur d’espace public numérique
Guillaume Ruffat travaille à Bonneuil-sur-Marne où près de 30% de la population vit sous le seuil de pauvreté et où on compte 60% de logements sociaux. Ce contexte a un impact sur le travail du médiateur.
La création des EPN a été décidée par un comité interministériel. Ils sont soit autonomes, soit intégrés à des services pré-existants comme les bibliothèques.
Le numérique en médiathèque dans le contexte de Bonneuil-sur-Marne : il s’agit d’un outil d’insertion plutôt que d’un contenu culturel. On rencontre plusieurs types de publics : grands débutants, intermédiaires (usage très centré sur le numérique familial, photos, mails, skype), pratiques (finalité d’insertion sociale ou professionnelles).
C’est un métier qui passe de la filière culturelle vers la filière sociale. A partir de là, le terme même d’animation culturelle pêche peut-être.
Dans son quotidien, l’animateur d’EPN a de nouveaux intérmédiaires : les SSI, les hotlines et les techniciens gérant le portail de la commune.
Au sein de l’établissement, dans chaque section, un référent se charge du numérique. Sur 23 personnes, 2,5 ETP travaillent plus spécifiquement sur le multimédia.
Les profils d’animateur multimédia sont divers : on rencontre des profils de bibliothécaires qui viennent de la lecture publique avec un goût et une pratique personnelle, des profils d’administrateur réseau et des profils d’animateur stricto-sensu. Ces trois profils sont complémentaires mais ils sont rarement dans la même personne.
Le numérique amène toujours plus vers l’humain et il amène un public qui ne venait plus en médiathèque (ados).
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Un temps de débat a été laissé à la salle pendant lequel Jacqueline Bénichou a fait remarquer que les trois interventions reflétaient la tendance de ces dix dernières années. Après avoir placé pendant un temps les outils en premier, on revient tout naturellement au cœur du métier.
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Nouvelles activités, nouvelles compétences
Stéphanie Gasnot, Sciences po
Je n’ai malheureusement pas pu prendre de notes de cette intervention que j’ai manqué en partie.
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Bernard Huchet, collecter des sites web
Bernard Huchet est conservateur à la bib de Caen.
La constitution de collections est réalisée sous l’angle patrimonial : il s’agit de disposer de documents qui assurent une continuité historique avec une capacité de consultation rétrospective. La constitution de collections est faite pour le public de demain, qui nous est encore inconnu.
Les fonds régionaux ont une vocation exhaustive : tous les aspects de la documentation et de l’activité régionale dans le domaine de la connaissance doivent être présent dans ces fonds. Rapidement s’est posée la question de la multiplicité des supports.
Internet en fait naturellement partie car les publications régionales en ligne sont nombreuses et on découvre des productions d’objets documentaires relativement inédits.
Dans un premier temps, la bibliothèque avait procédé en établissant une liste de signets mais elle déplorait la volatilité de cette information qui n’offrait pas la possibilité d’avoir une consultation rétrospective.
Elle avait donc l’obligation d’être capable de collecter et conserver par un mode d’archivage adapté les documents numériques qui paraissaient nécessaires à la complétude du fonds régional.
Parallèlement, le dépôt légal du web a été mis en place et la BnF a fait appel aux bibliothèques dépositaires du dépôt légal en région pour une aide à collecter des sites web, notamment ceux consacrés aux élections. Les premières collectes ont débuté en 2004, avec l’enthousiasme pionnier d’un travail expérimental.
Le travail essentiel de l’équipe est un travail de défrichage du web régional pour établir des listes d’un certain nombre de sites que la BnF viendrait ensuite collecter avec les robots.
Au fil du temps, la méthodologie pour la collecte des sites web s’est développée. Les notions de profondeur et de périodicité sur lesquelles les bibliothécaires devaient travailler ont été affinées. Collecter des sites web, en effet, c’est apprendre à gérer le bruit.
Un problème perdure : pour l’heure, il n’y a pas de consultation des sites collectés pour le public des bibliothèques de région.
Le projet de nouvelle BMVR à Caen est d’intégrer l’archivage d’une certaine quantité de sites internet qui sont complémentaires du fonds régional et qui doivent y figurer avec une indexation aussi satisfaisante que pour les autres supports. Il faudrait aussi en permettre la consultation rétrospective même après que le site n’est plus en ligne. Il s’agit finalement de constituer une sorte de dépôt régional pour assurer une complémentarité avec le fonds normand.
