Bibliothéconomie & Cie. - Dir. publ. et réd. en chef Cécile Arènes. - Paris : [s. n.], 2006 - ... .

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Spicilège dominical

Amazon, le futur Microsoft du livre ?

En matière de recommandation, What should I read next ? (Des efforts à faire, néanmoins en ce qui concerne la qualité)

Voilà pourquoi elle ne répondait pas au téléphone ce week-end… Quelques liens néanmoins :

  • Le coup de sang du président de la société des journalistes de l’AFP dans Le Monde :

Accès aux produits culturels numériques en bibliothèques : économie, enjeux et perspectives, débat-conférences organisé par Bibliomédias le 15/05/08

Matinée où il fut question d’économie, même de business (!), de propriété intellectuelle et du rôle social de nos établissements. Notes prises sur le vif, n’hésitez pas à les compléter et les corriger si vous y étiez.

  • Dominique Arot, ABF

L’ABF a pris la mesure de l’importance du numérique : un groupe de travail « Bibliothèques hybrides » réfléchit à ces questions.
Défection de l’Etat. Inquiétudes : il manque une politique nationale. L’ensemble de la communauté des bibliothèques n’est pas forcément au niveau (problème de la formation).
Point fort avec la BnF (Gallica 2, BNUE) qui joue un rôle important.

Bibliomédias : 1er service de prêt numérique en bibliothèque.
Lacune d’information concernant l’économie numérique en bibliothèque.
Bibliomédias : projet qui a démarré en 2006. Plateforme de prêt numérique en bibliothèques : musique, vidéos, livres audios, podcast , information online.

Aspects juridiques liés aux usages.
Sphère du droit de la propriété intellectuelle :
– propriété industrielle (marques…),
– propriété littéraire et artistique (PLA) avec les droits d’auteur qui protègent les œuvres et les droits voisins qui protègent les interprétations.
Droits d’auteurs : 70 ans après la mort de l’auteur, plus s’ils est mort pour la France.
Droits voisins : 50 ans à partir, par exemple, de la date d’enregistrement. Vont peut-être passer à 95 ans.

4 questions à se poser :
– que protège le droit d’auteur ? les œuvres de l’esprit qui peuvent être définies par le fait qu’elles sont originales et qu’elles ont été mises en forme. Le mérite, la qualité de l’œuvre n’intervient pas.
– les droits patrimoniaux correspondent aux droits d’exploitation. Ils sont cessibles par contrat et limités dans le temps.
Les droits moraux : droit au respect du nom (mention du nom de l’auteur et de sa qualité), droit au respect de l’intégrité de l’œuvre (colorisation, etc.). Ils sont incessibles, inaliénables, imprescriptibles, perpétuels.
– les titulaires des droits d’auteur : se pose le problème des œuvres orphelines. Le CSPLA a rendu un avis sur les œuvres orphelines le 10/04/08. Le conseil souhaite donner de l’importance aux sociétés d’auteur qui gèreraient également les droits relatifs à ces œuvres.
– exceptions au droit d’auteur : copie privée, parodie, pastiche.

Exceptions aux droits patrimoniaux : courtes citations (indiquer la source).

Bruno Anatrella avait fait une intervention similaire dont on trouve un compte-rendu ici (page 2).

Contexte législatif mouvant.
Regrette la loi DADVSI : occasion ratée de constituer un cadre clair, mauvaise loi en partie censurée par le conseil constitutionnel. Cadre juridique encore très insécure. La piraterie est toujours considérée comme une contrefaçon (3 ans de prison, 300.000 euros d’amende).
Préservation de la copie privée : accès essentiel au savoir.
Projet de loi très fermé avec un temps de retard : vieille directive européenne. Encore récemment, ratification d’un traité de l’OMPI vieux de 10 ans.
DADVSI : transposition des DRM.
Les bibliothèques sont handicapées par le manque d’exception les concernant. Plusieurs séances de travail ont eu lieu avec l’ABF et quelques exceptions sont passées lors des relectures de la loi.
Le problème des logiciels libres et de l’interopérabilité perdure.
La loi est là pour traduire sur le plan juridique un nouveau modèle économique : pour l’instant, insécurité.
DADVSI 2 : traduction du rapport Olivennes, notamment avec la riposte graduée. Paraît inadaptée.
Mise à contribution des FAI n’était pas une aberration pour financer les droits d’auteur : la télévision finance bien le cinéma. Toutefois, la concentration des labels, etc. rend difficile la mise en place de cette licence.
DADVSI 2 : devrait passer à l’Assemblée pendant l’été. Espère qu’une nouvelle ligne Maginot ne sera pas votée.
Pour les bibliothécaires, il est important de pouvoir exercer de façon sécurisée. Les établissements doivent avoir des moyens suffisants pour ce faire.

