Liber, libri, m. : livre

Bibliothéconomie & Cie. - Dir. publ. et réd. en chef Cécile Arènes. - Paris : [s. n.], 2006 - ... .

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L’archivage du web : de la mémoire immédiate au patrimoine mondial ?

Conférence de Gildas Illien, BnF, à la bibliothèque Buffon, Paris.

A l’heure actuelle, la représentation que l’on se fait du web n’est pas patrimoniale : pourtant, il est urgent de démontrer que le web appartient au patrimoine et d’expliquer la notion de cet héritage qui se transporte vers un autre support.
Internet est un média qui permet de nouvelles formes d’expression que l’on se doit archiver. Il est essentiel de conserver ce matériau pour assurer la continuité du patrimoine et de la mémoire. L’archivage du net a débuté en 2006.
Internet présente la spécificité de combiner communication et information, créant des “zones grises”, ce qui va conduire à de nouvelles interprétations de l’espace public.

L’histoire du dépôt légal est à la fois marquée par des grandes inventions (1537 : DL livres, 1925 : DL photos, 1975 : vidéogrammes, 1992 : documents audiovisuels…) et par des faits de société (collectes de tracts pendant les élections). Le dépôt légal ne juge pas mais il a la prétention de l’exhaustivité.
En France, le DL est lié au territoire : on collecte ce qui est produit en France. En Suisse, il concerne tout ce qui a trait à la Suisse [update : sur le cas de la Suisse, voir les précisions dans le commentaire de Sous la poussière, ci-dessous]. D’autres pays collectent ce qui paraît dans leur langue.

Cadre juridique du DL du web : le titre IV de la loi DADVSI étend le DL au web puisque “sont également soumis au dépôt légal les signes, signaux, écrits, images, sons ou messages de toute nature faisant l’objet d’une communication au public par voie électronique.” Désormais dans le code du patrimoine.
Avec le web, c’est la bibliothèque qui s’occupe de la collecte. La seule obligation pour l’éditeur est de “fournir les codes et les informations techniques susceptibles de favoriser l’archivage de leur site en cas de difficulté”.

Dépôt légal : avec l’imprimé, on avait les moyens de tout conserver. On ne les a plus avec Internet : responsabilité intellectuelle dans les choix de collectes.
Le DL monographies représentait plus de 70.000 titres en 2008. Les sites en “nomdedomaine.fr” sont environ un million et ils ne représenteraient que le tiers des sites français. Un site français est défini par son extension .fr, ou par le fait que le responsable d’édition a son siège en France, ou parce que son contenu a été produit en France.

Du point de vue d’un robot, la notion de document n’existe pas, le robot ne voit qu’une continuité d’adressage.
2 approches pour la collecte :
– une approche inspirée des Scandinaves avec des collectes très larges : le résultat est un instantané assez superficiel,
– une approche inspirée des Anglais avec un choix de sites d’excellence et validés : le résultat est trop limité.
La BnF réalise des collectes des deux types.
A l’heure actuelle : 136 teraoctets de fichiers, 12 milliards de fichiers.
La collecte se fait par d’une URL, puis par liens à partir de cette URL (graines ou seeds).
Le logiciel utilisé est un logiciel libre, Heritrix.

Le service du DL du web se compose de 7 ETP et d’un réseau de 80 correspondants qui veillent sur des sujets ciblés. Parmi les 7 ETP, des chargés de collections numériques (affectueusement nommés “mutants” puisqu’ils sont capables de parler aux robots et aux humains) et des ingénieurs. L’informatique et la bibliothéconomie sont de plus en plus souvent amenés à se rencontrer.
Le travail du “mutant” est de veiller à ce que le robot ne tombe pas dans des pièges : les calendriers génèrent des liens jusqu’en 2050 par exemple.
Le format utilisé est le format (W)ARC (actuellement ARC, bientôt WARC), qui est cours de normalisation à l’ISO. L’archivage est daté.
Les serveurs qui conservent les collections du web pour le libre accès sont appelés les petaboxes (les stars, dont j’espère bien que vous pourrez voir des photos si la présentation est mise en ligne, je surveille. A propos, j’avoue que j’ajoute Petabox à ma liste de noms pour l’hypothétique poisson rouge/combattant/japonais qui rejoindra peut-être un jour mon bureau ;-)).
Les données seront conservées dans l’entrepôt numérique de la BnF, SPAR, en OAIS.

