Bibliothéconomie & Cie. - Dir. publ. et réd. en chef Cécile Arènes. - Paris : [s. n.], 2006 - ... .

Catégorie : billet (Page 11 of 42)

Du côté des BU, #11/11

Une livraison un peu décousue et moins commentée que les précédentes, cause procrastination. Il est possible de protester en commentaire, sans aucune garantie d’effet sur le prochain numéro…

Si vous deviez n’en lire qu’un…
– Alain Carré s’interroge : un magasinier expérimenté ne pourrait-il pas, au bout d’un certain nombre d’années prétendre à effectuer de nouvelles tâches ? Quid de la motivation et de l’épanouissement au travail quand on répète les mêmes tâches inlassablement ? Et pas qu’en catégorie C, d’ailleurs.
Nouvelle catégorie B, saison 2
Et ne manquez pas le spin-off, dans la FPT 😉
Ciel, mon budget !
– Sur fabula, un dossier pour résumer les difficultés financières des universités autonomes,
– A voir aussi la semaine d’Olivier Ertzscheid dans une de ces universités en déséquilibre,

– Dans ce contexte de vaches maigres, apprendre que de nouvelles licences nationales ont été signées fait vraiment plaisir.

Nouveaux horaires, nouveaux usagers, les connaître, s’adapter… ou périr ?
– Pour Olivier Tacheau, la cause est entendue, le nerf de la guerre, ce sont les horaires, sous peine de désaffection des publics,
– Mais ne faudrait-il pas apprendre à connaître ces nouveaux usagers avant toute chose ?
– D’aucuns, plus pessimistes, considéreront qu’il est déjà trop tard et que le métier de bibliothécaire sera bientôt aussi obsolète que celui des allumeurs de réverbères. 
Chemins de traverses (c’est-à-dire qu’on ne parle pas exclusivement des BU !)

– Rien de nouveau sous le soleil
Les médias sociaux, ces affreux méchants qui perdront nos enfants et qui sonnent la déconfiture du monde du travail, etc, … et s’ils n’étaient finalement que la transposition sur écran des plus anciennes de nos pratiques

– Solitude du professeur
Un splendide billet de François Bon, sur cette impression d’être passé de l’autre côté du mur prof/étudiant. Un écho à mon quotidien, qui est froid et policé dès que je suis derrière la banque de prêt et qui redevient chaleureux et d’un tutoiement immédiat lorsque je n’y suis plus.

J’ai commencé un avent, « 24 jours dans la vie d’un BAS », mais ça signifie que je dois rédiger vingt-quatre billets, raconter 24 fois des tâches que je fais quotidiennement, etc, donc je ne suis finalement  pas certaine de le publier…

Acquérir sans s’abimer les yeux, c’est possible ?

Préparer ses commandes sans un traditionnel hebdomadaire papier que je ne nommerai pas, écrit tout petit, est-ce possible ?
Quelques astuces personnelles, qui se complètent avec ce billet. Quand j’ai commencé à acquérir, j’ai dépouillé comme on me l’avait appris l’hebdomadaire en police 6… Puis j’ai cherché à trouver des alternatives qui me fassent gagner du temps pour les acquisitions en français :
– j’ai paramétré plusieurs alertes chez Appel du livre, qui offre des catégories relativement fines,
– j’ai utilisé Vigilibris avant de l’abandonner car les messages reçus étaient très similaires à ceux d’Appel du livre. Toutefois, Vigilibris présente le grand avantage de pouvoir des alertes par collections, parfait quand vous voulez surveiller la parution d’ouvrages au concours, qui paraissent d’années en années dans la même collection.
Ces alertes arrivent dans ma boîte mail et sont filtrés pour être stockées dans un dossier « Acquisitions ». De temps en temps, j’ouvre les messages et j’ouvre Electre. Quand je repère un ouvrage, il part dans un panier Electre.
– je croise ces alertes de fournisseurs avec des alertes provenant d’Electre (abonnement payant) : les alertes sont assez fines et il est possible de surveiller des cotes Dewey, ce qui est très très pratique.
– j’ai aussi des recherches sauvées sur Electre (pour celles-ci je ne reçois pas des mails mais je les retrouve dans mon compte automatiquement). Elles me permettent de surveiller des thématiques ou des collections de façon ponctuelle.
–  enfin, j’ai récemment créé des alertes sur LCDPU pour ce qui concerne les presses universitaires dans les matières qui me concernent. Je regarde aussi la table hebdomadaire de l’AFPUD (qui ne sont pas toujours mis à jour par contre, merci @yv_pic de l’information).
Vous allez me dire qu’il y a beaucoup de redondance dans mes filets d’acquéreur : c’est volontaire pour que les mailles ne soient pas trop lâches.
Vous allez me dire aussi : comment peux-tu être sure de ne rien manquer ? Pendant plusieurs mois, j’ai dépouillé par acquis de conscience Livres du mois en parallèle de ce que je viens de décrire. Le résultat m’ayant paru satisfaisant, j’ai désormais cessé de le faire.
Tout ça ne m’empêche pas d’aller faire des incursions dans les catalogues d’éditeurs, de regarder la presse généraliste et spécialisée et de mener des travaux au long cours en lien avec la poldoc. Disons que ce que je viens de décrire est la surveillance de routine, très pratique pour les périodes chargées, et qu’il est complémentaire des autres tâches de l’acquéreur, qu’on ne peut faire que lorsqu’on dispose de plus de temps.