  • Yves Alix, BBF

Le BBF suit l’actualité de ces questions.
Recommande la lecture d’« Actualités du droit de l’information » !
Il rappelle que la BM de Martigues a numérisé sa collection de CD pour consultation sur place et avait le souhait de la mettre en ligne, mais avait bien conscience que c’était impossible actuellement.
Le cadre législatif est très rigoureux, s’il est simple, il n’est pas satisfaisant.
Avant la DADVSI, les bibliothèques ne disposaient pas d’exceptions. Aujourd’hui, possibilité de reproduire intégralement des documents pour garantir leur conservation et pour leur consultation sur place. Mais ne donne pas pour autant le droit de communiquer ce qu’on a numérisé. Egalement, exceptions pédagogiques (extraits d’œuvres mais pas de partitions à cause du lobby musical). Pour les publics handicapés, la reproduction intégrale des œuvres est autorisée mais on attend encore les décrets d’application.
Loi sur le droit de prêt : revendication au départ des éditeurs de musique. Mais la loi a été préparée par la DLL donc elle ne concerne que le livre !
DADVSI : loi mal écrite et déséquilibrée.
DADVSI 2 : problème du périmètre de la copie privée. La bibliothèque ne doit pas être considérée comme co-copiste.
Toujours pas de droit de prêt pour les documents sonores mais une tolérance.
Vidéo préfigure ce qui devrait être le paysage demain : négociations contractuelles.

  • Questions / débat

Qu : si licence globale, prix en hausse chez les FAI ?
P. Bloche : concurrence pourrait absorber cela.

M. Fingerhut : coût de la numérisation et durée de vie incertaine du numérique requièrent des financements perpétuels.

Un nouveau modèle économique se met en place : va-t-on communiquer à peu de monde très cher ou à tout le monde pas cher ?

Rapport Bertaud, CNC : mise en place d’un code de bonne conduite en gestation pour les projections publiques en bibliothèques.

  • Dominique Wolton, CNRS

Ne pas réduire la communication à la technique et à l’économie.
Enjeu : éviter que la culture et la connaissance ne soient réduites à l’économie.
Plusieurs points :
– le tout et l’instantanéité ne sont pas synonymes de démocratie.
L’instantané fabrique de la rumeur. Contre la course au direct, l’état-major n’est jamais sur le front. Importance du temps de réflexion.
Dépasser, critiquer l’imperium technique. La technique s’est pliée à un projet politique et culturel ; aujourd’hui, c’est la réalité qui se plie à la technique.
A l’école, les élèves devant l’ordinateur sont en schizophrénie active. Créer des solitudes interactives à cet âge n’est pas bon. Si le marché du cartable interactif se développe, au détriment des enseignants, il y aura une absence de communication : on aura numérisé des gosses !
– redéfinir le concept de culture. La fin des distances physiques révèle l’étendue des distances culturelles.
– envisager le point de vue économique
– se dégager de l’imperium technique : plus les messages vont vite, plus l’incommunication augmente. Il faut faire l’éloge de la lenteur et de la communication humaine.
– il n’est pas possible de redéfinir la communication sans relégitimer des métiers or la bibliothèque répond à un projet d’émancipation des individus.
– redéfinir le rapport privé-public
– distinguer toutes les problématiques des auteurs et celles des intermédiaires
– distinction entre la simplification technique et la complexité des contenus
– le facteur humain est devant nous. Importance des métiers.

