Liber, libri, m. : livre

Bibliothéconomie & Cie. - Dir. publ. et réd. en chef Cécile Arènes. - Paris : [s. n.], 2006 - ... .

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Bibliothécaire interne, écrits 2012

J’avais l’intention d’écrire un billet sur le sujet mais les petits jeunes (*) ont été bien plus rapides. Voyez donc chez eux
Qu’ajouter qui n’ait déjà été dit : il faisait très froid, le RER était capricieux, j’ai tenté de me replier dans un endroit tranquille pour ne voir personne avant les épreuves (raté). Arcueil et sa maison des examens sont toujours des endroits tristes à se pendre, devoir y revenir encore n’est pas des plus agréables. J’ai entendu plusieurs candidats de BU dire à la sortie qu’ils étaient contents car ils étaient en pleine « mariannisation » de l’accueil, c’est aussi mon cas. Rien d’autre à dire, c’est un concours de plus de passé, je n’ose plus croire que ça pourrait être le dernier.
(*) Je compte en âge de blog (je ne connais pas les dates d’anniversaire des biblioblogueurs, rassurez-vous) et, en âge de blog, je suis une mémé…

Du côté des BU #12/1

Pour bien commencer l’année, un numéro double puisque je n’avais pas publié en décembre. Certains billets ont donc près de deux mois, une éternité, me direz-vous…
Un petit rappel : ces billets mensuels s’adressent à ceux qui veillent les années bissextiles plutôt qu’aux compulsifs de l’agrégateur 😉 Je m’astreins à leur rédaction car elle m’oblige à archiver les articles qui m’ont paru intéressants.
Si vous n’en lisez qu’un…
– Ce serait sans doute ce coup de gueule de Silvère Mercier à la fin de l’année, coup de gueule que je ne peux que partager. Pour tout dire, je reste interdite de voir le peu de réactions qu’entraînent ces lois et accords successifs qui n’ont de cesse de verrouiller toujours plus la toile.
Pour les concours !
– A ceux qui passent le concours de BAS, ne manquez pas ce billet de Lirographe sur la veille en musique classique, une mine si votre sujet porte sur la musique à l’épreuve de méthodologie de recherche documentaire.
– Un joli billet d’un blog tout neuf sur le « syndrôme de l’éternel candidat« , cette lassitude qui finit par arriver inévitablement après plusieurs tentatives aux concours (pour ceux qui composent le 1er et le 2 février, à lire seulement après les épreuves !).
Métier
Désherbage : un très beau billet sur La grange, qui m’a immédiatement fait penser au désherbage : ce n’est pas une pratique optionnelle, mais un devoir que nous avons de retirer certains documents des collections.
Horaires : Olivier Tacheau et Alain Carré se sont désolés de la fermeture de nombreuses BU à la fin de l’année alors que les examens commencent très tôt en janvier.
Docélec (bis) : le fabuleux EEBO arrive enfin, grâce aux licences nationales !!
Docélec (ter) : c’était le sujet qui faisait bruisser la « bibliotoile » en décembre, on avait trouvé des ouvrages coquins sur Gallica. Cette anecdote m’a fait me poser de nouveau la question de la maîtrise par les bibliothèques des bouquets de documentation électronique et plus largement de l’appropriation de ces grandes masses de contenus par les bibliothécaires en service public (réel ou virtuel).
Bibasse, ça rime avec … A la suite de la fusion de la catégorie B, un nouveau sigle à la sonorité étonnante est en train de voir le jour, explique BAS en action.
Débat : à la suite de l’article de Pascale Kremer dans Le Monde, « La médiathèque mute« , Yann Moix a réagi dans une tribune fort passéiste. Plusieurs collègues lui ont répondu, voir notamment chez Hortensius.
Livres électroniques
– Où l’on constate que les éditeurs, inquiets de la contrefaçon des œuvres, utilisent des moyens qui posent beaucoup de questions : Jean-Marc Manach les résume fort bien, avant lui Richard Stallman les avaient prophétisées. Dans ce contexte, il est plaisant de relire Apologie du livre de Robert Darnton, où il explique que la contrefaçon a toujours existé à grande échelle et de façon très organisée.
« Internet, c’est le Moyen Age » : joli billet qui pointe les similitudes du texte en version papier et électronique.
Droit d’auteur