A l’heure actuelle, la recherche dans les archives peut se faire par URL et par dates de capture. Pas encore d’indexation plein texte, mais on peut toujours espérer qu’un jour nous aurons un équivalent libre de Google.

Consortium IIPC : collecte de l’Internet sur 3 continents (Europe, Asie, Amérique du Nord, Océanie) : souvent archives et bibliothèques nationales.
Lobbying pour qu’il y ait une loi sur le DL du web dans chaque pays.

Exemples de parcours dans ces archives :
– les élections présidentielles (ce site-là est par exemple archivé),
S’écrire en ligne

Services à créer : un listing des sites archivés pour faciliter la recherche. La consultation ne se fait que sur les sites de Tolbiac et Richelieu : dans la mesure où la collecte concerne aussi des données payantes, la consultation ne peut pas être libre.

Les juristes sont intéressés par ce type de ce service qui leur permet de savoir à quel moment une information a été modifiée (grâce à la date d’archivage).

Une conférence passionnante, vraiment :-)

Voir aussi la page de la BnF sur le DL du web

La clé sous la porte

A la suite de cette lecture, j’ai décidé de passer le test des 10 bonnes raisons de fermer son blog…

  1. Je manque de temps
    Maintenant que je travaille, mon temps de veille se réduit comme une peau de chagrin. Or bloguer, c’est avant tout veiller.
  2. Je n’ai plus d’inspiration
    De moins en moins, j’aime rédiger des notes de lecture mais elles n’apportent rien, bibliothéconomiquement parlant. Côté bibliothèques, depuis qu’Actualitté existe, je n’ai plus grand chose à signaler, ils voient tout avant moi ;-)
  3. Je n’ai pas de trafic naturel
    Heu… Je sais pas, j’aime bien le bio, moi ;-)
  4. Ma communauté est sur Facebook
    Non, sur twitter ! Et j’y passe beaucoup (trop) de temps, autant de moments enlevés au blog.
  5. Plus efficace en tant que Microblogueur
    Avec Tumblr, friendfeed, etc, est-ce la rédaction de longs billets se justifie encore ?
  6. Je ne supporte pas les commentaires négatifs.
    Jamais eu ! A se demander d’ailleurs si ce n’est pas louche.
  7. Je ne gagne pas assez d’argent
    ……………
  8. Je n’écris rien d’intéressant et ne parle que de moi sur mon blog.
    Quand j’ai vu que mon billet fantasque sur mon chat avait fait exploser mes stats, j’ai plongé dans une grande perplexité.
    Mon travail consiste à bulletiner/réclamer et saisir des notices d’acquisition, et depuis peu à recoter de temps en temps : je n’ai rien à dire de ce côté-là.
    Et puis, j’ai beau avoir écrit un ou deux articles par ci, par là, je me sens toujours aussi illégitime. Si un jour ça pouvait me passer…
  9. Mon blog n’apporte pas de valeur ajoutée…
    …à l’heure actuelle, plus aucune, surtout depuis la déferlante DCB15 sur la BBS, tous plus excellents les uns que les autres :-)
  10. Je ne fais que recopier le contenu que je trouve sur d’autres blogs
    J’essaie d’éviter mais c’est difficile, on en perdrait le sommeil. Pour Pearltrees, par exemple, je le découvre un soir, je teste mais il était vraiment trop tard pour rédiger le billet. Je pars dormir six petites heures et le lendemain matin, quelqu’un avait déjà blogué.

Owned ! J’en ai 10 !