Mondomix : media web et papier gratuit + plateforme de distribution numérique sur les musiques du monde.
Appauvrissement de l’économie de la création. Disparition de beaucoup de producteurs/distributeurs indépendants. Vrai problème.
Internet ouvre de nouvelles possibilités de distribution.
Longue traîne : les ventes paient les frais mais ne suffisent pas à rémunérer la création (problème des intermittents du spectacle).
Actuellement, on consomme sans mesurer les conséquences (comme pour le pétrole).
DADVSI : trop répressif. Licence globale ne résout pas pour autant les problèmes de l’économie de la création. S’il y a une taxe, elle devra être obligatoire et ne pas créer de contrepartie (cercle familial élargi mais pas de P2P).
Il faut recréer les conditions d’une unanimité.

La VOD peut constituer un moyen de lutte contre la piraterie, être un relai de croissance.
10 millions de « vidéonautes » en France, 1 million de films téléchargés par jour.
3 millions de pirates.
Chronologie des médias : salle, DVD puis VOD. Les DVD et la VOD vont bientôt pouvoir être mis sur le marché 4 mois après la sortie du film (6 aujourd’hui).
La VOD est un marché partagé entre les FAI, les chaînes et les maisons de production.
Plusieurs sortes : le streaming, la vente, le catch-up (replay), le premium (avant diffusion tv), le gratuit avec pub, le SVOD (abonnement).
De nouveaux acteurs (fnac, carrefour) vont arriver. Les petits acteurs vont disparaître.
La VOD symbolise l’offre légale, son succès dépend d’une lutte plus efficace contre la piraterie.
Rôle des médiathèques : lorsqu’elles proposent de la VOD, le côté éditorial peut faire la différence avec le peer-to-peer. Systèmes d’abonnements avec les établissements : solutions pour que l’internaute puisse consulter chez lui et sur place.

Question : en musique, on peut avoir accès à l’intégralité de certains catalogues (SFR par exemple), c’est une sorte de licence globale privée ?
Réponse : oui mais elle n’est pas encore envisageable pour le film (fichiers trop lourds). On devrait y venir.

Les nouvelles solutions présentées génèreront de nouvelles formes de piraterie.
Importance d’offrir des contenus dématérialisés : site web, catalogue en ligne, services en ligne (Lyon), fourniture de contenus.
La fourniture de contenus se justifie par le rôle social des bibliothèques.
1/6 des inscrits de Troyes utilisent les ressources en ligne.
La VOD fonctionne très bien.
Il y a une vraie nécessité de suivre les évolutions techniques, mais pour partie seulement : il ne faut pas verser dans le tout technologique.
Les contenus dématérialisés ont aussi une dimension patrimoniale : voir la magnifique base en ligne de l’INHA en matière d’histoire de l’art.
Ces nouveaux services répondent à une appétence du public et du personnel. Ils doivent s’accompagner d’un ancrage local : travail avec les artistes locaux, partenariat avec une scène, etc.
La démultiplication des services est indispensable mais le coût des inscriptions empêche l’inscription de nouveaux publics.
Pour l’instant, cela touche surtout des technophiles à la recherche de nouveaux contenus.

Nouvel établissement.
Ont une collection de CD (3000) mais qui n’est pas destinée à augmenter. Les CD ont été numérisés et sont consultables sur place.
Choix de ne pas acquérir trop de collections de références. Par contre, accès aux encyclopédies en ligne, aux sites en ligne. Pour les encyclopédies, le réflexe numérique est là.
Ecoute sur place, musique en ligne, VOD : les demandes débordent. Ces nouveaux services permettent de toucher de nouveaux publics.
Autre innovation : le prêt à la carte, pas de durée limitée. Les prêts ont augmenté depuis.
Coûteux en formation de personnel et en formation des usagers.

Chat de bibliothèque : triste fin

Vous vous souvenez de lui ? Il est à la SPA maintenant (sa fiche signalétique est ici) et j’enrage d’être impuissante. Une bonne âme pour l’adopter ?

Philippe Jaccottet, parlant de sa chatte dans Ce peu de bruits dit ceci : »Une petite âme en chaussons de fourrure, peu de choses, mais tout de même. »

Tout de même…

Spicilège

Depuis longtemps, je cherchais un terme pour qualifier mes weboramas. J’ai successivement commis des revues de blogs, des horue (traduction de surf en tahitien en tahitien), des vagablogages, mais rien qui ne me satisfaisait vraiment. Heureusement qu’il existe des dictionnaires de synonymes qui, complétés par le TLF, m’ont fourni une triade de mots barbares pour qualifier ces billets ! Spicilège, chrestomathie et analectes auront donc cours sur ce blog… Venons-en maintenant aux liens eux-mêmes.