Se pencher sur la question et avoir une idée de l’infini…

ACTA, SOPA, PIPA
– Beaucoup d’articles ont paru sur le sujet, celui de Korben définit chacun de ces sigles qui n’ont de rigolo que le nom.
– Au vu du nombre de sites hébergés aux Etats-Unis, SOPA nous concerne tous et le monde éducatif n’est pas épargné par ses effets.
Même chose pour HADOPI, comme on a a pu le constater avec les déboires d’un commissariat.
Université
– Assez étonnée par ces mots, rapportés par Anthropopotame : « L’université n’est pas là pour former une élite, il y a les Grandes Ecoles pour cela. » La crise, décidément, fait des ravages partout.

Formation et immersion

J’avais retardé la publication de ce billet, écrit il y a déjà quelques mois. Depuis, il y a eu la migration catastrophique de Delicious et la nouvelle version décevante de Google reader. Et aujourd’hui, une discussion sur twitter me fait le mettre en ligne. Que de temps perdu en formation à présenter les deux outils ci-dessus, qui ne correspondent maintenant plus à nos besoins ! Non contents de rendre nos stagiaires dépendants d’outils désormais obsolètes, nous ne leur avons pas permis de se familiariser avec le web et de choisir leurs propres outils en fonction de leurs préférences et de leurs besoins.

Une précision au préalable : je tiens à dire que je ne me considère pas de ceux qui sont suffisamment à l’aise avec le web : je connais le web 2.0 et quelques astuces sur les navigateurs mais, que la situation se complique et je reste totalement désemparée devant l’écran.

Au fur et à mesure des formations que j’ai pu faire (ateliers pour l’ABF, mais c’était avant de me plonger dans la préparation des concours) et que je fais encore (au travail, pour mes collègues et pour les étudiants), une question a fini par s’imposer : est-ce qu’à privilégier une approche techniciste de l’internet, nous ne faisons pas fausse route ? Je ne parle pas ici de la distinction entre outils et objectifs, qui commence enfin à être posée au début de certaines formations : rien ne sert de se précipiter sur un outil sans savoir vers quel but on veut tendre.
Mon propos se situe encore en amont de ce questionnement. En formation, on se rend compte que lorsqu’on veut faire créer un compte à des stagiaires pour présenter ensuite un outil, très peu connaissent les captchas, tandis que quelques-uns ont encore du mal à écrire leur adresse mail, n’en comprenant pas la construction.
Dans ce cadre, le format du stage pose question. On dispense des formations très ciblées de quelques heures, voire quelques jours, avec de beaux powerpoints, puis plus rien : tout le monde retourne à ses notices… Or a-t-on déjà vu des chirurgiens apprendre leur métier sur diaporama ? (Je tire la comparaison de l’unique newsletter de Nicolas Morin, un des textes les plus percutants que j’ai lu sur les bibliothèques depuis que j’ai commencé à travailler.)
Il me semble qu’on ne forme qu’à quelques aspects minimes du numérique quand il faudrait immerger dans une culture du net. En effet, cette déferlante qu’est l’internet ne va pas de soi pour tous.
Je vois de jeunes collègues s’offusquer que tel ou tel plus ancien ne connaisse pas une astuce sur un navigateur. Mais qui aura pris le temps de leur montrer seulement le fonctionnement du navigateur ? Ils se sont trop formés sur le tas, dans l’urgence des tâches à accomplir. Il ne nous sert à rien de nous indigner contre le niveau, à nous qui manions les flux rss découverts pendant nos études, alors qu’il y a fort à parier que nous serons old style dans pas si longtemps avec nos Netvibes démodés…
Former à des outils reste indispensable, l’utilisation que nous en faisons dans notre travail nous l’impose. Il me semble pourtant que cette approche est trop restrictive. On ne passe pas de vingt siècles de papier à l’écran en un claquement de doigts. Cela, pourtant, les générations d’étudiants que nous accueillons nous y obligent. On dit souvent d’eux qu’ils ne savent pas chercher. Cela est vrai pour une part, ils ignorent tout du web invisible par exemple. Je crois aussi malheureusement que nous convaincre de leur absence de maîtrise du net nous rassure.
Les étudiants ne savent évidemment pas tout mais, nés qu’ils sont avec l’internet, ils y nagent à leur aise. Malgré nos difficultés à appréhender la toile, il nous revient pourtant de les guider. Nos ressources électroniques, l’offre pléthorique sur le web, aussi précieuse que foisonnante, nous y contraignent. Pourtant, comment promouvoir les nouveaux outils quand soi-même on est très fragile dans ce domaine ? Les enseignants savent bien qu’un élève décèle dans l’instant qu’on ne maîtrise pas un sujet.
Ma question, sans aucun embryon de réponse concrète à l’heure actuelle, est la suivante : comment procéder à une acculturation des bibliothécaires au numérique ? Il m’apparaît urgent d’y répondre, l’époque nous imposant de nous situer dans ce paysage de l’information qui se redessine.

