Auteur/autrice : Cécile Arènes (Page 3 of 42)
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| Les chronologies zotero, ou comment repérer les jours où on a fait relâche… |
Pour autant, débuter une travail de recherche, même pour un court mémoire professionnel, n’est pas une chose aisée quand comme moi, on a soutenu sa maîtrise il y a onze ans et qu’on a entre temps travaillé comme BAS. Durant les six années où j’officiais en bibliothèque, je n’ai été que très peu amenée à écrire. J’ai bulletiné, j’ai réclamé, j’ai catalogué, j’ai commandé mais je n’ai pas beaucoup rédigé. C’est la raison essentielle pour laquelle j’ai tenu ce blog sur lequel j’ai publié des compte-rendus de toute sorte. Il s’agissait pour moi de m’astreindre à un minimum de rédaction. Voilà qui me paraît pourtant insuffisant à l’heure actuelle.
- Les sujets de mémoire sont attribués courant avril, le travail est à rendre en décembre. ↩
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Ayant fait ma licence à Nouméa, j’ai effectué ma maîtrise à distance avec Montpellier 3 pour diverses raisons. A la première question que j’ai posée à la BU, je me suis fait envoyer paître « Voyez le catalogue » et je n’ai plus osé m’adresser à personne dans cet établissement.Il faut dire aussi que le jour où j’ai signalé qu’un livre était abîmé, on m’a accusé de l’avoir détérioré. Dans cette BU-là, pour moi, le « bibliothécaire » est rapidement devenu l’ennemi 😉 ↩
«Le livre, comme livre, appartient à l’auteur, mais comme pensée, il appartient—le mot n’est pas trop vaste—au genre humain. Toutes les intelligences y ont droit. Si l’un des deux droits, le droit de l’écrivain et le droit de l’esprit humain, devait être sacrifié, ce serait, certes, le droit de l’écrivain, car l’intérêt public est notre préoccupation unique, et tous, je le déclare, doivent passer avant nous.» (Victor Hugo, Discours d’ouverture du Congrès littéraire international de 1878, 1878)
On lit dans la traduction française du manifeste de Communia : « Le domaine public joue un rôle essentiel dans les domaines de l’éducation, de la science, du patrimoine culturel et de l’information issue du secteur public. » Il me semble que sa défense devrait être au coeur des préoccupations des bibliothécaires, pas simplement quand une affaire Relire ou Elsevier se produit, mais au quotidien, afin que nous puissions proposer aux usagers le meilleur des accès aux ressources, qu’elles soient scientifiques ou artistiques.
Lionel Maurel ne le dit pas autrement quand il écrit : « Le domaine public doit être le même pour tous les citoyens en France, car derrière cette notion, c’est la liberté fondamentale d’accès à la Culture et le droit de créer à partir des oeuvres du passé qui sont en jeu. »
Isabelle Attard, députée à l’origine d’une proposition de loi sur le domaine public, revient dans une interview conduite par les étudiants sur les raisons qui s’imposent pour légiférer : protéger les oeuvres de dérives comme le copyfraud, pour ne citer qu’un seul exemple.
La contribution d’André Gunthert, qui reprend sa communication de la journée d’étude sur le sujet à l’Assemblée nationale, est très éclairante pour comprendre les obstacles auxquels se heurtent les chercheurs, notamment en histoire de l’art, face aux incessantes demandes d’autorisation qu’ils doivent effectuer auprès des ayants droit. Si la courte citation est autorisée pour les textes, il n’existe rien de comparable en matière de droit des images, ce qui génère des aberrations préjudiciables à la recherche.
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| La Revue de l’art, caviardée sur Persée |
Et André Gunthert de conclure : « Les usages publics ne menacent pas la culture. Ce sont eux qui la font vivre. La culture n’existe que si elle est utilisée, et non pas seulement consommée. C’est donc en admettant d’oublier les seuls intérêts des industriels qu’on rendra le meilleur service au commerce des œuvres de l’esprit. Quoiqu’il en soit, les images et les contenus multimédia sont dès à présent au cœur des usages. Le droit, lui, n’est plus qu’à la lisière de la légitimité. »
Hervé Le Crosnier rappelle quant à lui les apports aussi importants que visionnaires de Jean Zay qui, après les grèves de 36, défendait déjà une loi sur le domaine public. C’est le déclenchement de la guerre qui empêcha son projet d’être débattu à l’Assemblée.
