Bibliothéconomie & Cie. - Dir. publ. et réd. en chef Cécile Arènes. - Paris : [s. n.], 2006 - ... .

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Dans les nuages

Interrogation rêveuse
Pourquoi les bibliothécaires parlent-ils tous d’OPAC alors que l’équivalent français CIEL est si poétique ?
« Que cherches-tu dans le CIEL ? Le dernier Yann Artus Bertrand ! »

Pour les flâneurs : OPAC : online public access catalogue
CIEL : catalogue interactif en ligne

Du genre des bibliothécaires

Le débat sur les « bibliothécaires 2.0 » et sur les « vieilles bibliothécaires » fait rage sur Biblio-fr et maintenant sur les blogs. Vue de l’extérieur (je ne suis encore qu’une bibliothécaire 0.0 qui rêve d’avoir le concours 1.0), cette querelle des Anciens et des Modernes est plutôt amusante. Car ces « vieilles bibliothécaires » ont dû être, en leur prime jeunesse, autant de « bibliothécaires 2.0 » qui ne demandaient qu’à en remontrer à leurs aînées. Chacun apporte sa pierre à l’édifice avec les théories de son temps, me semble-t-il. Mais cette éternelle querelle, déjà vieille de plus de quatre siècles, se porte à merveille…
Toutefois, le terme de « vieilles bibliothécaires » me chiffonne. En effet, nos Immortels nous serinent qu’une fonction s’accorde au masculin (équivalent dans ce cas au neutre latin) : Madame le Conservateur, par exemple. Soit.
Mais alors, si l’on en reste à Madame le Conservateur, pourquoi, dès lors que le contexte est péjoratif, accorder la fonction au féminin et taxer de « vieilles bibliothécaires » ceux que l’on accuse d’immobilisme ? Le masculin exprimant la fonction, « vieux bibliothécaires » me paraît préférable dans un souci de neutralité (grammaticale, s’entend).
Mais c’est un avis de fille 😉

À suivre…

Le papier

S’il n’avait pas été inventé, je n’aurais pas de raison d’exister, moi qui dévore des pages et des pages. Car, au commencement des bibliothèques et de l’activité de lecture en général, est le papier. Et, bien que les temps soient plutôt à l’immatérialité du support, c’est encore sur lui que reposent beaucoup de collections. Inventé au IIIe siècle en Chine, il a été utilisé par les Arabes dès le VIIe siècle (cf. les splendides manuscrits à l’exposition « Les sciences arabes », Institut du monde arabe, si elle ne s’est pas achevée). En Europe, le papier n’est apparu qu’au XIIIe siècle et il a sonné le glas du parchemin, abondamment employé auparavant. C’est au XIXe siècle que la production de papier s’est considérablement accrue – ce qui a permis un développement sans précédent de la presse. En effet, c’est à cette époque-là qu’ont été inventées des pâtes à papier moins coûteuses. Balzac le décrit d’ailleurs dans la dernière partie d’Illusions perdues, Les souffrances de l’inventeur. David Séchard, ami d’enfance de Lucien de Rubempré et fils d’imprimeur, s’emploie à mettre au point une pâte à papier d’une composition nouvelle.

Le papier, sympathique occasion d’évoquer Illusions perdues, que je tiens pour un des sommets de La Comédie humaine. La deuxième partie du roman, Un grand homme de province à Paris, brosse un tableau des journalistes littéraires et politiques du XIXe siècle. Un régal… Sans doute le saviez-vous déjà mais, quand il s’agit de Balzac, j’ai du mal à modérer mon enthousiasme 🙂

Dernière ligne droite

Révisions pour d’éventuels oraux obligent, les billets de ce blog risquent de se muer ce mois-ci en fiches de synthèse… Mes excuses si cela est rébarbatif… Si le cœur vous en dit, n’hésitez pas à les corriger et les améliorer à travers vos commentaires 😉

Beckett

Le manuscrit de En attendant Godot entre à la BnF, donné par la veuve de Jérôme Lindon. Une bel exemple de mise dans le domaine public. On attend la numérisation avec impatience…