Bref, procédez sur Internet comme vous le feriez dans une bibliothèque : sélectionnez vos sources en fonction de leur fiabilité et de leur pertinence. Auriez-vous l’idée, en bibliothèque, d’aller chercher la définition d’un terme littéraire dans Elle, sous prétexte que la collection complète de l’hebdomadaire est plus près de l’entrée que les dictionnaires spécialisés ?

Guide pratique des exercices comparatistes | Anne Isabelle François, Yen-Maï Tran-Gervat. Paris : Presses Sorbonne nouvelle, 2010.

Mais de quoi parle-t-on ? (réponse)

Alors ?
« La fiche, qui structure l’ensemble des fichiers, symbolise ce tournant. Les volumes épais et peu maniables des registres sont en effet remplacés par des casiers ou des armoires dans lesquelles des feuillets cartonnés de petit format sont disposés verticalement. Ce système offre de multiples avantages : il permet d’ajouter des éléments, de les modifier ou de les remplacer, de les classer suivant des rubriques et, surtout, de les supprimer. Il est possible désormais de conserver une même structure de classement pendant des décennies et d’en épurer régulièrement le contenu ; cette propriété du fichier permet un changement notable d’échelle dans le stockage des informations. Le maniement aisé de la fiche facilite aussi l’inscription, la consultation et la transmission des informations. Fondés sur des techniques de classement, les fichiers permettaient de constituer des systèmes réticulaires composés d’un fichier central et de fichiers locaux ou spécialisés. Ces systèmes d’information se multiplient au cours du XIXe siècle et l’inscription multiple des individus par une administration nationale a pu être ainsi perçue comme l’expression d’une « mise en fiche de la société » contribuant à l’édification d’une identité légale des personnes.
(…)
Les discours de légitimation de l’extension des nouvelles technologies d’identification se répètent également à travers l’histoire, au XVIIIe siècle, sous la IIIe République en France à la fin du XIXe siècle ou au début du XXIe : les bons citoyens n’ont rien à craindre des mesures destinées à combattre les délinquants ou les illégaux. Mais rien ne peut toutefois garantir des détournements, opérés par un Etat ou un groupe de pression, des nouveaux instruments d’identification dont il s’est doté, comme l’ont montré maints exemples au cours du XXe siècle. »
Histoire de l’identification des personnes | Ilsen About, Vincent Denis

 Il s’agit de nous, les citoyens, qui sommes décidément des documents comme les autres !