Les experts

Un de ces derniers soirs, rentrant tranquillement du travail en m’émerveillant qu’il fît continûment beau depuis plus de trois jours dans la capitale, je trouvai dans ma boîte aux lettres (la vraie, bande de geeks !), outre mon lot quotidien de publicités et autres factures, un petit prospectus.

« Découvrez, me disait-on, les coulisses de la BnF » !!!

Vous imaginez quel ne fut pas mon étonnement d’être ainsi spammée jusque chez moi par l’établissement qui m’accueille quotidiennement dans ces murs (bien que je n’y travaille, même si cela vous laisse sceptique).

M’adressant force reproches de travailler dans l’antique Bn et d’aller jusqu’à résider à quelques encablures de la nouvelle (mais néanmoins déjà humide), je tonnais rageusement en montant la volée de marches qui me séparait de mon logis : « Quoi ! Me poursuivre de la sorte ! Ô regrettée réclame d’escalopes et autres produits aux additifs, que t’es-tu laissé damer le pion par cet insolent petit flyer bibliothéconomique ! »

Rentrée dans l’appartement, je pris le temps de détailler l’audacieux imprimé. Outre les traditionnelles accroches pour attirer le chaland, je lus la phrase suivante, qui provoqua mon hilarité :

« Et profitez des conseils des experts conservateurs et bibliothécaires pour vos ouvrages anciens, documents précieux, monnaies et médailles, estampes, documents numériques. »

Il est vrai que, non contents de posséder déjà les gants et d’officier dans des locaux dignes de films d’espionnage (mon clic droit me signale que les réalisateurs ne s’en sont pas privés), les agents de la BnF sont désormais heureux d’accueillir dans leur rang des experts. De quelle engeance s’agit-il ? Miami, éclairage jaune, avec un Horatio aux deux expressions, content/pas content ? New York et son atmosphère bleutée ?

Si d’aventure vous avez visité Tolbiac à cette occasion, ne manquez pas de narrer céans cette rencontre inhabituelle avec les experts, fine fleur de la bibliothéconomie du nouveau millénaire !

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Et ce n’est même pas un poisson ;-)

Le salon du livre ou le salon du texte ?

Mon propos n’est pas d’opposer le numérique au papier. Je ne viens pas vous dire que le livre papier va disparaître, je viens vous dire comment il va s’augmenter via l’électronique. J’ai du mal à croire que dans 50 ans nous n’aurons plus de documents papiers autour de nous. Mais j’aimerais vous dire pourquoi nous aurons de plus en plus de formes électroniques des livres autour de nous.

Hubert Guillaud, “Qu’est-ce qu’un livre à l’heure du numérique?”

Je n’ai jamais été techniciste échevelée, encore moins défenseur des liseuses. J’avoue avoir longtemps considéré ces machines comme des gadgets, avant d’avoir pu en tester dans un grand magasin. Depuis, je suis attentive à leur évolution, sans pour autant être prête à débourser pour elles une somme qui me paraît encore fort chère. Quant aux livres papier, je les adore toujours autant même si, maintenant que j’en charrie des kilos tous les jours, je ne les tiens plus pour des objets sacrés (persuadée que le sacré n’est pas si lourd ;-)). Enfin, les technologies numériques m’intéressent en tant qu’outils pouvant me faire accéder aux textes (pour ne parler que de l’écrit) mais je me borne à en être utilisatrice, je ne sais pas coder. Toutefois, dans un avenir proche, je pense que des liseuses bien plus perfectionnées que celles commercialisées aujourd’hui forceront notre admiration et que le numérique nous offrira des belles possibilités en terme de création, autant de perspectives que nous ne soupçonnons pas encore, quoique

C’est pourquoi, lorsque je me suis rendue aux nombreuses conférences du salon du livre consacrées à ce sujet, j’étais extrêmement curieuse d’entendre éditeurs, auteurs et autres gens de lettres donner leur avis sur le sujet. J’aurais cependant dû me douter qu’il y aurait un malentendu : au salon du livre, on défend un objet, un « petit tas de feuilles sèches », pas « une grande forme en mouvement : la lecture » (Sartre). Et moi, naïve que je suis, j’attendais des réflexions sur l’écrit. J’allais au salon du texte, en quelque sorte.