Petit miracle

Un jour qu’étudiant Louise Labé, j’assistais à un cours sur l’Ecole lyonnaise, j’eus la chance d’être le témoin d’un petit miracle. L’enseignante nous donnait force références que nous notions attentivement. Son bureau était encombré de livres dont elle entendait nous lire quelques extraits – Maurice Scève et Pernette du Guillet, pour ne citer qu’eux –. S’y trouvait également une épaisse enveloppe de papier brun dont elle sortit vers la fin de l’heure un volume de Jean de Tournes afin de nous en lire quelques lignes. Je remarquai instamment que l’ouvrage n’avait pas l’air jeune avant d’être de nouveau entraînée par ma frénétique prise de notes. Le cours se termina et l’enseignante s’approcha de notre petit groupe munie du fameux Jean de Tournes. « Comme vous n’êtes pas nombreux, nous dit-elle, j’en profite pour vous montrer cette édition du XVIe siècle. » Et de nous faire apprécier la couverture magnifiquement travaillée, la qualité du papier, la beauté des caractères. Puis, sans plus de cérémonie, de le poser devant nous. « On peut le toucher ? » se hasarda l’un d’entre nous. « Bien sûr », répondit l’enseignante dans un large sourire. Et c’est ainsi que j’ai tenu l’espace de quelques instants un livre vieux de plus de quatre siècles. Il avait dû connaître beaucoup –trop – de guerres, être dissimulé à certaines époques, voyager, peut-être, en Italie, passer dans les mains de nombreux propriétaires (qui se l’étaient légué, dont certains l’avaient perdu, qui sait) et dans celles de beaucoup de lecteurs. L’un d’entre eux l’avait même annoté d’une plume très fine, de quelques mots illisibles. Cet objet de moins d’une livre nous survivrait certainement. Il continuerait à diffuser Jean de Tournes à d’autres générations, sans autre bruit que celui des pages. Ce jour-là, j’ai tenu le livre pour un objet magique. Car ce petit Jean de Tourne, il m’entraîna de l’époque humaniste aux salons du XVIIe puis me fit faire un bout de chemin avec les mondaines de la Belle Epoque, avant que je ne le rende à mon professeur de XVIe. Je sortis de ce cours sur un petit nuage dont je ne suis pas sure d’être redescendue.

Florilège

Dans un colloque à Poitiers en 1992, Yannick Guin, un élu nantais a remarquablement décrit les enjeux des bibliothèques d’aujourd’hui.
« La cité républicaine a pour fin d’assumer la fonction de l’universel. Elle a partie liée nécessairement à l’école et à la bibliothèque, afin de faire accéder tous les petits hommes, quelle que soit leur origine sociale, à l’universalité du savoir. L’enfant est instruit, non pour devenir un excellent consommateur mais pour être en état d’exercer son jugement, afin d’être en mesure d’exercer plus tard ses droits et de remplir ses devoirs de citoyen. »
Il voit même en la bibliothèque « la subversion quotidienne contre les valeurs établies, les situations acquises, les lieux communs, les certitudes admises, la dictature des beaufs, la culture marchande, la censure et les intégrismes de toute nature. »
In La bibliothèque dans la cité, Paris, BPI, 1993.

« La bibliothèque est un espace public qui lutte, à sa manière, contre la domination du marché. »
François de Singly, « L’espace public », in Le musée et la bibliothèque, vrais parents ou faux amis ?, Paris, BPI-Centre Pompidou, 1996.

Sur le métier :
« Curiosité intellectuelle, attention aux mouvements de la création, à la vie des idées, à l’évolution des savoirs, capacité à communiquer, à mettre en relation une demande et une offre : voilà à quoi il faut tendre. »
Dominique Peignet, Le Métier de bibliothécaire, Paris, Edition du Cercle de la Librairie, 2003.

Et un peu de fantaisie :
 » Le bonheur est dans le prêt.  » M. Deguilly
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