Brrr ! Il est toujours surprenant de programmer son blog des semaines auparavant. J’avais complètement oublié ce billet quand l’un d’entre vous m’a dit « qu’est-ce qu’on gagne ? » A vrai dire, je n’en sais trop rien…

Mais de quoi parle-t-on ?

Exceptionnellement, je publie une citation sans sa source, mais je le ferai dans le prochain billet, pour vous faire deviner quel est l’objet des fiches dont on parle. Alors ?
« La fiche, qui structure l’ensemble des fichiers, symbolise ce tournant. Les volumes épais et peu maniables des registres sont en effet remplacés par des casiers ou des armoires dans lesquelles des feuillets cartonnés de petit format sont disposés verticalement. Ce système offre de multiples avantages : il permet d’ajouter des éléments, de les modifier ou de les remplacer, de les classer suivant des rubriques et, surtout, de les supprimer. Il est possible désormais de conserver une même structure de classement pendant des décennies et d’en épurer régulièrement le contenu ; cette propriété du fichier permet un changement notable d’échelle dans le stockage des informations. Le maniement aisé de la fiche facilite aussi l’inscription, la consultation et la transmission des informations. Fondés sur des techniques de classement, les fichiers permettaient de constituer des systèmes réticulaires composés d’un fichier central et de fichiers locaux ou spécialisés. »

Du côté des BU #11/12

Comme vous êtes sans doute entre le foie gras et le magret, que vous attendez le civet de sanglier et les treize desserts, il n’est pas peut-être pas opportun de se pencher sur un billet de blog.
Le « Du côté des BU #12/1 » sera donc sans doute un numéro double mais ceci ne constitue absolument pas une résolution ferme et définitive 😉

Quand quelqu’un, jeune ou vieux, vous dit qu’il a eu la chance d’avoir un professeur qui l’a marqué, on peut être sûr que ce professeur était amoureux de la littérature, des sciences, d’une idée, et qu’il a communiqué son amour à ses élèves par osmose. Un enseignement sans chaleur, réduit à l’analyse et à l’exégèse, ne produit pas des lecteurs pour qui la lecture et la vie intellectuelle sont une passion de tous les jours.

Doris Lessing, “Introduction à un guide de lecture”, in Le temps mord.

L’autre jour, dans une très grande librairie, j’ai vu arriver deux adolescentes d’une quinzaine d’années, qui paraissaient aussi excitées que si elles se rendaient à une fête. Mais en voyant tous ces rayonnages couverts de livres, elles prirent soudain une expression inquiète et se serrèrent l’une contre l’autre en regardant à la ronde d’un air stupéfait. Voyant qu’elles allaient s’enfuir, je m’avançai vers elles et leur demandai si elles avaient besoin d’aide. Elles déclarèrent qu’elles cherchaient un livre. Quel livre ? Eh bien… elles n’en savaient rien. Leur professeur leur avait dit qu’elles devaient lire des livres et passer moins de temps devant la télévision. Elles n’imaginaient pas qu’il existait tant de livres. Non, il n’y en avait pas chez elles, leurs parents ne lisaient pas. Je vis alors ce qu’elles voyaient, un espace aussi vaste qu’un entrepôt et rempli de milliers de livres, dont chacun était un monde inconnu, un défi, un mystère. Je les accompagnai donc de rayon en rayon en leur expliquant qu’ils étaient classés par genre : romans, biographies (ouvrages retraçant la vie d’une personne), autobiographie (ouvrages retraçant la vie de leur auteur), animaux, voyages, sciences etc. Elles sortirent avec une demi-douzaine de livres, et j’espère qu’elles sont retournées plus tard dans une librairie.
Je crois que les gens travaillant avec des livres ou élevés dans une famille où leur présence allait de soi ne peuvent imaginer la confusion, l’effarement, le découragement qui s’empare nécessairement de jeunes gens auxquels on recommande de lire alors qu’ils n’ont ni parents ni amis plus âgés pour les conseiller.

Doris Lessing, “Introduction à un guide de lecture”, in Le temps mord.
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