Par conséquent, j’ai été extrêmement déçue : que de charges contre le numérique ! Les provocateurs s’estimaient ravis d’être réactionnaires en matière de livres et clamaient aimer le papier pour son côté si pratique. Les sentimentaux regrettaient le confort du livre ; que serait, larmoyaient-ils, Guerre et paix sur liseuse ? Les tourmentés agitaient le spectre des industries qui risquaient de s’emparer des choses de l’esprit, mais également du danger de ne plus prendre le temps de la réflexion.

Le livre papier serait plus pratique ? Ayant eu un certain nombre de fois dans ma vie vingt-sept heures d’avion à tuer, j’aurais été ravie de pouvoir transporter dans un seul objet un si grand nombre de textes, pour avoir le choix de mes lectures dans cette carlingue étouffante.

Le livre papier serait plus confortable ? Au vu des derniers écrans sans rétro-éclairage, on peut en douter. Le livre papier ne tombe pas en panne ? Livre et thé ne font pas toujours bon ménage, me semble-t-il, et je ne parle même pas de l’accident de bain.

Les industries culturelles risquent de s’emparer des lettres ? Laissez-moi rire d’entendre pareille chose dans un pays où l’édition des livres est concentrée entre les mains de deux géants !

Le numérique grignote le moment de la réflexion après la lecture ? Personnellement, je trouve qu’il n’a jamais été aussi facile de se soustraire au monde. Quand j’ai besoin d’un moment de concentration pour lire un texte ardu ou écrire un billet sur mon ordinateur, il me suffit juste de fermer mes messageries instantanées pour travailler en toute quiétude. Dans la vie réelle, quand je veux lire ou écrire, j’ai plus de mal à fermer les enfants, ou le chat, pour ne pas être dérangée…

Mais Guerre et paix sur liseuse, tout de même ! Quand on rétorquait aux idolâtres du papier qu’ils continueraient à lire le roman de Tolstoï sur papier, que les deux ne s’opposaient pas, qu’au contraire le numérique allait leur offrir de nouvelles possibilités de création, ils ne savaient que répondre…

Comment, me disais-je, ces gens du métier pouvaient-ils avancer des arguments si caricaturaux ? Pourquoi s’employaient-ils ainsi à distiller cette peur de l’avenir numérique ? C’est en lisant le petit ouvrage de Georges Steiner, Ceux qui brûlent des livres, que j’ai trouvé une réponse mienne à cette question qui me taraudait.

Steiner y évoque les différences entre écriture et oralité. « Il y a dans le texte écrit (…) une maxime d’autorité (mot qui, dans sa source latine, auctoritas, contient « auteur ») ». Les livres, explique-t-il, ne suscitent pas la contradiction et « c’est en écrivant un autre texte qu’on s’efforce de questionner, de réfuter ou d’infirmer un texte ». A l’inverse, « l’échange oral permet, voire autorise un défi immédiat, des contre-déclarations et des corrections. Il permet à l’interlocuteur de corriger ses thèses, au besoin de les retourner, à la lumière d’une quête et d’une exploration partagées. L’oralité aspire à la vérité, à l’honnêteté de l’autocorrection, à la démocratie, pour ainsi dire de l’intuition partagée ».

Ayant lu cette page de Steiner, je me suis dit que le véritable problème résidait peut-être là : avec le numérique, certains ne craignent-ils pas de perdre leur autorité ? Le texte sur le web est tout sauf figé, il renoue en cela avec l’oralité. Il invite à la discussion et au débat. Accepter le texte numérique, c’est finalement accepter la contradiction. Cela, j’ai l’impression que beaucoup ne sont pas prêts à l’admettre.