Ranking

Jusqu’à présent, ces histoires de ranking et de classements m’avaient peu intéressée. Puis j’ai découvert que j’avais un ranking de 4, ce qui n’est somme toute pas si mal pour un blog comme le mien, pour lequel je n’avais jamais fait de publicité. Je figure aussi au classement Wikio, catégorie blogs littéraires et depuis que je m’en suis aperçue, j’ai gagné 9 places 🙂

Je vais finir par me prendre au jeu, quoi que…


– A peu près combien de gens visitent ton blog tous les jours ?
– Les visites quotidiennes, je ne le sais pas vraiment, mais pour que tu te fasses une idée de son importance, il est deuxième du pays dans sa catégorie, sur
un des classements les plus célèbres.
– Et quelle est sa catégorie ?
– Blogs sur les disques vinyle d’effets spéciaux de trains russes du 20e siècle
.

Un air – glacial – de déjà vu…

Vous êtes peut-être déjà tous au courant mais, venant de passer une dizaine de jours sans internet, je n’ai pas encore ouvert mon agrégateur !

Parcourant L’Express du 10 avril, je suis tombée en arrêt devant un entrefilet. Il y était question d’un récent commerce de Google. Le géant américain vient en effet de traiter avec des agences de renseignement de son pays. Sur le modèle de Wikipédia, leurs employés auront accès à des serveurs made in Google et à un forum qui répond au petit nom d’Intellipedia. Ceux qui ont lu la nouvelle de Cory Doctorow, EnGooglés, auront, comme moi, une bizarre – et inquiétante – sensation…

Désherbage et conservation partagée

Notes prises au cours de la journée d’étude de Mediadix, n’hésitez pas à les améliorer ou à les corriger si vous y étiez. Je vais faire la chasse aux powerpoints pour les ajouter en lien.

Idée de la journée est née suite à la polémique sur le désherbage, l’année dernière sur Biblio-fr.

Le désherbage, une idée neuve dans les bibliothèques ?
Claudine LIEBER

Vous n’y étiez pas, donc vous ne connaîtrez jamais l’anecdote de l’homme de ménage anglophone… que je me refuse à raconter ici pour cause de respect de la vie privée.

  • Historique

Mouvement lancé par la BPI. Déjà dans les gênes du projet BPI qui prévoyait une collection de documents entièrement tenue à jour.

Rapidement après l’ouverture, de nombreux ouvrages étaient détériorés et périmés (droit). Or, pas de magasins, ni de possibilité de relégation.

Françoise GAUDET, après un séjour aux Etats-Unis, a adapté avec Claudine LIEBER la méthode IOUPI (de Joseph SEGAL).

En 1986, publication d’un dossier technique par la BPI : résumé du séjour d’étude de F. GAUDET, méthode IOUPI et méthode mise en place à la BPI. Ventes très importantes pour ce dossier.

Dès 1975, un congrès ABF sur le thème : conserver, éliminer ?

Par la suite, important rôle des BDP comme relais de ces pratiques. BM ont pris le relais avec la création de réserves centrales.

BU : à la traîne…

  • Pratiques

Comme inspectrice générale, C. LIEBER a constaté que des collections avaient dégringolé à la suite de désherbage sauvage. Le désherbage n’est PAS le pilon et il requiert une solide culture générale.

Le désherbage est facilité aujourd’hui avec les nouvelles dispositions juridiques. N’appartiennent plus au domaine de l’état que les documents « anciens, rares et précieux » (ces trois adjectifs sont apparus sur une circulaire (ou un rapport ?) de l’IGB en 1989). Cela peut présenter un danger. Par ailleurs, la réduction des exemplaires du dépôt légal constitue aussi une source de préocccupations. Les historiens du livre sont très inquiets au sujet des pratiques du désherbage.

Pour autant, il ne faut pas considérer, au contraire, le désherbage comme un gâchis. Il est indispensable.

  • Les BU

Confrontées au désherbage via les collections de premier cycle : relégation dans les magasins. Mais peu de pilon.

Le désherbage est une façon de préserver l’avenir.

e-books vont bientôt débouler sur le marché et il faut s’y préparer dans la mesure où ils risquent de modifier complètement les pratiques de déhrbage.