Le dossier s’achève sur la contribution de Véronique Boukali et d’Alexis Kaufmann, le fondateur de Framasoft, qui ont créé le site Romaine lubrique. Leur projet est né d’un étonnement : attendre 94 ans l’entrée d’Apollinaire dans le domaine public pour le réutiliser pour ses enseignants, c’était décidément trop. Le projet est né pour valoriser le domaine public et les créations qui sont faites à partir des oeuvres désormais libres de droits. Regardez le site et les initiatives qu’il mentionne, on y voit la culture en train de se faire.
L’ouvrage a le mérite d’être pédagogique et de rappeler les nuances entre domaine public, biens publics et biens communs, qui ne sont pas toujours aisées à percevoir. Il se referme sur quelques extraits d’oeuvres désormais réutilisables, pour le plaisir des yeux.
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| Peter Rabbit, Beatrix Potter (1866-1943) |
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| Vertumne et Pomone, Camille Claudel (1864-1943) |
La première condition est de rendre cet ensemble plus visible et accessible à l’ensemble de la communauté universitaire francilienne. Notamment, il est éminemment souhaitable que les universités parisiennes établissent en commun des règles d’accès aux bibliothèques gérées par les services communs de la documentation, aux BIU ainsi qu’à leurs importantes bibliothèques spécialisées. Ces règles d’accès seraient valablement fondées sur deux principes complémentaires :
– l’accès de toute la communauté universitaire parisienne à l’ensemble des bibliothèques ;
– un accès prioritaire à certaines de ces bibliothèques, compte tenu des contraintes de locaux, en fonction de critères de niveau d’étude et de recherche ou de critères disciplinaires.
Rapport d’activité de l’IGB, 2014
(c’est moi qui souligne)
Dans le cadre de l’une de nos unités d’enseignement, l’enssib nous a proposé d’organiser des tables rondes. Evidemment, « la bibliothèque sur le web » est une thématique qui m’a parlé…
Nouvelles attentes des usagers vis-à-vis de la présence des bibliothèques sur le web
Quelles réponses des professionnels ?
Pour conclure…
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Hashtag : #bibsurleweb
Storify
1. Du stock au flux
2. Nouveau modèle de bibliothèque
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[1] COUNTER (Counting Online Usage of Networked Electronic Resources ) est un code de bonnes pratiques en vue de « produire les spécifications précises pour produire les données d’usage dans un format qui convienne à leurs clients. » Voir : https://iww.inria.fr/ist/couperin-annonce-la-traduction-du-code-de-bonne-pratique-counter-version-4/, consulté le 18 avril 2014.
[2] Frédéric Souchon, Faire vivre les ressources numériques dans la bibliothèque physique. Le cas des bibliothèques universitaires, mémoire de DCB, Villeurbanne, enssib, 2014, p. 23 et suivantes.
[3] Pierre Carbone et François Cavalier, Les collections électroniques, une nouvelle politique documentaire, Paris, France, Cercle de la librairie, 2009, p. 539.
[4] Bertrand Calenge, Bibliothèques et politiques documentaires à l’heure d’Internet Bertrand Calenge, Paris, Cercle de la Librairie, 2008, p. 143.
[5] Ibid., p. 142.
[6] Pierre Carbone et François Cavalier, Les collections électroniques, une nouvelle politique documentaire, op. cit., p. 159.
[7] Ibid., p. 26.
[8] Bertrand 19- bibliothécaire Calenge, Bibliothèques et politiques documentaires à l’heure d’Internet Bertrand Calenge, op. cit., p. 168.
[9] Pierre Carbone et François Cavalier, Les collections électroniques, une nouvelle politique documentaire, op. cit., p. 135.
[10] Charte des bibliothèques, Conseil supérieur des bibliothèques, 1991, http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/1096-charte-des-bibliotheques.pdf, consulté le 18 avril 2014.
