Travailler en bibliothèque ?

Pourquoi vouloir passer de tels concours, alors que le nombre de postes ne cesse de s’étioler ? Tout d’abord parce que je suis bibliophile, bibliomane et bibliolâtre… Ensuite parce que je ne conçois pas mon activité professionnelle loin des livres. C’est pour cette raison que j’ai fait lettres, contre vents et marées (même si ça ne débouche, me répète-t-on, sur aucun métier bien payé !). Un temps, j’ai pensé à l’enseignement mais le français dans le secondaire est aujourd’hui tellement loin de la littérature que j’y ai renoncé. Selon certains, la situation n’est pas non plus idyllique en bibliothèque. Certes, mais personne ne contraint les usagers à franchir le seuil des salles de lecture.

Et puis, j’ai vu la Bibliothèque nationale du Vanuatu. Dans une rue de Port-Vila, la capitale, j’ai remarqué le panneau « Bibliothèque nationale ». Pour une fois, ma curiosité l’a emporté sur ma timidité et j’ai passé la tête. La Bibliothèque nationale du Vanuatu n’était pas plus grande que le CDI de mon ancien collège, les livres y étaient très vieux et défraîchis. Et pourtant, ceux qui travaillaient là étaient incroyablement silencieux. Ils étudiaient avec acharnement, comme s’ils avaient conscience de leur chance d’avoir accès aux livres, fussent-ils anciens, comme s’ils espéraient par leur travail sortir ce pays de sa misère. Ces usagers-là, j’y pense souvent. Grâce à eux, je me dis que vivre dans les livres pour offrir aux autres la possibilité de les consulter est une chance.

Utopique ? Sans doute, mais tout néophyte conçoit une part de rêve.