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Daniel Le Goff, regard sur la façon dont est structurée la FPT en regard du fonctionnement de l’internet
La FPT a un fonctionnement traditionnel qu’on peut qualifier de vertical. Les missions sont centrées sur les collections. C’est une hiérarchie qui ne fonctionne plus vraiment face à internet : de la rareté (vous aurez le livre dans un mois) à l’abondance (la ressource en ligne est disponible tout le temps).
Internet se caractérise par l’abondance, la reconnaissance par les pairs, l’instantanéité de la diffusion, contrairement au temps administratif et ses délais de la décision à son application sur le terrain.
Le dilemme qui se pose lors de la mise en place de services numériques est de réussir à croiser la hiérarchie et ses validations face à l’horizontalité et l’instantanéité d’internet.
Les compétences existent : les collègues ont parfois des comptes twitter, facebook, des blogs personnels, mais leurs compétences restent souterraines. Elles doivent être au service d’un projet. Le directeur, lui, doit reconnaître ses limites : il ne maîtrise pas tous les outils, pas plus qu’il ne maîtrise toutes les subtilités du catalogage…
Il faut désormais intégrer la transversalité dans le fonctionnement de la bibliothèque, admettre la multiplicité des agents et des usagers, construire des groupes de travail où les geeks d’origine sont présents mais ne sont pas moteurs (ce groupe de travail ne doit pas se construire contre les cadres vieillissants !), oser expérimenter, faire attention à l’euphorie. Il faut créer des comités de rédaction et faire accepter le collectif et l’évaluation.
On est en train d’inventer la politique de communication, la polcom, après la poldoc.
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Débat
Gildas Illien : qu’abandonner pour s’investir dans un travail numérique ?
DLG : ce n’est pas une cerise sur un gâteau mais un énorme travail. Si on ne catalogue plus, on dégage du temps.
Didier Desmottes va dans ce sens et prône la fin du catalogage, les automates de prêt car on est à moyens constants, voire à moyens descendants.
Lionel Maurel : sur les outils du web 2.0, il est indispensable de maintenir un niveau important de publications. Facebook : tous les jours ; twitter : 5/10 interventions par jour.
Lionel Dujol : il faut ajouter la reconnaissance de la production de contenus dans les profils de postes. Par ailleurs, si tous les agents participent au projet, le travail qui incombe à chacun est moins lourd.
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Nouvelle organisation ?
Schéma numérique : collecter, conserver, coopérer et signaler, communiquer/diffuser, valoriser.
Un service de la bibliothèque numérique a existé à la BnF puis il a été supprimé puisque le numérique est partout. La place du numérique a été multipliée par 10 ans par 10 en ce qui concerne le nombre d’agents impactés. Les différents acteurs du numérique ne sont pas soumis au même temps : certains travaillent en mode projet, d’autres sont soumis aux marchés publics, d’autres encore sont en production.
Les différents pans du métier sont de plus en plus mêlés. La démarche en cours à la BnF est d’inscrire le numérique dans la démarche des activités des agents. La posture à l’égard du changement est importante : il faut se mettre en mesure de l’accueillir positivement, tout en conservant un esprit critique.
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Didier Desmottes, organisation du travail et outils numériques
Maîtriser les outils qu’utilise le public est très important pour véhiculer une image plus contemporaine.
A Alès, le premier outil déployé a été la suite Google : gmail, Google documents. Un plan de formation a lieu tout au long de l’année avec des sessions courtes de 1h30 sur une fonctionnalité précise.
Chaque bibliothécaire dispose désormais d’un environnement personnel d’information, agrégateur de flux RSS entre autres, accessible partout.
Il est indispensable de former les personnes qui sont devant le public à répondre à des questions sur le numérique.
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Deborah Shorley, Imperial college
98% des collections de périodiques est numérique. Il s’est opéré un grand changement de la gestion des collections d’imprimés stockées dans les bibliothèques à la gestion des ressources d’information virtuelles partout et nulle part.
Les chercheurs ne viennent jamais à la bibliothèque bien qu’ils s’en servent en permanence mais il faut leur montrer que c’est nous qui leur offrons cet accès. Les étudiants, eux, viennent tout le temps.