[11] Bertrand Calenge, Bibliothèques et politiques documentaires à l’heure d’Internet Bertrand Calenge, op. cit., p. 167 : « Le changement est important : on devient de moins en moins propriétaire d’un fichier numérique, on négocie un droit d’accès à celui-ci selon certaines conditions d’utilisation et pour une certaine durée. »
[12] Frédéric Souchon, « Faire vivre les ressources numériques dans la bibliothèque physique. Le cas des bibliothèques universitaires », op. cit., p. 74.
Tenter de cerner les contours de la notion de médiation n’est pas chose aisée. Très employé, le terme recouvre bien des significations, qui ne sont pas forcément les mêmes selon qui l’emploie. Présentant un dossier du Bulletin des bibliothèques de France consacrée à la médiation en 2007, Yves Alix évoque une notion « passe-partout » et cite Jean Caune, théoricien de la médiation culturelle, qui regrette « l’usage indifférencié de la notion de médiation »[1].
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[1] Yves Alix, Retours sur la médiation, http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2007-06-0066-000, consulté le 7 février 2014.
[2] MÉDIATION : Définition de MÉDIATION, http://www.cnrtl.fr/definition/m%C3%A9diation, consulté le 1 avril 2014.
[3] « En bibliothèque, cette question resurgit prédiodiquement, en particulier quand éclatent des conflits avec des franges du public. » Yves Alix, Retours sur la médiation, http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2007-06-0066-000, consult? le 7 février 2014.
[4] Passeurs culturels dans le monde des médias et de l’édition en Europe (XIXe et XXe siècles) [actes du colloque organisé en septembre 2003 par les animateurs de l’Ecole doctorale MIF de l’université de Lyon 3, de l’ENSSIB et du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines de l’Université de Versailles] / [publ.] sous la direction de Diana Cooper-Richet, Jean-Yves Mollier, Ahmed Silem, Villeurbanne, Presses de l’ENSSIB, coll. « Référence (Villeurbanne), 1621-3084 », 2005, 348 p., p. 161.
[5] Op. cit., p. 170.
[6] René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, Paris, France, Bernard Grasset, coll. « (Livre de poche. Collection pluriel) », 1961, 351 p.
[7] David Sandoz et Bernard Huchet, Repenser la médiation culturelle en bibliothèque publique: participation et quotidienneté, Villeurbanne, Rhône, France, 2010, 69 p., p. 24.
[8] Quel modèle de bibliothèque ?: séminaire, Villeurbanne, Presses de l’ENSSIB, coll. « Papiers », 2008, 183 p., p. 147.
[9] Jean Caune, La démocratisation culturelle : une médiation à bout de souffle, Presses universitaires de Grenoble, 2006. P. 132.
[10] Centre de promotion du livre de jeunesse (ed.), Médiations, médiateurs, médias: du concept à la pratique, comment penser la médiation en littérature jeunesse actes du colloque, Montreuil, Centre de promotion du livre de jeunesse Conseil général de la Seine-Saint-Denis, 2006, 160 p., p. 99-100.
[11] Op. cit. p. 100.
[12] Silvère Mercier, « Médiation numérique : une définition », Bibliobsession, http://www.bibliobsession.net/2010/03/03/mediation-numerique-en-bibliotheque-une-definition/, consulté le 7 février 2014.
[13] Christophe Robert, « Actions de médiation des collections : petite typologie », Lirographe, http://lirographe.wordpress.com/2010/02/22/actions-de-mediation-des-collections-petite-typologie/, consulté le 7 février 2014.
[14] David Sandoz et Bernard Huchet, « Repenser la médiation culturelle en bibliothèque publique », op. cit.
[15] Etienne Cavalié, « Médiation et désir mimétique », Bibliothèques [Reloaded], http://bibliotheques.wordpress.com/2013/12/13/mediation-et-desir-mimetique/, consulté le 7 février 2014.