Dans son article “Le livre numérique. Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre…” (Esprit, mars-avril 2009), Françoise Benhamou s’interroge sur le statut qui sera celui de l’auteur “L’auteur devra-t-il partager son travail avec un lecteur entré comme par effraction dans le domaine de la création ?” et elle écrit à propos du texte numérique :

“Le texte dématérialisé incite au vagabondage, à la lecture par morceaux. Tout se passe comme si cette sorte de déterritorialisation qu’opère le numérique (en faisant échapper le texte à son territoire, le support imprimé) emportait avec elle une évasion, qui ferait échapper le lecteur à la linéarité originelle du texte. Le lecteur s’émancipe, bousculant l’ordonnancement de l’oeuvre. […] Le lecteur peut exercer un droit sur le texte, un droit sans texte de loi, que lui confère la technologie.”

A mes yeux, le texte numérique est finalement un texte qui tient compte de la participation du lecteur. Toutefois, pendant ce temps, ces malheureuses liseuses sont toujours moquées. Avec le recul, il m’apparaît qu’elles ne sont que les bouc-émissaires d’une peur bien plus grande. Le débat livre/liseuse n’est qu’une fausse question qui masque une véritable inconnue, à savoir la façon dont nous voulons appréhender, demain, les textes.

(J’ai failli ne pas publier ce texte, me disant qu’il était trop péremptoire, pas assez argumenté et sans doute inutile. C’était sans compter sur l’apparition de ce communiqué urticant – lire surtout la réponse de François Bon.)

Et, au moment de mettre en ligne, je découvre , grâce à La Feuille.

Pearltrees

Grâce au blog de Nicolas Cynober, j’ai découvert Pearltrees avec lequel je m’amuse beaucoup depuis deux jours. Du point du vue du geek, ce n’est pas à proprement parler du web sémantique, pour une fausse geekette comme moi, c’est amplement suffisant pour s’émerveiller.

Avec Pearltrees, on peut créer des cartes et les articuler en de multiples branches. J’ai commencé par en faire une de mon profil, avec les services que j’utilise couramment. Puis, suite à la suggestion excellente d’un autre utilisateur, j’ai créé une carte “Livrosphère“, avec des livres de ma bibliothèque Babelio, classés par grands genres. Je n’ai pas forcément mis des livres que j’adore, j’ai juste essayé de bâtir une architecture de ma bibliothèque. Le résultat me plaît et je me suis mise à rêver de catalogues qui se dérouleraient, comme ça, à l’infini…

Trève de mots, allez voir et créez vos propres cartes :-)

Update : je rajoute une petite vidéo que j’ai faite pour présenter ma carte.

“Non mais vous imaginez Proust avec un outil comme un blog ?”

Vous imaginez ?…” Oh que oui, cher taiseux bavard, j’imagine très bien…

Voulant “forme[r] une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur“, JJR ouvre son premier blog, Les Confessions : “Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de son avatar ; et cet homme ce sera moi“. Son premier billet explique : “Je sens mon coeur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre.” Il en fait des commentaires publics sur toute la blogosphère littéraire, à tel point qu’il s’en voit exclu. Traumatisé qu’on l’ait considéré comme un troll, il ouvre un deuxième blog Rousseau juge de Jean-Jacques dans lequel il peut à loisir prendre plusieurs alias et commenter lui-même ses billets. Sur le tard, il crée un dernier blog, Les rêveries du blogueur solitaire, composé de quelques longs billets plus apaisés. L’incipit du premier billet est d’ailleurs très célèbre, “Me voici donc seul sur la toile, n’ayant plus de contact de pro­chain d’ami de réseau que moi-​même. Le plus so­ciable et le plus ai­mant des blogueurs en a été pros­crit par un ac­cord una­nime.”

Victor H. s’essaie brièvement au blog (dès qu’il y a une nouvelle mode, il faut qu’il y tombe), ce qui nous vaut un véhément : “Prenez donc ce blog, et regardez-vous y. On se plaint quelquefois des blogueurs qui disent moi. Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. Hélas ! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé, qui crois que je ne suis pas toi !