L’avenir est incertain quoiqu’on en dise : nous avons besoin de prévoir un modèle de bibliothèque souple.
Chaque institution et chaque bibliothèque a son propre contexte et sa culture unique : l’organigramme taille unique ne convient à aucune bibliothèque. Que faire alors ? Être aussi réactif que possible. Les organigrammes d’aujourd’hui ne seront plus adaptés d’ici dix ans. Il faut personnaliser les services et concevoir des solutions créatives. Il faut aussi parfois reconnaître qu’on a été doué dans certains domaines qui ne valent plus rien maintenant.
Importance de l’information literacy : les usagers vont utiliser des services qu’on leur offre. Il faut les aider à les appréhender.
Ce qui importe avant tout, ce sont les services aux usagers. Ils doivent s’accompagner d’un marketing énergique à destination des lecteurs.
Les demandes des lecteurs évoluent très vite mais les bibliothèques mettent trop de temps à s’adapter (il faudrait pouvoir licencier des catalogueurs pour recruter de nouveaux métiers).
Dans un contexte de crise, il faut prévoir des solutions transitoires, hybrides et peu coûteuses.
Nous, bibliothécaires, serons à l’avenir des professeurs expérimentés, doués en marketing, disponibles partout et surtout débrouillards. C’est indispensable si nous ne voulons pas finir comme le dodo.
Finalement, rien n’a changé mais tout est différent. Notre rôle reste le même : il s’agit de fournir aux lecteurs les informations dont ils ont besoin. C’est la façon de le faire qui a changé.
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Nouvelles formations ?
Jenny Rigaud, CNFPT de Nancy
Les bibliothèques représentent 3% des formations dans les CNFPT.
Jenny Rigaud a une compétence nationale sur les bibliothèques, à Nancy où se trouve le pôle culture.
Cette année, des modules spécifiques de trois fois trois jours ont été mis en place (c’est la fameuse Biblioquest, que vous connaissez déjà si vous lisez la dream team de la biblioblogosphère) : il s’agit pendant ces itinéraires d’accompagner des directeurs d’établissement pour qu’ils puissent ensuite eux-mêmes décliner des formations dans leurs établissements.
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Armelle de Boisse, Enssib
La proximité entre la formation initiale et la formation continue s’est renforcée, de même qu’avec le service des éditions.
En 2009, 620 professionnels ont été formés. Chaque année, une cinquantaine de stages sont proposés, notamment un sur la numérisation et la constitution de bibliothèques numériques.
Le développement d’une offre à distance est en cours.
Quelques stages sur le web 2.0, sur la numérisation sont spécifiques.
En ce qui concerne la formation initiale, les conservateurs bénéficieront de nouvelles formations pour les conservateurs en 2011 avec des profils spécifiques : patrimoine, numérique, services.
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Christophe Pavlidès, Mediadix
Dans le catalogue de Mediadix, il n’y a pas une rubrique numérique car il est à la fois partout et nulle part. Il s’agit d’introduire le numérique dans toutes les formations où c’est nécessaire.
Les plans de formations des universités élaborés par les correspondants formation sont précieux pour Mediadix.
Un hiatus perdurent parfois entre les représentations qu’on a des besoins et les besoins réels : on n’enverra pas forcément un magasinier à un stage sur le web 2.0.
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Clôture, Patrick Bazin
La médiation et la production de contenus intermédiaires reviennent aux bibliothécaires : nous ne sommes pas des journalistes ou des écrivains. Nous avons par contre à guider. Il y a un gros travail à faire sur la façon de produire ces contenus intermédiaires et sur la manière de les diffuser.
Désormais, s’il s’agit de former les bibliothécaires à de nouvelles compétences, il faut aussi introduire dans les bibliothèques des métiers différents (marketing, communication, formations).
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Pour avoir un autre point de vue de cette JE, je vous recommande vivement d’aller faire un tour par ici.

Candide

Voilà une conversation qui aurait mérité de figurer, à mon sens, dans la série Candide et le conservateur (dont on ne peut que regretter la grève du scénariste !).
Un jour que ma mère relisait pour moi un document professionnel – j’ai horreur de relire et j’ai une mère patiente, elle me posait la question suivante :
« – Pourquoi tu parles toujours de services « aux usagers » ?