[16] En cela, Etienne Cavalié s’oppose à Anne-Marie Bertrand qui considère que tout ce qui fait interface entre la ressource et l’usager participe de la médiation. Voir David Sandoz et Bernard Huchet, « Repenser la médiation culturelle en bibliothèque publique », op. cit., p. 20.
[17] Anne-Marie Bertrand, Médiation, numérique, désintermédiation, http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2013-03-0023-004, consulté le 7 février 2014.
[18] Accart Jean-Philippe, La médiation en bibliothèque : les 5 médiations : support de cours, http://fr.slideshare.net/jpa245/mediation-jp-accart7juin2013, consulté le 7 février 2014
[19] Quel modèle de bibliothèque ?, op. cit., p. 38.
[20] Anne-Marie Bertrand, « Médiations, formations, réflexions et interrogations », L’écrit et ses médiations, Paris, BPI, 2009, http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/48210-mediations-formations-reflexions-et-interrogations.pdf, consulté le 7 février 2014
[21] David Sandoz et Bernard Huchet, « Repenser la médiation culturelle en bibliothèque publique », op. cit., p. 13.
[22] Silvère Mercier, « Les bibliothécaires, médiateurs dans l’océan du web », Bibliobsession, http://www.bibliobsession.net/2012/09/10/les-bibliothecaires-mediateurs-dans-locean-du-web/, consulté le 7 février 2014.
[23] Etienne Cavalié, « Médiation et désir mimétique : Le bibliothécaire intermédiaire ou médiateur ? », Bibliothèques [reloaded], https://bibliotheques.wordpress.com/2014/01/20/mediation-et-desir-mimetique-le-bibliothecaire-intermediaire-ou-mediateur/, consulté le 7 février 2014
[24] Olivier Chourrot, Le bibliothécaire est-il un médiateur ?, http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2007-06-0067-000, consulté le 7 février 2014.
Ateliers ouverts
Articulation du sujet
- une première partie rappellerait l’explosion des nouveaux modes de communication de la recherche. Plusieurs d’entre eux peuvent être étudiés. Les blogs de chercheurs, en premier lieu, ont vu leur nombre augmenter considérablement ces dernières années, notamment avec le développement de la plate-forme Hypothèses. Carnets de terrain, de débat ou de séminaire, carnets de chercheur, ils témoignent d’une volonté de partager des pratiques et des résultats. En second lieu, les réseaux sociaux académiques, que la communauté scientifique investit toujours davantage, constituent des espaces d’information incontournables. Ils rendent aussi compte des discussions et controverses du moment. ResearchGate, Academia.edu, pour ne citer qu’eux, en sont quelques exemples. Les réseaux grand public, tels twitter et Facebook, ne sont pas à négliger car ils sont utilisés au quotidien par certaines communautés de recherche. Enfin, les listes de diffusion, qu’elles soient disciplinaires ou thématiques, ont une audience très large auprès des communautés de recherche. Qu’elles concernent un domaine particulier ou des questions inter-disciplinaires – l’accès ouvert par exemple, elles sont un reflet au quotidien des préoccupations et des questions des communautés de recherche.
- une seconde partie pourrait interroger les pratiques des bibliothécaires autour de ces nouveaux modes de communications. Par le biais d’une enquête et/ou d’entretiens, il s’agirait de savoir si les personnels se rendent ou non sur ces nouveaux espaces qui sont autant de sources d’information, s’ils y prennent part (listes de diffusion) et s’ils les utilisent (plate-formes de blogs). Si l’on a pu constater sur Hypothèses.org l’ouverture de quelques carnets de bibliothèques, voire même de blogs de bibliothécaires, il conviendrait de voir si cette pratique est augmentation et si les établissements insufflent ou pas une dynamique en ce sens. De même, on pourrait tenter de mesurer comment les bibliothécaires sont présents sur les listes de diffusion et les réseaux sociaux liés à la recherche.