Marcel P., refusé par un certain nombre de maisons d’édition, décide d’ouvrir un blog. Il pense que son titre, A la recherche du temps perdu, était trop pompeux et décide d’appeler son blog Gossip guy. Son challenge : un billet, une phrase.

Comment ça je n’ai pas parlé du blog de Gide ? ;-)

Salon du livre – lundi après-midi : pourquoi et pour qui publie-t-on la recherche en sciences humaines ?

Ph. Charrier, BPI

2 à 5 titres papier et 2 à 4 titres électroniques par an. Appuyé sur l’activité des bibliothèques : actualité culturelle, études et recherche.

Pas d’objet de rentabilité mais fonctionnement par fiche de projets, de façon à ne pas éditer à perte.

Distribués par le centre Pompidou.

Pierre Judet de la Combe, EHESS

Le numérique n’a pas entraîné un tassement des abonnements papier.

Les besoins de papier et de numérique sont complémentaires : Revues.org, par exemple, permet d’enrichir la publication : calendrier des manifestations autour d’un thème, etc.

Les éditeurs demandent 3/400.000 signes pour des ouvrages papier, les notes sont de fait souvent supprimées. Avec le numérique, l’appareil critique et le travail de preuves, qui font la qualité de la publication, pourront être démultipliés.

Jean-Michel Henry, FMSH

Le libraire a un rôle de médiateur.

Julie Gazier, Que sais-je?

Il n’existe pas encore de modèle pour le livre numérique en sciences humaines, à la différence des revues où ce modèle existe déjà. Les livres ne doivent pas singer les sites : ils se lisent en continu et ne doivent pas comporter trop d’encadrés.

Christian Thorel, Ombres blanches

La perspective des échanges de textes dématérialisés n’est pas encore connue.

Le danger pour le lecteur est qu’il risque d’être privé du butinage qu’il peut faire à loisir en librairie.

Sur Cairn, on trouve 1% des livres gratuitement : danger d’éffleurer sans connaître réellement les contenus.

PJC

Les commentaires sur Cairn concernent des petites communautés d’opinion scientifiques. Le livre ne permet pas la communication immédiate.

JG

Anecdote d’un auteur qui a eu beaucoup d’échanges avec des lecteurs suite à une publication sur le net et qui en était désolé.

PJC

Les auteurs en sciences humaines doivent être de vrais auteurs. On ne mesure pas l’importance d’user correctement de la langue et de traduire les textes des auteurs étrangers. L’auteur en SH doit être un auteur.traducteur.

Brèves

Lorenzo Soccavo : le danger provient-il du numérique lui-même ou de la grande distribution ?

La crise économique accélère le passage au numérique.

Salon du livre – last but not least : Google recherche de livres

Après hésitation, j’ai fait le choix de délaisser la table ronde du BBF, dont je pourrai lire le compte-rendu prochainement, au profit de Google. C’était une passade, soyez tout à fait rassurés ;-)

Ph. Colombet : Google recherche de livres
Cl. de Gramont : Elsevier Masson
P. Bazin : BM de Lyon
G. Decitre : Decitre

Ph. Colombet

Google vient pour la troisième fois sur le salon pour rencontrer éditeurs et libraires. Aujourd’hui, trois métiers sont réunis autour de Google : bibliothécaire, éditeur et libraire.
Google a conclu un accord entre auteurs et éditeurs : un registre sur le droits du livre existe désormais.
Google recherche de livres reste très proche des bibliothèques mais s’intéresse à l’édition contemporaine.
Google travaille avec environ deux mille éditeurs dans le monde.

C de Gramont

Le partenariat avec Google permet une visibilité du fonds sur Internet.
L’objectif est le signalement des ouvrages par référencement naturel.
Au départ, 1300 ouvrages ont été mis en ligne. Désormais, les ouvrages parus sont envoyés chaque trimestre à Google.
Sur le site d’Elsevier, Google preview est intégré. Ce partenariat est complémentaire de l’offre numérique d’Elsevier.
Elsevier propose des livres papier avec des codes à gratter qui donnent accès à des contenus numériques supplémentaires : les 2 supports sont complémetaires.
Il n’y a pas eu de fléchissement sur les ventes en librairie.
Certains ouvrages, comme les dictionnaires, ne figurent pas sur Google recherche de livres.