Quant à moi, je maintiens la position exprimée depuis plus de dix ans.
À savoir que ce qui importe, c’est le texte, et non le livre.

Qu’en effet, le support a une influence sur le texte, autant pour la production littéraire que pour la lecture, mais que c’est un effet de transition (faut-il rappeler tous ces débats sur l’écriture à la plume, au stylo ou à la machine à écrire tout au long du 20e siècle ?…)

Que la question du support est négligeable en regard de celle du génie des auteurs (quand il est là).

Berlol, « Du génie des auteurs (quand il est là) », Journal LittéRéticulaire 2.0

Je vois aujourd’hui le blog un peu comme la prise d’indépendance de tout bibliothécaire adolescent, plein d’idéaux et bien vite rattrapé par le train-train, la pesanteur du système et de la profession… Bref.

Piqué chez Bibolabo

Bibliothèques, écrans

« Ce n’est pas un détail mineur : dans les bibliothèques, on installait les ordinateurs mis à disposition du public contre les murs, pour que le responsable de salle puisse voir les écrans, dispositif panoptique hérité des prisons. »
Après le livre | François Bon
N’avoir jamais réalisé avant de le lire si clairement exprimé dans ce livre à quel point l’écran avait inquiété, dès son arrivée dans les bibliothèques. Lequel d’entre nous songerait à demander aux lecteurs de placer leurs cahiers et leurs livres de façon à ce qu’ils soient visibles de nous ?

***
Il me serait difficile d’écrire ici sur Après le livre tant Roger Chartier l’a si bien fait dans Le Monde. A moins d’être un bibliothécaire imperturbable*, il me paraît indispensable de lire ce texte.

* ceci n’est pas un plagiat, c’est un clin d’œil !