  • Conservation partagée

Périodiques, fonds locaux, fonds jeunesse. Encore insuffisante.

Cnservation partagée est thématique : CADIST, pôles associés. Problèmes de la couverture, il y a beaucoup de trous. En Angleterre, la conservation partagée est alphabétique.

Problème : les structures administratives ne communiquent pas.

Autre problème : manque de bibliothèques de dépôt.

  • Questions

Bibliothèque Cujas pratique une politique volontariste de désherbage. Se penche sur la rédaction d’une éventuelle charte du désherbage, comme pendant à la charte des acquisitions.

Bibliothèque nordique de Sainte Geneviève a engagé elle aussi une opération de désherbage.

Désherber sans détruire ?
Dominique LAHARY

Regrette le corporatisme affiché à la suite du débat sur l’entretien de Jean-Yves MOLLIER avec Télérama.

  • Détruire oui ou non ?

La France désherbe, le Québec élague !

Il n’est pas possible de laisser des rayons de libre accès encombrés. De plus, ces rayonnages sont répulsifs et les documents n’en sortent pas.

La collection est un flux matériel, sinon intellectuel. De nombreuses bibliothèques n’ont pas à sauvegarder mais à présenter ce qu’il faut à un moment donné.

L’économie du livre est une économie de la destruction : nombre d’invendus finissent au pilon. Elle peut être définie comme un cycle :
cycle naturel : commercialisation, raréfaction
cycle industriel : production, commercialisation, destruction
cycle bibliothéconomique : acquisition, présentation, destruction

Problème de la sacralité de l’objet (alors qu’on met des CD dans les cerisiers !!!!) : tout le monde a le droit de jeter des livres SAUF les bibliothèques et les donateurs ignorent les besoins de l’usager.

Un livre, exemplaire matériel singulier, n’est pas un livre, unité bibliographique représentant une édition. Il n’est pas non plus une œuvre immatérielle faisant l’objet de plusieurs éditions. Or, le trésor, c’est précisément l’œuvre immatérielle, pas l’unité physique.

Problème de la gestion locale du désherbage : trop de destructions.

  • Deux jambes pour une longue traîne

La « mise en place » (terme utilisé par les libraires, ce que les gens voient) et la gestion des demandes. Du côté de l’usager, se traduit par : je viens fouiner/je sais ce que je veux.

L’usager se fiche de la collection, il ne voit que la bibliothèque visible.

La bibliothèque invisible, c’est la collection et, éventuellement, le réseau.

La bibliothèque visible dépend de la surface, ne supporte pas l’encombrement, a besoin de renouvellement.

La bibliothèque invisible n’a pas à se préoccuper de la surface, peut amasser, sa présentation est indifférente, elle a un devoir de constance et de permanence.

Une bibliothèque encombrée devient invisible. Il y a un devoir de renouvellement. Deux modes existent : mode localiste (achat, déstockage), mode coopératif (faire tourner).

La théorie de la longue traîne peut éclairer la bibliothéconomie. La bibliothèque invisible se rapproche beaucoup des marchés de niches sur le net. C’est un devoir des bibliothèques que de servir la diversité.

  • Conservation partagée

La destruction ne devrait pas être locale. Ce qui importe, c’est le réglage entre le nombre d’exemplaires et la demande dans un ressort géographique donné. Logistique de récupération/stockage/livraison : vive le PEB !

Anecdote : un ancien libraire, devenu bibliothécaire, se désolait de ne pouvoir offrir à ses usagers que ce qu’il avait dans ses collections…

Problème : les cloisonnements administratifs.

  • Et le numérique ?

C’est une autre histoire…

  • Questions

Problèmes des fonds surdéveloppés (souvent lié à l’histoire de la bibliothèque) : devraient pouvoir tourner, penser réseau !

Communiquer autour du désherbage ? Délicat, les usagers veulent toujours tout garder. Le désherbage suivi d’une vente est par contre très bien perçu.

Bibliothèques en réseau et désherbage : la réserve centrale de la bibliothèque de Paris
François OSSENT

Réseau parisien est une succession de bibliothèques de village, aujourd’hui fédérées par un catalogue commun.

A partir de 1984, récupération des pilons dans une réserve centrale.