– Parce qu’ils sont destinés aux lecteurs.
– J’entends bien, mais à qui d’autre qu’aux lecteurs tu pourrais rendre service ?
… »
Je n’ai pas osé lui dire que la notion était relativement nouvelle.

Papivore

« La lecture sur écran est encore bien inférieure à la lecture sur papier. Même moi, qui ai ces écrans coûteux et m’imagine en pionnier du mode de vie Internet, dès qu’un texte dépasse quatre ou cinq pages, je l’imprime et j’aime à l’avoir avec moi et à l’annoter. Et c’est une difficulté réelle pour la technologie que de parvenir à ce degré de commodité. »
Mais qui donc a pu dire une chose pareille, d’après vous ?
Google vous donnera la réponse, bien sûr, mais c’est plus drôle si vous cherchez un peu ;-)
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Réponse (15 janvier) : il s’agit de … BILL GATES (anecdote piquée dans « Apologie du livre » de Robert Darnton).

Les bibliothèques à l’heure du numérique : évolution des publics et des services

Publié dans Bibliothèque(s), n°53/54, 2010.

Le groupe ABF Paris organisait le 14 juin une journée d’étude sur les bibliothèques à l’heure du numérique, consacrée à l’évolution des publics et services. Plus de 180 participants ont assisté à ce rendez-vous. Une suite sera donnée à cette journée en janvier 2011 et elle sera consacrée aux nouvelles compétences et aux nouveaux métiers.
Aujourd’hui, avec la place prépondérante du numérique, la bibliothèque ne se cantonne plus à un lieu physique. Toute la société est transformée par cette mutation et, selon Cécile Touitou (BnF), les pratiques culturelles évoluent et on observe depuis quelques années de nouvelles tendances comme la baisse de la lecture des journaux. Si la révolution numérique a des impacts tangibles, il ne faut pas en faire pour autant l’unique responsable de ce qui est en train de s’opérer. Cependant, ce changement est suffisamment important pour obliger la bibliothèque à sortir de ses murs et à aller vers le lecteur par le biais d’outils numériques. Pour Jean-Pierre Sakoun, de Savoir-Sphère, il n’est pas question de renoncer à la bibliothèque physique mais bien de créer une deuxième bibliothèque, qui vienne prolonger et compléter le lieu bibliothèque. Il s’agit d’inventer une bibliothèque globale qui soit à la fois matérielle et virtuelle, qui soit partout et tout le temps. La bibliothèque de Singapour, par exemple, propose des milliers de documents en ligne. L’enjeu est d’autant plus capital que, selon Eppo van Nispen tot Sevenaer (Bibliothèque publique de Delft, Pays-Bas), la fameuse génération Y ne considère pas le numérique comme un élément nouveau, ni comme une option, mais bel et bien comme son quotidien. Ces adultes de demain obligent ainsi la bibliothèque à repenser ses services.
La deuxième bibliothèque évoquée par Jean-Pierre Sakoun comprend les outils qui se sont développés au cours des vingt dernières années ; elle a évidemment recours à l’informatique pour dématérialiser les procédures et les contenus mais elle investit également les réseaux sociaux pour favoriser les contacts. Elle est attentive aux usages nomades qui émergent. Les usagers ont désormais accès aux contenus depuis n’importe quel endroit et ils peuvent les commenter, et entre eux, et avec les bibliothécaires. En cela, le web 2.0 permet d’inscrire les services mêmes de la bibliothèque sur les réseaux les plus populaires. Pour Lionel Maurel (BnF), il faut « être là où le public passe ».