Biennale du numérique #3

Dernier compte-rendu de cette Biennale du numérique, pour lequel j’ai encore repris les tweets qui ont considérablement enrichi les ateliers. Tous mes remerciements à @lioneldujol @stephlulu @v_clayssen @anachasse @FeeeCarabosse @vamange @Aldus2006 @BuGG2Ben @almargerard @ antoinentl et j’en oublie !
Virginie Clayssen, « Edition/distribution, en réseau ? »
On observe à l’heure actuelle une forte croissance forte du marché du numérique aux USA. Les machines d’aujourd’hui s’adaptent peu à peu à nos pratiques de lecture : elles sont conçues pour une lecture relâchée mais également pour de nouvelles formes de lecture pendant les périodes de transhumance (lire sur un smartphone dans les transports).
Pourtant, les nouvelles machines ne sont pas encore totalement adaptées à nos usages : l’effet « page qui se tourne » sur l’ipad – une simple imitation du papier – est très vite insupportable. Virginie Clayssen a comparé nos liseuses actuelles aux premières voitures qui ressemblaient à des carrosses. Il a fallu du temps pour que les voitures trouvent leur forme propre, parfaitement adaptée ; il en faudra aussi pour les nouveaux appareils qui émergent dans le domaine de la lecture. Il ne faut pas négliger non plus la dimension du plaisir de la lecture décrit par de nombreux lecteurs (la fameuse odeur du papier) et en tenir compte dans la conception des appareils à venir.
Cela dit, le travail de l’éditeur ne va pas se modifier totalement, le cœur de son travail reste le même. Acheminer l’objet livre vers le lecteur n’est plus un problème. L’objet rare aujourd’hui, c’est l’attention disponible.
Les libraires rencontrent des difficultés, notamment depuis que le rouleau compresseur des gros acteurs arrive. Certaines relèvent de problèmes de référencement : quelqu’un qui veut acheter un livre tape son titre dans google. Le site du libraire doit être bien référencé (cf. les déboires de Bibliosurf). Un livre avec des métadonnées correctement renseignées ferait 70% de ventes en plus.
Les éditeurs doivent prendre garde à ne pas commettre les erreurs de l’industrie du disque qui a été de laisser tomber ses détaillants. Barnes & Noble, par exemple, est un modèle de réussite de l’articulation papier/numérique.
Il ne faut pas croire que tout va se modifier très vite : le succès d’Amazon s’est construit en quinze ans. C’est la même chose pour les éditeurs actuellement, il existe une grande part de tâtonnement.
Pierre Frémaux, « Lecture numérique, lecture sociale »
Je retiens surtout ici la présentation de Pierre Frémaux, de Babelio.
Babelio a construit une sociabilité autour de la « paralecture ». Les bibliothèques le font-elles aussi ? Pierre Fremaux a comparé les commentaires laissés par les lecteurs sur Babelio et sur le site de la BM de Toulouse (qui a souscrit à Babelthèque), la comparaison n’est pas du tout en faveur des bibliothèques. Personnellement, j’ai tendance à penser que, contrairement aux gens de Babelio qui vous accueillent dès votre inscription sur le site, les bibliothécaires n’investissent pas assez les commentaires et ne créent aucune interaction avec leurs usagers (mais ce n’est que mon humble avis).
L’internaute crée son identité à travers sa bibliothèque. A travers cette brique identitaire, Babelio crée des liens entre eux. Sur la lecture sociale, voir les travaux d’Hubert Guillaud
C’est aussi l’agrégation de l’égoïsme collaboratif qui permet à Babelio d’exister: l’internaute indexe ses livres pour les retrouver.
Pour l’anecdote, Keith Richards a appris la classification Dewey pour classer sa bibliothèque personelle !
***

Pour achever cette série de billets sur la Biennale du numérique, quelques tweets en vrac qui m’ont paru intéressants et auxquels j’ajoute mon grain de sel.
S’impliquer c’est s’exposer. @lioneldujol #biennum S’exposer est un vrai souci. S’exprimer en tant qu’individu et professionnel.
 » S’insérer dans une communauté ce n’est pas s’exposer mais s’impliquer »
La question de l’implication et de l’exposition, nominative ou non (qui n’est pas sans lien avec les badges nominatifs de la bibliothèque physique) est fondamentale : écrire sur le web pour son travail, c’est souvent partager ses coups de cœur de lecteur et être jugé par d’autres. Écriture, orthographe, culture générale sont quelques-uns de ses acquis que l’on expose dès lors qu’on s’implique dans une communauté virtuelle.
Bibliothèque = lieu d’expérimentation d’où la nécessité d’anticiper les besoins tt en restant dans ses missions
@lioneldujol #biennum
A nous d’être des défricheurs ! Tant sur le papier qu’à l’écran, évidemment…
Des m&m’s aux couleurs de l’Enssib. J’ai bien fait de venir ! #biennum http://t.co/vPyb3ZQM
Vous ne rêvez pas, il y a la photo pour le prouver !
#biennum: Les libraires: plus de « maîtrise » du fond, plus la main sur la recommandation, que leur reste-il ? #sequencedeprime 18-Oct-11 16:13 | stephlulu
et tout de suite, cet autre tweet était publié :
Idem bibliothèque ? @stephlulu: #biennum: Les libraires: plus de « maîtrise » du fond, plus la main sur la recommandation, que leur reste-il ? 18-Oct-11 16:16 | lioneldujol
Que nous reste-t-il ? La question est posée. Très vite, je dirai la formation, la gratuité et l’accès libre et anonyme, l’aide. L’animation de communautés, peut-être, un jour 😉
RT @antoinentl: #biennum présentation du projet de plateforme des initiatives numériques dans le domaine du livre #FILL http://t.co/F4FbbQiR
Pour finir sur une note plus légère !

