Blocages

De plus en plus de collègues font régulièrement part de leur exaspération de voir leurs DSI leur bloquer l’accès à un nombre colossal de sites, dont la liste fait montre d’un ridicule abyssal et d’une ignorance crasse des métiers de l’information. Car non, certains de nos collègues ne peuvent pas accéder aux sites d’Arte, de Radio France, sous prétexte qu’ils vont utiliser de la bande passante. Car non, certains collègues ne peuvent pas non plus accéder aux réseaux sociaux et à leurs messageries privées sous prétexte qu’ils vont perdre du temps.
Le blocage de l’accès à des sites culturels se passe de commentaires tant il est bête et arbitraire. Le blocage de sites comme les messageries me paraît plus pernicieux. J’ai la chance d’avoir toujours travaillé dans des établissements qui ne restreignaient nullement l’accès à aucun site, je me sens donc d’autant plus à l’aise pour évoquer la question.
Pour moi, empêcher l’accès aux mails privés, c’est un peu comme si l’on vous attendait à l’entrée de votre établissement pour vous confisquer votre téléphone portable. Je ris de voir qu’avec les smartphones, les collègues pourront de nouveau mailer à loisir ! Personnellement, ayant changé d’établissement trois fois en deux ans, j’ai communiqué mon mail personnel à nombre de collègues pour éviter de perdre le contact. Je n’ose imaginer ce qui se passerait si je ne pouvais plus accéder aux mails de l’ABF ni aux mails de mes collègues hybrides et à ceux de mes anciens collègues si ma messagerie personnelle était bloquée. Je les sollicite tant pour une question, un doute, que je me contrefiche du moyen par lequel je passe (gmail, chat, tweet et même facebook). Mais il y a pire. Un enfant malade, un problème urgent à régler, il est illusoire de croire laisser sa vie privée sur le pas de la porte en refusant les mails. On n’est pas obligé d’en abuser cependant et quelqu’un qui gaspille son temps, à mon sens, le gaspillerait même sans messagerie bloquée… Il suffit, me semble-t-il, pour rêvasser de regarder par la fenêtre, c’est le premier écran de liberté qu’on nous a inventés !