La bibliothèque globale est donc une bibliothèque où toutes les technologies se sont coagulées, où de nouveaux services sont mis en place dès qu’ils sont jugés utiles aux lecteurs. C’est d’ailleurs un des objectifs de la DOK que de donner à tester très rapidement à ses usagers nouveaux services et outils, comme l’Ipad dès juin 2010. Lors de la commercialisation de la tablette d’Apple, une étude a révélé que son usage principal était le surf, suivi des emails et de l’apple store, avant les ebooks et  l’écoute de musique. Les pratiques qui émergent sont donc celles d’un PC alors que la consultation des contenus culturels (vidéos, livres, jeux) n’arrive qu’ensuite. En proposant ce type d’outils nouveaux, la bibliothèque peut familiariser les utilisateurs à des contenus culturels qu’ils ignorent peut-être. L’épistémologie des techniques a montré que les technologies précèdent toujours les usages, à la bibliothèque de permettre à ses utilisateurs de découvrir ces technologies. Comme le signale Aline Girard (BnF), lors de BookExpo aux Etats-Unis, les éditeurs ont expliqué s’attendre d’ici peu à un usage réparti entre le papier et le numérique, autant de nouvelles pratiques à accompagner. Julien Barbier (BnF) ne dit pas autre chose lorsque, rappelant les conclusions d’une étude sur les publics du livre numérique, il explique que la bibliothèque joue un rôle essentiel car elle est souvent le fournisseur, ou l’initiateur des usages des documents numériques.
Le métier du bibliothécaire évolue avec les nouveaux services mis en place et les résultats de la bibliothèque virtuelle doivent être autant considérés que ceux de la bibliothèque physique. C’est d’un développement harmonieux que naîtra le succès d’une bibliothèque globale. A la bibliothèque de Brême, qui a mis en place nombre de nouveaux services numériques, on constate un recul limité des prêts physiques, une explosion du nombre de prêts virtuels, une croissance régulière de la fréquentation de la bibliothèque physique, une explosion du nombre de visiteurs de la deuxième bibliothèque, un succès des automates et une grande satisfaction des usagers qui trouvent les bibliothécaires, toujours disponibles dans les espaces publics, serviables.
Selon Lionel Maurel, c’est la convergence de la production des contenus et de leur partage en temps réel qui a permis l’avènement des réseaux sociaux. La bibliothèque possède les contenus et les partage depuis toujours. A elle de savoir investir les réseaux pour être sur le chemin des utilisateurs. La présence numérique des établissements est primordiale puisqu’ils attirent par ce biais de nouveaux publics. C’est également cette présence qui leur permet de maîtriser leur image sur la toile. Beaucoup de groupes d’usagers se créent, notamment sur facebook, en lieu et place de pages officielles manquantes. Ne pas être sur le réseau, c’est prendre le risque de la fausse page.
A l’heure actuelle, il est donc nécessaire pour les bibliothèques de disséminer les contenus. En effet, un site traditionnel n’a que peu de visibilité. L’usager peut certes aller sur la page d’accueil mais s’il en ignore les contenus, il passera son chemin. Comment avoir l’idée de taper « estampes », par exemple, si on ne sait pas que l’établissement en possède ? Il revient donc à la bibliothèque, rappelle Lionel Maurel, de disséminer des appâts documentaires sur des espaces fréquentés du web. C’est la stratégie payante de la bibliothèque du Congrès, puis de celle de Toulouse, qui ont déposé des collections d’images sur Flickr, le site de partage de photographies. On peut citer aussi Gallica qui possède désormais plusieurs extensions 2.0 : la bibliothèque numérique est prolongée par un blog, un portail netvibes, qui permet d’exposer les flux RSS, et une page facebook, où l’interaction est beaucoup plus forte que sur le blog. Grâce à la synchronisation des réseaux sociaux, la dissémination s’exporte sur d’autres réseaux, notamment sur twitter. Pourtant, abandonner les dispositifs traditionnels au seul profit de ces nouveaux services serait une erreur, la lettre de d’information de Gallica, par exemple, a plus de dix mille abonnés aujourd’hui encore et beaucoup de ses lecteurs y font référence sur les réseaux.
La bibliothèque peut aller plus loin, en permettant aux usagers de butiner ses richesses et elle peut profiter de la « pollinisation » qu’ils effectuent auprès d’autres internautes. Les usagers doivent aujourd’hui pouvoir récupérer des contenus divers, tels que des photos, par le biais de vignettes exportables, même si cela implique une modification des conditions juridiques d’utilisation.
Si le mode de fonctionnement des médias sociaux modifie les services que les établissement proposent, ce sont pourtant les contenus qui importent avant tout pour garantir le succès de ces nouveaux services. Un facebook sans contenu est une coquille vide qui ne fonctionnera pas. Il revient donc à l’établissement de veiller à mettre en place une véritable chaîne éditoriale interne. Pour cela, il faut cerner les usages et développer les compétences (twitter/facebook), c’est-à-dire penser la dissémination des contenus comme une forme de médiation. Il ne faut pas avoir peur des doublons (plusieurs réseaux) et lever les obstacles juridiques à la dissémination.