Biennale du numérique #2

Toujours de la Biennale du numérique, quelques notes d’un atelier auquel j’ai assisté, complétées de ce que j’ai pu glaner sur twitter (merci encore aux gens qui tweetent !). Même chose que pour le billet précédent, les commentaires sont ouverts si vous considérez qu’il y a des rectifications à faire dans ce compte-rendu.
Thierry Chanier et Emma Bester, « Archives ouvertes »
Sur slideshare, on peut trouver un powerpoint de Thierry Chanier sur la question des archives ouvertes. Ce n’est pas celui diffusé à l’enssib mais il est récent et très instructif pour compléter ces quelques notes.
Les chercheurs ont comme activité principale d’écrire et de publier, les pendants indispensables sont de pouvoir lire et accéder à la production scientifique. Cependant, en SHS, les chercheurs n’ont pas la possibilité de publier dans des revues de rang A, ni la possibilité de lire les articles de ces revues. Ils sont donc malheureusement condamnés à quémander des articles à ceux de leurs collègues dont les tutelles sont abonnées aux bases de données.
Les éditeurs, eux, demandent aux chercheurs des cessions totales de leurs droits et sont rémunérés pour cela alors que les chercheurs ne sont jamais rémunérés.
Lorsque les publications des chercheurs sont en accès libre, on constate pourtant que le taux de citations augmente. En effet, les AO sont des espaces réticulaires reliés à l’internet. De fait l’accès aux références et leur diffusion en sont facilités. Cf. l’article “Self-Selected or Mandated, Open Access Increases Citation Impact for Higher Quality Research”.
Le prix des revues augmente de façon exponentielle (400% d’augmentation) ces dernières années, beaucoup plus que le coût de la vie. Le taux de profit d’Elsevier est de 36%, beaucoup plus que n’importe quelle branche d’activité. A l’université de Clermont-Ferrand,  sur un budget de 2 millions d’euros, 1,4 million est consacré à la documentation électronique, avec une augmentation annuelle de 5,5%. 400.000 euros sont destinés au seul Elsevier.
Certains périodiques et bases de données accusent des augmentations de 140% sur un an parfois. Le système est devenu complètement fou !
Mandat ID/OA (Immediate-Deposit/Optional-Access Mandate) : dépôt immédiat du texte de l’article sur une OA. Soit le texte est en accès libre d’emblée, soit un délai est mis en place (de quelques semaines à six mois). Cette pré-publication a lieu avant la relecture par les comités, la version est dite « auteur et certifiée ». Il peut y avoir un second dépôt, dit post-publication, après la relecture.
Publier a un coût, même en accès libre. Il faut pourtant travailler sur des modèles en accès libre.
Plusieurs pôles d’archives : institutionnelles, thématiques + nationales/internationales (HAL, ..). La progression du nombre de dépôts est constante. 30% d’articles publiés dans l’année en accès libre, les 2/3 provenant de la voie verte. 70% de la recherche est encore non accessible en accès libre.
En 2006, ce qui est produit sous capital public devrait être publié dans HAL. La question de l’archivage à long terme est réglée puisque HAL travaille avec le TGE Adonis. Dans HAL, sur 582.000 dépôts, on trouve seulement 92.000 articles. En un an, 17.000 dépôts dont du rétrospectif, donc le taux de dépôts véritables est inférieur à 15%.
A l’université de Liège, le recteur Bernard Rentier a imposé un dépôt obligatoire dans l’archive institutionnelle ORBI. Depuis 2009, la seule bibliographie individuelle valide pour les chercheurs est celle qui provient d’ORBI. Bernard Rentier a répondu à une interview à ce sujet. Dans le reste de l’UE, des travaux sont en cours sur une obligation pour les mandats de dépôt.
Les débats ont été plus que vifs lors de cet atelier mais c’est vraiment ce qui en a fait tout l’intérêt. Certains chercheurs ont fait remarquer que tous les éditeurs étaient différents et que la fonction éditoriale était à préserver. Le représentant d’Elsevier signalait qu’il y avait plus de trois mille salariés dans son entreprise, ce qui témoignait de l’importance de l’activité éditoriale.
La discussion a aussi été très houleuse sur la question des barrières mobiles : deux ans, disaient certains qui défendait bec et ongles une revue qui leur apparaissait indispensable et qui disait ne pas pouvoir survivre sans ce long embargo. D’autres s’emportaient, disant que c’était contraire aux conventions internationales.
Une chercheuse a également expliqué qu’elle déposait plutôt des notices que des articles par méconnaissance de ses droits d’auteur, pour ne pas avoir de problèmes avec les éditeurs. Et si les bibliothèques planchaient sur le sujet, me disais-je, pour simplifier la vie des chercheurs ? Il semble que certains SCD en aient le projet.
Tandis qu’une critique étonnante était émise vis-à-vis du modèle freemium de Revues.org, comparé à Deezer, quelqu’un lançait illico par tweet : « alors Cairn, c’est itunes ? » Je me garderai bien de répondre à la question !
Et pour se remonter le moral de malheureux bibliothécaires et chercheurs face à ces diables d’éditeurs (enfin, pas tous, ne nous fâchons pas !), un répertoire d’archives ouvertes dans le monde : Directory of Open Access Repositories.
On a parlé de Sherpa, de Romeo et de Juliet, et j’avoue que je n’y comprenais goutte. Si vous non plus, quelques détails, dont je ne reprends qu’un extrait :
« SHERPA, le consortium  britannique dédié aux archives,  maintient  des dossiers d’information sur les archives ouvertes et institutionnelles :
On a aussi parlé d’Héloise, qui n’est pas encore publié, mais dont on trouve déjà une définition en ligne : « le système Héloïse permet de chercher et de définir les droits de diffusion des revues sur différents supports (archives ouvertes, sites personnels, intranet). »