- des pistes de réflexion concernant des services à proposer aux chercheurs via ces espaces d’échanges pourraient être esquissées dans une troisième partie. On peut imaginer des services en amont des nouvelles pratiques des chercheurs comme des formations à la maîtrise de l’identité numérique, à l’utilisation des blogs et des réseaux sociaux. Ces formations sont déjà proposées par quelques établissements qu’on pourrait étudier. D’autres services pourraient se développer en aval, via la mise en valeur des collections et des services : production de billets de blogs sur des plate-formes spécifiques, mailings sur les listes de diffusion et participation aux discussions, animation de groupes sur les réseaux sociaux, etc. Devenant producteur de contenus, le bibliothécaire développerait de nouvelles compétences auxquelles il devrait être préalablement formé. Pourtant, sa participation active à la vie des communautés sur ces espaces est précisément ce qui pourrait lui permettre d’être hors les murs et de renouer des liens parfois distendus avec les chercheurs. Ce faisant, il acquerrait davantage de visibilité. On peut espérer que celle-ci pourrait conduire, peut-être, à entretenir des relations plus étroites avec les chercheurs.
« Être là où le public passe »3
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« Sur son carnet, l’historien travaille à « atelier ouvert » : il dévoile le quotidien de son activité, ses lectures, ses trouvailles, ses hypothèses, ses doutes. Finalement, il évoque un aspect de la recherche « en train de se faire » (selon la formule empruntée à Bruno Latour), qui intéresse aussi bien ses collègues les plus immédiats, désireux d’accéder sans délai à cette information et éventuellement de la critiquer sur le mode de la conversation scientifique, et en même temps un plus large public intéressé pour une raison ou une autre par le thème traité. »MOUNIER P. « Ouvrir l’atelier de l’historien. Médias sociaux et carnets de recherche en ligne ». Revue d’histoire moderne et contemporaine. 30 janvier 2012. Vol. n° 58-4bis, n°5, p. 101‑110. ↩
- DACOS M. Comment mieux faire connaître mes recherches ? En ligne. Blogo-Numericus. 24 août 2012. Disponible sur : < http://blog.homo-numericus.net/article10288.html > (consulté le 28 février 2014) ↩
- L’ÉQUIPE@GALLICABNF. « Une bibliothèque numérique sur les réseaux sociaux : » s.l. : s.n., 2012. Disponible sur : < http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2012-05-0031-007 > (consulté le 28 février 2014) ↩
Le second argument correspond au risque de plagiat, pratique bien réelle dans le monde universitaire, loin d’être l’apanage des étudiants. En réalité, la mise en ligne me semble être un instrument de lutte contre le plagiat bien plus efficace qu’un dépôt dans une seule bibliothèque universitaire. D’abord, référencée en ligne, une thèse est mieux connue ; ensuite, les logiciels anti-plagiat – de plus en plus utilisés par les universités – moissonnent les dépôts d’archives ouvertes.
J’étais attablée en salle de travail à la bibliothèque, toute entière dans ma lecture, bien contenue dans le rond éclairé de ma lampe et dans le silence entretenu, dans ma bulle comme on dit. Il a eu ce geste d’ombre sur moi, il a fait ce que je déteste, ce que je n’ai jamais laissé personne faire avant lui, lire par-dessus mon épaule. Je ne sais pas pourquoi, cette fois, ça ne m’a pas gênée. Je ne l’ai pas regardé. Passé un tout petit temps d’arrêt et de surprise, j’ai recommencé à lire, et lui de même, derrière moi, debout, après avoir eu cette délicatesse de s’écarter juste de quoi me redonner suffisamment de lumière et sans jamais salir le silence, ce silence de bibliothèque fait de petits bruits de papier, de chaises à peine poussées et de pas chuchotants. Ses mains se sont posées de part et d’autres des miennes, qui tenaient le livre, ses bras tendus ont fait comme des barrières de protection pour mon espace, cet espace de lecture jalousement épousé, notre espace désormais. Et nous avions sans voir nos yeux les mêmes regards, les mêmes pauses. Même arrêt des virgules, mêmes fins de phrases. Je sentais en tournant la page qu’il était arrivé en bas d’elle. Nous lisions au même rythme, et depuis nous avons veillé à garder ce rythme, même quand ça ne va plus trop entre nous. Nous lisons toujours ensemble, et si nous nous manquons de quelques lignes, nous nous attendons.