La prise en compte des pratiques émergentes des usagers nécessite pour les établissement de travailler avec d’autres acteurs. A la DOK, les partenaires extérieurs, comme les archives, arrivent à la bibliothèque via la table tactile. Les archives ont gagné en visibilité mais également en visiteurs depuis qu’elles sont virtuellement présentes dans la bibliohtèque. De même, la DOK travaille en partenariat avec la BU de Delft. Il s’agit de dépasser la compétition qui peut parfois exister entre la bibliothèque publique et la bibliothèque universitaire, pour se servir des atouts de l’une et de l’autre. La BU est vide hors des périodes d’examens, par contre elle dispose d’un amphithéâtre : un partenariat a par exemple été mis en place avec la DOK pour organiser une conférence publique sur le jeu vidéo. La question du marketing est essentielle pour faire connaître ces opérations, une campagne de publicité réussie permet de rentabiliser l’investissement de départ. Pour Eppo van Nispen tot Sevenaer, le marketing est un domaine important qui requiert les compétences de professionnels. Là encore, il insiste sur le fait de travailler ensemble.
Avec la malice qui le caractérise, Eppo van Nispen lançait que les bibliothèques ont du mal avec le concept de plaisir. Investir les réseaux sociaux, proposer des contenus et des services à distance peut constituer autant de moyens de faire plaisir aux usagers, sans pour autant renoncer à ce qui fait la richesse des bibliothèques, les contenus.
ENCADRE 1
Les learning centres, des modèles innovants
Le modèle du learning centre, tel qu’il est conçu dans les pays anglo-saxons, intègre fonctionnellement et spatialement un continuum de services, notamment la bibliothèque et les services multimédia. C’est un lieu où les services ont été fusionnés pour mettre l’utilisateur au centre du processus.
Le succès des learning centres est surtout patent dans les établissements qui ont une proportion importante d’étudiants étrangers et des filières professionnalisantes, et non pas dans des universités comme Cambridge, a expliqué Suzanne Jouguelet, inspectrice générale honoraire des bibliothèques,  présentant son récent rapport. Dans ces établissements à vocation professionnelle, le lien avec les enseignants est plus facile car les enseignants sont souvent eux-mêmes des professionnels et ils reconnaissent les bibliothécaires comme leurs pairs.
Les learning centres cherchent à viser non seulement les étudiants, mais aussi les chercheurs et le grand public. A Tillburg aux Pays-Bas, le learning centre est orienté en partie vers les enseignants-chercheurs qui disposent d’espaces dédiés et de réseaux sociaux. D’autres centres s’ouvrent largement vers la ville, comme la bibliothèque municipale de Birmingham, où un projet intéressant de fusion entre un learning centre et un théâtre est en train de voir le jour. Le Rolex de Lausanne veut accueillir un large public, qui ne se limite pas aux étudiants.
Les missions des learning centres sont d’offrir des services orientés vers l’usager, de proposer à la fois de la documentation papier et électronique, mais aussi d’offrir un accès aux technologies informatiques et audiovisuelles comme des vidéoprojecteurs pour que les étudiants puissent répéter leurs présentations d’exposés. Il leur incombe également une mission sociale, service des bourses, et culturelle, « apprendre, innover, vivre », pour reprendre la formule du Rolex.
Au Rolex, outre un café, une banque et des salles de réunions, une large place est faite aux associations d’étudiants et d’anciens élèves ; ceux-ci ont été consultés en amont du projet afin de faire le lien entre le monde du travail et celui des étudiants. Ce learning centre abrite également les presses universitaires, une librairie et un centre d’orientation professionnelle et il est situé au cœur de l’université. Les learning centres se doivent d’être des lieux particulièrement attractifs où l’acoustique soignée permet à la fois le travail en groupe et le travail individuel. Leurs horaires sont très étendus et, selon les sites, le service de nuit est assuré, soit par des professionnels, soit par des moniteurs étudiants. Le prêt/retour s’y fait par RFID.