Biennale du numérique #1

Quelques notes de la Biennale du numérique, qui s’est tenue à Lyon les 17 et 18 octobre. Etant malade, j’ai peu pris de notes sur place et j’ai essayé de reconstituer ce que j’avais entendu à partir d’un tweetdoc réalisé en quittant la Biennale. Tous mes remerciements vont donc aux personnes qui ont twitté ces journées, sans lesquelles j’aurais été bien en peine de faire un compte-rendu détaillé pour mes collègues. Voici quelques-unes des interventions de la première journée, j’essaierai de publier un billet consacré aux ateliers très prochainement.
Comme à l’accoutumée, les commentaires vous sont ouverts si vous relevez une erreur dans mes notes ou une mauvaise interprétation de ce qui a été dit. J’étais enchifrenée, le risque est d’autant plus grand.
Une dernière précision, j’ai malheureusement manqué le discours d’ouverture, pour cause de retard de train.
***

Claire Béslile, « Du papier à l’écran : lire se transforme »
Que devient la lecture avec le numérique ? Il est pour l’instant difficile de mesurer la lecture sur écran. La lecture numérique est inséparable de son outillage technologique, d’où l’importance des interfaces de consultation. La question se pose de savoir qui sera demain le garant des nouvelles interfaces de lecture.
Ce qui ne change pas avec le numérique : lire n’est pas naturel, c’est une activité instrumentée nécessitant un apprentissage. Il ne faudrait pas comparer papier au numérique, mais surtout la façon dont la lecture est modifiée par le Web.
Le regard historique est capital pour comprendre l’évolution induite par le numérique. La lecture va évoluer, elle va devenir extrêmement morcelée mais elle perdurera sous une autre forme car le web apporte une nouvelle expérience du temps. Les mises à jour constantes, autorisées par l’internet, permettent par exemple de donner des signes de vie.
Un autre changement est observé avec le numérique : il s’agit de la question de l’attention, qu’il est pourtant difficile de définir et de quantifier… La pratique de l’internet fait évoluer les capacités d’attention et les processus cognitifs, notamment par un besoin constant d’interactions.
Pour Claire Beslile, on sait gérer la surcharge informationnelle dans le monde réel, on saura également gérer cette surcharge dans le numérique.
Il existe une dimension non négligeable de plaisir dans l’activité de lecture : à ce sujet, voir les travaux de Kringelbach.
Ghislaine Chartron, « Valeurs ajoutées des médiateurs ? »
La technologie (dispositifs mobiles, logiciels libres, cloud computing…) influence les comportements des usagers. Le cloud computing, par exemple, a un impact profond sur les pratiques et sur la diffusion des informations.
Les métadonnées, qui sont à l’origine de beaucoup de services, constituent un enjeu déterminant, une force pour les bibliothèques ?
La non-rivalité et la non-exclusion sont une des propriétés fondamentales du numérique, pourtant on observe la fermeture des formats et des applications. On observe aussi de nouveaux comportements et de nouveaux usages caractérisés par une porosité professionnel/privé. Dans ce contexte mouvant, la question de l’accompagnement au changement est cruciale.
En tant que médiateur, il s’agit de garantir la qualité, la pertinence, la diversité et l’accessibilité des contenus au plus grand nombre. La bibliothèque d’aujourd’hui est aussi un espace physique d’accès au numérique.
