« La volonté de réforme se heurte à l’inertie des pratiques professionnelles » ; or, « pour les bibliothèques, c’est le changement ou la disparition ! »
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La veille, explique l’auteur en se basant sur l’enquête qu’elle a réalisé, est encore une activité d' »interstice » pratiquée individuellement, voire anonymement. Elle est trop souvent encore frappée d’illégitimité :
« À cet égard, un conservateur en BU raconte une anecdote signifiante. Alors qu’il utilise des informations de veille pour défendre un projet, un membre de l’équipe de direction lui répond par une question : « tu as le temps de faire de la veille, toi ? » Cette réaction, qui tend à présenter la veille comme un luxe que tout le monde ne pourrait pas se permettre, témoigne pour ce conservateur d’un problème dans l’organisation des encadrants : en prenant une place trop importante dans leur quotidien, les tâches opérationnelles empêchent les cadres de prendre un recul pourtant primordial dans leurs fonctions. Nous pouvons cependant proposer une autre interprétation à cette anecdote : lorsque l’on se déclare surpris, dans le cadre d’une réunion de direction, par le temps que des collègues accordent à leur veille, on laisse finalement entendre que ceux-ci ne doivent pas être surchargés de travail : ce-faisant, en partant du principe que la charge de travail entre dans les critères de légitimation professionnelle, on délégitime le porteur de l’information et le résultat de sa veille. Poser la question du temps de la veille nous conduit ainsi à l’enjeu plus délicat de la légitimité des pratiques individuelles en bibliothèque. »
« – le responsable de la veille stratégique : membre de l’équipe de direction et directement dépendant du responsable de l’établissement,– le coordinateur de la veille stratégique : qui assure la fonction de catalyseur du processus de veille, de formation des contributeurs et de suivi de la fonction de veille. Il peut également assurer le support technique du dispositif s’il en a les compétences. »
« Un bon moyen de mesurer l’adéquation d’une information de veille à sa bibliothèque consiste à se lancer dans son interprétation. Or, cette étape est souvent négligée dans un processus de veille, dans la mesure où elle n’est servie par aucun outil technique et où elle réclame une intervention purement humaine. Ainsi que le souligne Christophe Robert : « Comme le fait remarquer Thomas Chaimbault, « le processus s’arrête souvent au niveau de la récolte et faiblit au niveau de l’analyse et de la diffusion ». La veille pure n’a pas d’intérêt en soi : rendre compte, capitaliser, conserver pour avoir accès à l’information au bon moment font pleinement partie du processus. »
Prendre part à un processus de veille peut être fait de manières diverses et parfois très simple : commencer par partager avec ses collègues ses acquis après une formation ou un stage, par exemple. Voilà une chose dont je ne comprends pas qu’elle ne soit pas déjà obligatoire ! Combien de personnes partent en stages, journées d’études, et ne daignent pas en rendre compte (j’ai-pas-le-temps !). Il me semble pourtant que c’est la base d’un métier qui se dit à la fois professionnel de l’information et passeur de connaissances…
« If librarians are not aware of, or are behind the curve in understanding and advantage of today’s trends, then we all run the risk of becoming irrelevant and unimportant to our society. »« I block out an hour every Friday morning to sit down and go through my trend tracking. I try to hold that hour on my schedule, no matter what. »
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| Transhumance à Saint-Rémy-de-Provence. edhi. CC : BY-NC-SA. Flickr. |
Pour conclure, je reproduis ici ces quelques lignes tirées de la page facebook d’une libraire :
« savoure d’exercer un métier dont elle n’a pas à évacuer la pensée. (se dire un dimanche, Tiens, ce livre on devrait le proposer n’est pas désagréable). Penser hors des heures de travail à celui-ci du temps de « l’Usine » n’était que souci et je perdais de l’énergie à m’efforcer d’en faire abstraction.«
Les bibliothèques sont des lieux magiques, leur organisation interne ne devrait pas, le week-end venu, amener ceux d’entre nous qui cataloguent ad nauseam à en faire abstraction…
La transhumance, c’est tellement plus impressionnant avec des vaches. Cette masse que rien n’arrête et dont les sabots font vibrer le sol. On les regarde en tremblant et pourtant on ne raterait le spectacle pour rien au monde. Malheureusement le droit d’auteur a eu raison des vaches en transit, pas moyen d’en trouver sous creative commons…
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| By Père Igor (Own work) [CC-BY-SA-3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons |
– c’est sans doute ce billet de MxSz sur les journées Couperin, où il est question d’open access.
– sur La Grange, Karl Dubost montre que trop de DRM empêchent la circulation des idées.
– toujours pour apprendre, voir chez Muséologique.
Catalogage (non, vous ne rêvez pas)
– catalogueurs de tous les ILN, préparez-vous, unissez-vous, les FRBR et RDA sont là. Conséquence ? Mais du changement, même si c’est d’ordinaire oxymorique avec le catalogage.
Copinages
– c’était mon prof à l’IUT !
– c’était mon condisciple à l’IUT !!
Au fait…
– vous vous souvenez de PNF lettres ? Toutes les vidéos sont désormais en ligne.
Les archives ouvertes sont, dans le contexte des publications en ligne, une nouvelle forme de la communication scientifique directe établie au XVIIe siècle entre savants pour communiquer leurs résultats et les soumettre à la discussion. Elles consistent dans le dépôt des publications soit sur le site de l’auteur, soit sur celui de son institution, soit sur un site national ou même un site consacré à une thématique au plan international. Il peut s’agir de pré-publications ou bien d’articles publiés dans le cas où l’éditeur concède à l’auteur le droit d’y donner accès librement (le plus souvent contre paiement ou après une période d’embargo). Soulignons qu’avant que l’éditeur ne devienne l’exploitant des droits d’auteur, trop souvent, les auteurs cèdent tous leurs droits aux éditeurs au moment de la publication, et qu’il faut donc ensuite redemander à l’éditeur (qui va « concéder » à l’auteur un droit qu’il détenait initialement).
Un des moyens pour mener une politique autour des archives ouvertes et du libre accès est d’encourager d’autres formes des contrats entre auteurs et éditeurs, plus respectueux des chercheurs et de la diffusion des connaissances en libre accès. Cela va jusqu’à des situations où c’est l’auteur qui va concéder à l’éditeur certains droits de diffusion.
Est-ce si grave de transiger sur la qualité ?
Premièrement, cela revient à commercialiser un produit avec des défauts de conception/fabrication. Vous ne le feriez pas avec une voiture, pourquoi le feriez-vous avec un livre numérique. La réputation de l’éditeur est en jeu, et elle le sera de plus en plus. Dans quelques années, l’éditeur qui commercialisera des fichiers codés n’importe comment sera peut-être considéré comme l’éditeur qui publie des livres papier de mauvaise qualité. C’est à méditer.
« J’ai marché sans compagnons sur le sable, et le vent a effacé mes traces… » Nino Savarese (1882-1945)
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| Poindimié, Nouvelle-Calédonie, 16 juillet 2007. Au loin l’îlot Tibarama. |
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| L’inaccessibilité (Santorin, Pâques 2005) |
Je pense que le bibliothécaire incarne quelque part une figure de militant. On est des militants de l’accès au savoir, de la diffusion des connaissances, militants de l’égalité entre tous. On ne peut pas ne pas prendre position et se satisfaire d’une espèce de statu quo. Si on ne se défend pas maintenant, si on n’est pas force de propositions, c’est la mort des bibliothèques.
« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. »