Au Royaume-Uni, l’attention portée à l’expérience d’apprentissage de l’étudiant est une des caractéristiques clé du système éducatif. Selon Graham Bulpitt, directeur des services des bibliothèques (université de Kingston, Grande-Bretagne), ce système repose sur trois éléments, l’enseignant, l’étudiant, l’information. L’enseignant a le rôle de guider les étudiants, qui doivent participer activement et s’impliquer beaucoup dans leur apprentissage. Dans ce cadre, les bibliothèques, les centres d’information jouent un rôle crucial. Le learning centre découle de cette philosophie qui correspond à un apprentissage actif. Il ne s’agit pas forcément de créer de nouveaux bâtiments mais de penser une nouvelle manière d’organiser les services.
Les learning centres s’accompagnent souvent de campus électroniques très développés. Cela ne signifie pas que le virtuel va prendre la place du réel, il s’agit simplement de permettre aux étudiants d’avoir le choix. Au learning centre de Shieffield, l’environnement est modulable et le site regroupe plusieurs activités, comme les bibliothèques et les services d’information, ainsi qu’un e-learning et des services de production multimédia. Le centre est ouvert tous les jours de l’année. A Kingston, le centre Nightingale comprend un café éducatif, qui génère deux mille livres sterling de chiffre d’affaires par jour, des espaces de travail individuel, des salles pour le travail en groupe, un centre d’apprentissage flexible. Il propose des postes informatiques, des bornes d’aide et de conseil et il reste ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Les espaces des bibliothèques incluses dans les learning centres ont été transformés, n’étant plus organisés autour des collections mais autour des espaces d’apprentissage. Cela a nécessité un élargissement des compétences du personnel de bibliothèque : ses fonctions ont été étendues, notamment en matière de soutien à l’apprentissage. Ses savoir-faire sont variés : développeur, chef de projet, bibliothécaire et analyse de métadonnées. Le personnel est encouragé à travailler de manière flexible afin d’acquérir en permanence de nouvelles compétences de façon à pouvoir répondre à tous types de demandes.
Le fonctionnement de tels établissements est coûteux car il s’agit toujours d’innover, et surtout de se renouveler en permanence. L’évaluation a un rôle central dans ce cadre, elle passe par des enquêtes de satisfaction et des entretiens, suivis d’une communication des résultats et des mesures prises en conséquence.
Dans le contexte universitaire français, on constate un retard relatif avec des faiblesses structurelles et une culture professionnelle insuffisamment ouverte à la comparaison, explique Suzanne Jouguelet. Il est donc nécessaire de développer l’axe prioritaire du soutien à l’acquisition des connaissances et d’accroître l’accessibilité aux lieux et aux contenus. La question qui émerge est de savoir si un SCD est apte à piloter seul un learning centre. Il semblerait qu’il lui soit nécessaire de travailler conjointement avec d’autres services. A l’heure des opérations campus et des PRES, la mise en œuvre de learning centres en France peut sembler possible.
ENCADRE 2
A l’Astrolabe de Melun, un panel de services multimédia a été mis en place, tant dans la médiathèque que sur le portail.
La médiathèque a lancé son nouveau portail 2.0 en avril 2010. Il accompagne la création de trois services innovants, destinés à ce que la bibliothèque soit avant tout « la maison des hommes ».
Dès le rez-de-chaussée, les usagers peuvent profiter du Cyberlab, un service de création numérique, d’initiation aux outils et de veille technologique. Avant sa création, des formations ont eu lieu à destination de l’équipe qui assure aujourd’hui l’aide aux usagers. Autre service mis en place, le Kiosque, espace spécifique consacré à la presse, dans lequel les usagers peuvent s’informer sur  l’emploi et la formation. On y trouve par exemple de l’aide pour rédiger un CV. Enfin, dernier de ces services mis en place par la médiathèque, Déclic, un espace d’autoformation où les usagers, s’ils le souhaitent, peuvent bénéficier d’une assistance personnalisée. L’équipe peut aider à la rédaction de documents et il lui arrive même d’intervenir pour des traductions de documents, comme celles de demande d’asile. Le code de la route, suivi de l’apprentissage des langues, connaissent un franc succès à l’espace Déclic.
Le nouveau portail 2.0  comporte un service d’autoformation à distance et offre des services comme toutapprendre.com, vodeclic et orkypia. Une offre de musique en ligne, de livres numériques et de VOD sera prochainement disponible. L’équipe de la médiathèque réfléchit constamment à développer de nouveaux services, explique Florence Couvreur-Neu, la responsable des services multimédia.