Redisons-le, les professionnels de l’information font partie des métiers de l’Internet ! De fait, il est nécessaire aujourd’hui d’avoir des compétences frontières.
A voir le portail desmétiers de l’internet, où apparaissent les métiers de l’info-doc 
G. Chartron déplorait le fait que les gens lisent de moins en moins, notamment des romans. Elle a fait remarquer qu’on le constatait dans le métro, où de plus en plus de gens avaient troqué le livre contre les écouteurs. Sur ce point, Isabelle Aveline lui a rétorqué qu’on n’avait jamais autant lu, autant écrit qu’aujourd’hui. Par contre, selon elle, le roman est maintenant sur facebook. On lit de plus en plus, concluait Isabelle Aveline, ce sont les marqueurs qui sont dépassés.
G. Chartron a également signalé un problème d’attention chez les étudiants, qui rencontrent de plus en plus de mal à se concentrer pendant un cours de trois heures, ce qui pose question pour le médiateur.
Joumana Boustany, « L’accès et la réutilisation des données publiques : état des lieux et des pratiques en France »
Aux Etats-Unis, une licence unique est mise en place depuis une dizaine d’années pour l’accès aux données publiques mais on observe malheureusement un recul aujourd’hui à cause de la crise : il n’y a plus de budget à allouer à ces projets.
En France, l’open data figure dans la loi depuis longtemps et il existe une directive européenne à ce sujet. Malheureusement, il n’y a pas de licence unique, les différentes licences existantes sont même en concurrence entre elles et certaines institutions sont un peu en compétition. Parmi les agences et les organismes qui gèrent ces licences, on peut citer l’APIE, agence du patrimoine immatériel de l’Etat et Data Publica.
La CADA, commission d’accès aux documents administratifs n’a malheureusement qu’un rôle consultatif, ce qui amoindrit considérablement son rôle. Il faut noter qu’une ordonnance du 6 juin 2005 exige que les administrations de plus de 10000 habitants nomment un responsable des données publiques. Toutefois, en juin 2011, une étude européenne pointait les difficultés françaises à avancer sur l’ouverture des données. 
Quelques exemples de sites utilisant des données publiques : Un train de retard ; Kelquartier.com ; un site de signalement de problèmes non urgents (voierie, etc.).
Dans le milieu des bibliothèques, on peut évidemment citer la liste des ouvrages (notice + localisation) disponibles dans les bibliothèques parisiennes.

Et muni de cet ensemble d’éléments, à chaque fois que vous entrerez dans une bibliothèque, vous comprendrez que vous entrez dans un endroit pas tout à fait comme les autres. Dans un endroit finalement beaucoup plus « politique » que n’importe quel autre endroit. Dans un endroit où derrière les livres se joue aussi la possibilité pour une société de créer du lien, de construire des représentations communes ; ou bien d’en supprimer. Chaque fois que vous vous préparerez à travailler en bibliothèque, vous devrez vous souvenir que vous n’êtes pas seulement là pour faire de l’indexation et du catalogage (vous en ferez heureusement de moins en moins), mais qu’il est en revanche indispensable que vous deveniez le professionnel qui va permettre de faire émerger, “dans le calme, des documents que les autres médias détruisent ou noient dans le renouvellement insatiable de leur production” . Pour les faire émerger, pour les choisir, pour les retenir, et puis pour les offrir.

Olivier Ertzscheid, “A quoi sert une bibliothèque ?”, sur son blog de cours
« Older posts Newer posts »