Vrin

L’intervenant de chez Vrin n’ayant pas pu venir, c’est Ph. Colombet qui s’est chargé de commenter son diaporama.
1750 titres, 60 nouveautés par an.
Les ventes de fonds constituent l’essentiel de l’activité.
Pour promouvoir leur fonds, création d’un site et partenariats avec Google et Amazon.
Le trafic vers le site a augmenté.
PC précise que les librairies partenaires ont été choisies pour leur démarche sur Internet.

G. Decitre

Réseau de librairies, vente aux professionnels, location de bases de données de livres en langue française. 90% de livres.
Le site Internet existe depuis 12 ans, 1,5 million de visiteurs par mois.
La problématique est simple : il s’agit de saisir la chance du numérique.
Dans les librairies Decitre, 80.000 titres alors que le catalogue comporte 600.000 références (pour le seul français).
Pour les ouvrages à rotation lente, Internet est une chance : vente à la commande.
La difficulté est de faire en sorte de donner au lecteur la possibilité de trouver son livre alors que la production augmente.
Problème du libraire : si tous les éditeurs se mettrent à vendre directement leurs livres, les titres finiront pas ne plus se trouver en librairie.

PC, avant l’intervention de Patrick Bazin

Google est partenaire de bibliothèques depuis 2004 : 28 bibliothèques dans le monde, 7 en Europe et 1 en France.
Pour la bibliothèque, il s’agit d’une numérisation sans bourse délier.

Patrck Bazin

Lyon s’intéresse depuis longtemps au numérique.
Avec Google, le projet est de numériser 450 à 500.000 volumes libres de droits et antérieurs au Xxe siècle.
Ce programme de numérisation s’inscrit dans le cadre d’un appel d’offres (numérisation en mode image et texte + possibilité pour la BM de récupérer les fichiers sur ses propres serveurs).
L’objectif de la BM est de créer sa propre bibliothèque numérique et d’en faire un nouvel outil de partenariat avec les chercheurs.
L’intérêt est de mettre en ligne les ouvrages de Lyon aux côtés des plus grandes bibliothèques du monde. Pour un accès démocratisé, il est important de présenter des ouvrages de plusieurs sources.
Google recherche de livres met en ligne sous l’enseigne de la BM : solution dite hébergée. Dans un premier temps, les serveurs appartiendront à Google.
Les centres de numérisation se trouvent à Lyon.
Contrepartie de Google : exclusivité commerciale des fichiers pendant 15 ans. Les partenariats d’ordre académique de la BM sont prévus.
Europeana (la question n’a pas manqué !) : c’est un portail, et non pas une bibliothèque numérique, et tout n’y est pas indexé. Comme il s’agit d’un portail, les documents numérisés de la BM de Lyon y seront signalés.
Vers un univers numérique qui va se diversifier.
La solution Google pallie le problème des budgets. Hormis Google, qui a les fonds pour des programmes de numérisation actuellement ? Si on n’accepte pas ce partenariat, on laisse les ouvrages de langue française être numérisés par les seules universités américaines.

PC

Les livres du domaine public seront laissés en accès libre.

Google recherche de livres veut offrir une plateforme de feuilletage dès que c’est pertinent : ubiquité d’une plateforme que des professionnels du livre ont à coeur de proposer.
Entre les éditeurs et Google, relation d’hébergeurs à hébergés. Le contrat d’hébergement de conteus est à des fins de promotion et de marketing. Plusieurs centaines d’éditeurs partenaires.