1992 : tri des 92000 documents accumulés. 1995 : ouverture au prêt.

Réserve a beaucoup de succès. 5700 prêts par mois.

2004 : catalogue sur internet a fait décoller le nombre de prêts.

Classement en Dewey, peu de doubles. Pas de périodiques, ni de fonds jeunesse.

Réserve traite les retraits des documents des bibliothèques du réseau, ce qui arrive ne sera pas réintégré.

Le tri partagé accélère le traitement des documents.

La réserve dispose de fonds propres pour développer ses collections. Acquisitions : complétude de collections (Belles Lettres, poésie, correspondance,…)

Service qui dépend de la disponibilité des collègues du réseau (pour les demandes, etc.).

Gros problème du désherbage de la fiction : notion de hors mode est floue.

Classes 500/600 : quelle utilité de conserver des documentaires quand l’usager leur préfère Google ?

Lecture de Livres Hebdo un an après parution pour repérer ce qui n’aurait pas été intégré au catalogue et achat le cas échéant.

Catalogage et indexation sont très importants car ils constituent la seule vitrine de ces documents.

Livres toilés : le lecteur suffisamment motivé pour faire une demande de document à la réserve recherche un contenu plus qu’un contenant. N’est pas un problème.

La conservation partagée des périodiques de médecine en Ile-de-France
Guy COBOLET

Périodiques ont un rôle central pour les chercheurs. Projet formulé dès 2002.

  • Situation

7 universités, Académie nationale de médecine, Bibliothèque interuniversitaire de médecine et CTLes : 25 bibliothèques au total.

Problèmes de locaux saturés alors qu’il existe des bibliothèques de référence, la BIUM est CADIST, et que le CTLes peut accueillir des collections.

Taux élevé de titres redondants.

Développement du numérique depuis 1999.

La conservation partagée est un élément de la politique documentaire et de choix documentaire.

  • Objectifs

Conserver en région une à deux collections complètes.

Assurer l’archivage pérenne de ces collections.

Désengorger certains magasins.

Permettre aux SCD de rationaliser la conservation/acquisition (certaines universités ont plusieurs sections médicales, éclatées sur plusieurs sites, voir en commentaire). Le projet est sur 2 strates : locale et régionale.

Assurer la fourniture à distance des documents.

Permettre le passage au tout numérique (1/2 sites conservent le papier, e-only pour les autres). Achat du papier : nécessaire tant qu’on n’a pas de certitude sur la pérennité des supports numériques : de grandes bibliothèques américaines continuent à acheter des collections papier. Par contre, celui qui achète la collection papier doit-il en supporter seul les coûts ?

  • Conditions préalables

Vrai réseau, question de rapidité imposée par la clientèle : réseau de PEB actif, forte tradition d’aide à l’usager, utilisation d’outils communs (produits de la National Library of Medecine).

  • Dispositif

Est participatif et souple. Chacun peut être pôle de conservation, chacun vient alimenter la base de travail.

  • Outils

Mise en place d’une convention qui lie les partenaires : CTLes et BIUM sont copilotes, la convention les lie aux universités.

Chaque établissement qui est pôle de conservation ne se désabonne pas d’un titre sans prévenir.

PEB : le document arrive dans les 48 heures.

L’établissement qui conserve la collection doit assurer de bonnes conditions de conservation, ne pas se trouver en zone inondable, avoir un réseau électrique fiable, etc.

Quand une bibliothèque qui n’est pas pôle de conservation décide de ne plus conserver un titre, elle doit le céder définitivement au CTLes. Les dépôts ne sont pas acceptés afin que le CTLes puisse assurer une gestion efficace des doublons.

Dans chaque établissement, désignation d’un responsable. Niveau régional : un coordonateur (contractuel payé par le CTLes) assisté de deux bibliothécaires (un mi-temps de la BIUM et du CTLes).

Création d’une base de données qui s’appuie sur la classification de la NLM. Alimentée par des extractions du SUDOC après choix de titres. Une fois les titres dans la base, gros travail de vérification dans les collections pour avoir des états de collections justes. Se fait sur environ deux mois.

Désignation du pôle, ses lacunes sont comblées par les autres bibliothèques. Les états de collection seront de nouveau à corriger dans le SU.

Sur 25 bibliothèques, 18 sont pôles.

