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– Docélec (ter) : c’était le sujet qui faisait bruisser la « bibliotoile » en décembre, on avait trouvé des ouvrages coquins sur Gallica. Cette anecdote m’a fait me poser de nouveau la question de la maîtrise par les bibliothèques des bouquets de documentation électronique et plus largement de l’appropriation de ces grandes masses de contenus par les bibliothécaires en service public (réel ou virtuel).
– Débat : à la suite de l’article de Pascale Kremer dans Le Monde, « La médiathèque mute« , Yann Moix a réagi dans une tribune fort passéiste. Plusieurs collègues lui ont répondu, voir notamment chez Hortensius.
– Se pencher sur la question et avoir une idée de l’infini…
Une précision au préalable : je tiens à dire que je ne me considère pas de ceux qui sont suffisamment à l’aise avec le web : je connais le web 2.0 et quelques astuces sur les navigateurs mais, que la situation se complique et je reste totalement désemparée devant l’écran.
Mon propos se situe encore en amont de ce questionnement. En formation, on se rend compte que lorsqu’on veut faire créer un compte à des stagiaires pour présenter ensuite un outil, très peu connaissent les captchas, tandis que quelques-uns ont encore du mal à écrire leur adresse mail, n’en comprenant pas la construction.
Bref, procédez sur Internet comme vous le feriez dans une bibliothèque : sélectionnez vos sources en fonction de leur fiabilité et de leur pertinence. Auriez-vous l’idée, en bibliothèque, d’aller chercher la définition d’un terme littéraire dans Elle, sous prétexte que la collection complète de l’hebdomadaire est plus près de l’entrée que les dictionnaires spécialisés ?
« La fiche, qui structure l’ensemble des fichiers, symbolise ce tournant. Les volumes épais et peu maniables des registres sont en effet remplacés par des casiers ou des armoires dans lesquelles des feuillets cartonnés de petit format sont disposés verticalement. Ce système offre de multiples avantages : il permet d’ajouter des éléments, de les modifier ou de les remplacer, de les classer suivant des rubriques et, surtout, de les supprimer. Il est possible désormais de conserver une même structure de classement pendant des décennies et d’en épurer régulièrement le contenu ; cette propriété du fichier permet un changement notable d’échelle dans le stockage des informations. Le maniement aisé de la fiche facilite aussi l’inscription, la consultation et la transmission des informations. Fondés sur des techniques de classement, les fichiers permettaient de constituer des systèmes réticulaires composés d’un fichier central et de fichiers locaux ou spécialisés. Ces systèmes d’information se multiplient au cours du XIXe siècle et l’inscription multiple des individus par une administration nationale a pu être ainsi perçue comme l’expression d’une « mise en fiche de la société » contribuant à l’édification d’une identité légale des personnes.(…)Les discours de légitimation de l’extension des nouvelles technologies d’identification se répètent également à travers l’histoire, au XVIIIe siècle, sous la IIIe République en France à la fin du XIXe siècle ou au début du XXIe : les bons citoyens n’ont rien à craindre des mesures destinées à combattre les délinquants ou les illégaux. Mais rien ne peut toutefois garantir des détournements, opérés par un Etat ou un groupe de pression, des nouveaux instruments d’identification dont il s’est doté, comme l’ont montré maints exemples au cours du XXe siècle. »Histoire de l’identification des personnes | Ilsen About, Vincent Denis
Il s’agit de nous, les citoyens, qui sommes décidément des documents comme les autres !
Brrr ! Il est toujours surprenant de programmer son blog des semaines auparavant. J’avais complètement oublié ce billet quand l’un d’entre vous m’a dit « qu’est-ce qu’on gagne ? » A vrai dire, je n’en sais trop rien…
« La fiche, qui structure l’ensemble des fichiers, symbolise ce tournant. Les volumes épais et peu maniables des registres sont en effet remplacés par des casiers ou des armoires dans lesquelles des feuillets cartonnés de petit format sont disposés verticalement. Ce système offre de multiples avantages : il permet d’ajouter des éléments, de les modifier ou de les remplacer, de les classer suivant des rubriques et, surtout, de les supprimer. Il est possible désormais de conserver une même structure de classement pendant des décennies et d’en épurer régulièrement le contenu ; cette propriété du fichier permet un changement notable d’échelle dans le stockage des informations. Le maniement aisé de la fiche facilite aussi l’inscription, la consultation et la transmission des informations. Fondés sur des techniques de classement, les fichiers permettaient de constituer des systèmes réticulaires composés d’un fichier central et de fichiers locaux ou spécialisés. »
Quand quelqu’un, jeune ou vieux, vous dit qu’il a eu la chance d’avoir un professeur qui l’a marqué, on peut être sûr que ce professeur était amoureux de la littérature, des sciences, d’une idée, et qu’il a communiqué son amour à ses élèves par osmose. Un enseignement sans chaleur, réduit à l’analyse et à l’exégèse, ne produit pas des lecteurs pour qui la lecture et la vie intellectuelle sont une passion de tous les jours.
L’autre jour, dans une très grande librairie, j’ai vu arriver deux adolescentes d’une quinzaine d’années, qui paraissaient aussi excitées que si elles se rendaient à une fête. Mais en voyant tous ces rayonnages couverts de livres, elles prirent soudain une expression inquiète et se serrèrent l’une contre l’autre en regardant à la ronde d’un air stupéfait. Voyant qu’elles allaient s’enfuir, je m’avançai vers elles et leur demandai si elles avaient besoin d’aide. Elles déclarèrent qu’elles cherchaient un livre. Quel livre ? Eh bien… elles n’en savaient rien. Leur professeur leur avait dit qu’elles devaient lire des livres et passer moins de temps devant la télévision. Elles n’imaginaient pas qu’il existait tant de livres. Non, il n’y en avait pas chez elles, leurs parents ne lisaient pas. Je vis alors ce qu’elles voyaient, un espace aussi vaste qu’un entrepôt et rempli de milliers de livres, dont chacun était un monde inconnu, un défi, un mystère. Je les accompagnai donc de rayon en rayon en leur expliquant qu’ils étaient classés par genre : romans, biographies (ouvrages retraçant la vie d’une personne), autobiographie (ouvrages retraçant la vie de leur auteur), animaux, voyages, sciences etc. Elles sortirent avec une demi-douzaine de livres, et j’espère qu’elles sont retournées plus tard dans une librairie.
Je crois que les gens travaillant avec des livres ou élevés dans une famille où leur présence allait de soi ne peuvent imaginer la confusion, l’effarement, le découragement qui s’empare nécessairement de jeunes gens auxquels on recommande de lire alors qu’ils n’ont ni parents ni amis plus âgés pour les conseiller.