Pour défendre deux de ses petits camarades que la salle a bombardés de questions, l’un des participants (je tairai le nom) explique qu’il est primordial d’assurer la diffusion des contenus. En effet, s’insurge-t-il, « qu’est-ce qu’on est en train de créer comme société sachant que c’est le blogueur du café du commerce qui crée du contenu et fait autorité ? » Il venait de fustiger Wikipédia…

C’est dommage, la conférence avait bien commencé ! Sans alimenter la polémique (mais je tiens tout de même à préciser que les lecteurs de ce blog sont prévenus qu’on n’est pas à l’abri d’y trouver « des choses totalement inutiles » et que je fréquente rarement les cafés, hormis lorsque j’organise des rencontres de blogueurs de bibliothèques), sans alimenter la polémique, donc, je m’interroge : Google serait la solution parce qu’il propose des contenus ? Mais les réponses aux requêtes, comment se font-elles réellement ? Quels seront les titres mis en avant ? Les plus vendeurs chez les partenaires ?


Pour terminer sur une note positive, j’ai été très satisfaite de pouvoir entendre Patrick Bazin justifier son choix et expliquer le projet de numérisation de Lyon. Le débat sur Google et les bibliothèques a souvent été caricatural, il était par conséquent fort intéressant d’entendre les protagonistes eux-mêmes.

Pour aller plus avant, on peut faire un tour ici.

J’enrage quand j’entends des amis bibliothécaires me dirent qu’ils ont passé une demi-journée à faire du catalogage, à faire les mêmes fiches que les bibliothèques voisines. Combien de temps perdu à faire et refaire les mêmes fiches partout, chacun croyant que la subtilité de son commentaire ou de sa description en quelques lignes du contenu sera différente de l’autre. Alors qu’on peut décrire les contenus de multiples manières aujourd’hui. Il y a tant à faire pour que le web documentaire ne passe pas à la trappe, ne passe pas après le web social. Certes, la sociabilité en ligne est primordiale, mais la culture l’est plus encore. Pouvoir accéder de manière inédite aux profondeurs de notre culture, me semble un objectif qui mérite l’attention et les efforts communs de ceux qui la détiennent, la préservent et la font vivre.

Salon du livre – lundi matin : libraires, médias et blogueurs : qui influence le choix des lecteurs ?

H. Gaymard : rapport sur l’avenir du livre

D. de Vigan : écrivain

G. Pairel : libraire

J. Faure : Albin Michel

A. Degommier : Lily et ses livres

K. Michel : Arte

*****

Le blog accroît les échanges et permet à celui qui le tient d’avoir une liberté totale dans ses choix.

La radio s’adapte à Internet : sur Europe 1, courtes interviews, l’intégralité de l’entretien se trouve sur sur le site.

Le libraire, contrairement au blogueur, est tenu par une ligne éditoriale qui est reflète l’identité de sa librairie. Le travail des libraires est primordial, c’est un travail de médiateur. Le libraire est garant de la diversité éditoriale, hors de la seule rentrée littéraire (dit par la libraire ;-)).

L’auteur est souvent invité partout mais pas forcément là où il le voudrait, explique D. de Vigan.

L’analyse littéraire est de moins en moins présente sur la blogosphère, regrette J. Faure. Toutefois, ce n’est pas le rôle des blogs.

La télévision, dit K. Michel, pâtit du poids d’Apostrophes. Elle tente de donner une existence à l’individu. Si elle est parfois promotionnelle et suit l’actualité, la télévision sort aussi des sentiers battus.

Pour Hervé Gaymard, l’état doit être le garant de la liberté, qui passe en l’occurrence par la loi sur le prix unique du livre. L’année dernière, une offensive contre cette loi a été lancée, d’où la mission d’évaluation.

La loi Lang permet le maintien d’un réseau de librairies. Le pilon représente 22 à 24% de la production.

*****

Une intervention pertinente dans la salle : si le blog a pris le relai des médias traditionnels, c’est parce que la télévision et la presse écrite ne reflètent plus la diversité. Les émissions littéraires n’amènent plus à découvrir de nouveaux auteurs, elles se bornent à inviter des personnalités.

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