Transfert vers les pôles (environ 500 mètres linéaires par an). Eliminations (moins nombreuses, problème de pathos).

Plan local : le pôle est un instrument de valorisation pour l’établissement.

  • Problèmes

Récolement des collections importantes est difficile.

Le papier est moins taxé que l’e-only. Il revient moins cher de prendre un abonnement papier + électronique que e-only.

  • Perspectives

Signalement de ce plan dans le SUDOC : plusieurs index, dont « plan de conservation partagé ». Existe déjà, mais il faut le rendre plus visible.

Réflexion autour d’une thématique élargie : intègre l’odontologie.

Extension institutionnelle : politique de sites, par CHU.

Extension géographique : penser à l’échelle du pays. Le plan peut profiter aux régions via le PEB.

  • Question

La BIUM concentre est pôle pour 80% des titres, surcharge de travail ? Non.

Conservation partagée des fonds jeunesse en Ile-de-France
Anne Duquesne

On a longtemps pensé que la conservation était du ressort de la BnF. Pas seulement.

Désherbage fait sans discernement à cause de la déqualification des personnels depuis la disparition du CAFB, rotation rapide des livres, petites éditions qui disparaissent ont généré des manques en documents pour la jeunesse.

La notion de patrimoine s’élargissant, il faut penser à les conserver.

Ile-de-France a engagé une réflexion sur le sujet. Midi-Pyrénées le fait déjà.

Problème : pas de catalogue commun en Ile-de-France.

Pour l’instant, le travail sur la conservation partagée met surtout en lumière les manques.

  • Remarque dans la salle

Décalage entre les documents achetés par les bibliothèques et les demandes des usagers et des chercheurs. Ils veulent travailler/lire Martine, Les Pieds nickelés et Bécassine, autant de choses jamais achetées par les établissements.

Les allumeurs de réverbères

Lue cette phrase sur un billet de Tour de toile :

«les jours des professionnels à l’ancienne sont comptés»

Et comme dans le même temps, on m’a mis ce poème entre les mains – tout en me disant que ma profession ressemblait à cette description -, je me suis dit qu’il y avait urgence de nous adapter et de montrer aux usagers que nous pouvons leur être encore indispensables. Tout simplement pour éviter, qu’un jour, l’on considère notre profession comme aussi folklorique et désuette que celle des allumeurs de réverbères…


Les Assis

Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues
Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs,
Le sinciput plaqué de hargnosités vagues
Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ;

Ils ont greffé dans des amours épileptiques
Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs
De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachitiques
S’entrelacent pour les matins et pour les soirs !

Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges,
Sentant les soleils vifs percaliser leur peau
Ou, les yeux à la vitre où se fanent les neiges,
Tremblant du tremblement douloureux du crapaud.

Et les Sièges leur ont des bontés : culottée
De brun, la paille cède aux angles de leurs reins ;
L’âme des vieux soleils s’allume emmaillotée
Dans ces tresses d’épis où fermentaient les grains.

Et les Assis, genoux aux dents, verts pianistes,
Les dix doigts sous leur siège aux rumeurs de tambour,
S’écoutent clapoter des barcarolles tristes,
Et leurs caboches vont dans des roulis d’amour.

– Oh ! ne les faites pas lever ! C’est le naufrage…
Ils surgissent, grondant comme des chats giflés,
Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage !
Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés.

Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves
Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors,
Et leurs boutons d’habit sont des prunelles fauves
Qui vous accrochent l’oeil du fond des corridors !

Puis ils ont une main invisible qui tue :
Au retour, leur regard filtre ce venin noir
Qui charge l’oeil souffrant de la chienne battue,
Et vous suez pris dans un atroce entonnoir.

Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,
Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever
Et, de l’aurore au soir, des grappes d’amygdales
Sous leurs mentons chétifs s’agitent à crever.

Quand l’austère sommeil a baissé leurs visières,
Ils rêvent sur leur bras de sièges fécondés,
De vrais petits amours de chaises en lisière
Par lesquelles de fiers bureaux seront bordés ;

Des fleurs d’encre crachant des pollens en virgule
Les bercent, le long des calices accroupis
Tels qu’au fil des glaïeuls le vol des libellules
– Et leur membre s’agace à des barbes d’épis.

Arthur RIMBAUD, Poésies 1870-1871

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