Le constat fait après quelques mois de fonctionnement est positif. Le nombre d’emprunts est stable et le nombre des utilisateurs des services numériques sur place est en augmentation. Depuis la mise en place du service d’autoformation en ligne, les personnes se déplacent davantage à la médiathèque.

La censure, une affaire ancienne ?

Billet collectif, que vous retrouverez chez de nombreux collègues de l’ABF, car Anastasie sévit toujours…
En décembre 2008, la revue Bibliothèque(s) de l’ABF publiait un numéro consacré à cette thématique. Dans son introduction au dossier, Michel Melot, ancien président du Conseil supérieur des bibliothèques faisait remarquer qu’ une des leçons que l’on peut tirer [des censures subies], sur laquelle il est possible d’agir, est l’isolement des bibliothécaires victimes de censures de la part de leurs tutelles.«
Pour témoigner de son engagement, qui est celui de tous les bibliothécaires, pour la liberté d’expression, l’ABF (l’Association des Bibliothécaires de France) a décidé de briser cet isolement, de soutenir les auteurs et les professionnels censurés – notamment les collègues de la BDP de la Somme et de publier le catalogue de l’exposition  » « Quand les illustrateurs de jeunesse dessinent pour les grands » surtitrée pour adultes seulement.
25 illustrateurs pour la jeunesse mondialement connus ont été conviés à dessiner « pour les grands », parmi eux : Bachelet, Claveloux, Gauthier, Heitz, Joos, Lemoine, Maja, Nicollet, Ungerer, Zaü, Zullo, auxquel s’est joint Leo Kouper, le grand affichiste auteur de l’affiche d’Emmanuelle et de Le père Noël est une ordure. Ils ont récoltés de nombreux prix, été publiés par les plus grands éditeurs, en France et dans le monde, dans la presse, du Monde au New Yorker, en passant par le Magazine littéraire ou Lire…
L’exposition prévue à la Bibliothèque de prêt de la Somme a été interdite 11 jours avant son vernissage par son commanditaire, le conseil général.
La presse nationale (Le Monde, Libération, Le Nouvel Observateur, Le Canard enchaîné, Art Press, France Inter, France Culture…), ainsi que l’Observatoire de la censure et la Ligue des Droits de l’Homme se sont élevés contre ce cas de censure brutal et stupide.
Une large sélection de l’exposition interdite (31 dessins drôles et émouvants) et les projets d’affiches de Léo Kouper (Emmanuelle) sont précédés d’un historique de l’affaire et suivis d’un éloquent florilège de la presse.
Pascal Wagner, président de l’ABF, en préface au catalogue explique : « En décidant de publier le présent catalogue d’une exposition élaborée par une bibliothèque dans le cadre de ses interventions culturelles et déprogrammée par la tutelle administrative de ladite bibliothèque, l’ABF souhaite émettre un signal à propos du problème récurrent de la censure en bibliothèque – une piqûre de rappel, en quelque sorte. »
Chers collègues, chers lecteurs, si vous voulez vous procurer ce catalogue, soutenir le travail de nos collègues, ne pas laisser le silence nous dicter sa loi, dirigez vous directement vers le libraire de votre marché public ou sur le site de l’ABF. Et, faites connaître ce livre dans votre bibliothèque…
Laissons Michel Melot conclure :  » Rien ne sert de se flatter de liberté nationale : l’histoire nous apprend que la censure a une longue histoire en France et que ses formes actuelles s’ancrent dans la tradition d’un pouvoir central fort et d’une administration puissante, qui laissent le citoyen souvent démuni. Tel est le bibliothécaire, sans défense devant une tutelle qui lui dicterait une politique sectaire contraire à ses propres idéaux. Les grands principes ne servent à rien dans une bonne justice«

Pour adultes seulement
80 p., 31 planches quadri, 21×23 cm, sous couverture quadri avec rabats et sous bande rouge : « Couic sur la chose » (Le Canard enchaîné).
Prix : 13 € / ISBN : 978-2-900177-35-8
Diffusion : ABIS, 31, rue de Chabrol – 75010 Paris / Tél. 01 55 33 10 30 / Fax 01 55 33 10 31
Sortie le 20 novembre.

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