Bibliothéconomie & Cie. - Dir. publ. et réd. en chef Cécile Arènes. - Paris : [s. n.], 2006 - ... .

Auteur/autrice : Cécile Arènes (Page 29 of 42)

Chat de bibliothèque : triste fin

Vous vous souvenez de lui ? Il est à la SPA maintenant (sa fiche signalétique est ici) et j’enrage d’être impuissante. Une bonne âme pour l’adopter ?

Philippe Jaccottet, parlant de sa chatte dans Ce peu de bruits dit ceci : »Une petite âme en chaussons de fourrure, peu de choses, mais tout de même. »

Tout de même…

Spicilège

Depuis longtemps, je cherchais un terme pour qualifier mes weboramas. J’ai successivement commis des revues de blogs, des horue (traduction de surf en tahitien en tahitien), des vagablogages, mais rien qui ne me satisfaisait vraiment. Heureusement qu’il existe des dictionnaires de synonymes qui, complétés par le TLF, m’ont fourni une triade de mots barbares pour qualifier ces billets ! Spicilège, chrestomathie et analectes auront donc cours sur ce blog… Venons-en maintenant aux liens eux-mêmes.

Ranking

Jusqu’à présent, ces histoires de ranking et de classements m’avaient peu intéressée. Puis j’ai découvert que j’avais un ranking de 4, ce qui n’est somme toute pas si mal pour un blog comme le mien, pour lequel je n’avais jamais fait de publicité. Je figure aussi au classement Wikio, catégorie blogs littéraires et depuis que je m’en suis aperçue, j’ai gagné 9 places 🙂

Je vais finir par me prendre au jeu, quoi que…


– A peu près combien de gens visitent ton blog tous les jours ?
– Les visites quotidiennes, je ne le sais pas vraiment, mais pour que tu te fasses une idée de son importance, il est deuxième du pays dans sa catégorie, sur
un des classements les plus célèbres.
– Et quelle est sa catégorie ?
– Blogs sur les disques vinyle d’effets spéciaux de trains russes du 20e siècle
.

Un air – glacial – de déjà vu…

Vous êtes peut-être déjà tous au courant mais, venant de passer une dizaine de jours sans internet, je n’ai pas encore ouvert mon agrégateur !

Parcourant L’Express du 10 avril, je suis tombée en arrêt devant un entrefilet. Il y était question d’un récent commerce de Google. Le géant américain vient en effet de traiter avec des agences de renseignement de son pays. Sur le modèle de Wikipédia, leurs employés auront accès à des serveurs made in Google et à un forum qui répond au petit nom d’Intellipedia. Ceux qui ont lu la nouvelle de Cory Doctorow, EnGooglés, auront, comme moi, une bizarre – et inquiétante – sensation…

Désherbage et conservation partagée

Notes prises au cours de la journée d’étude de Mediadix, n’hésitez pas à les améliorer ou à les corriger si vous y étiez. Je vais faire la chasse aux powerpoints pour les ajouter en lien.

Idée de la journée est née suite à la polémique sur le désherbage, l’année dernière sur Biblio-fr.

Le désherbage, une idée neuve dans les bibliothèques ?
Claudine LIEBER

Vous n’y étiez pas, donc vous ne connaîtrez jamais l’anecdote de l’homme de ménage anglophone… que je me refuse à raconter ici pour cause de respect de la vie privée.

  • Historique

Mouvement lancé par la BPI. Déjà dans les gênes du projet BPI qui prévoyait une collection de documents entièrement tenue à jour.

Rapidement après l’ouverture, de nombreux ouvrages étaient détériorés et périmés (droit). Or, pas de magasins, ni de possibilité de relégation.

Françoise GAUDET, après un séjour aux Etats-Unis, a adapté avec Claudine LIEBER la méthode IOUPI (de Joseph SEGAL).

En 1986, publication d’un dossier technique par la BPI : résumé du séjour d’étude de F. GAUDET, méthode IOUPI et méthode mise en place à la BPI. Ventes très importantes pour ce dossier.

Dès 1975, un congrès ABF sur le thème : conserver, éliminer ?

Par la suite, important rôle des BDP comme relais de ces pratiques. BM ont pris le relais avec la création de réserves centrales.

BU : à la traîne…

  • Pratiques

Comme inspectrice générale, C. LIEBER a constaté que des collections avaient dégringolé à la suite de désherbage sauvage. Le désherbage n’est PAS le pilon et il requiert une solide culture générale.

Le désherbage est facilité aujourd’hui avec les nouvelles dispositions juridiques. N’appartiennent plus au domaine de l’état que les documents « anciens, rares et précieux » (ces trois adjectifs sont apparus sur une circulaire (ou un rapport ?) de l’IGB en 1989). Cela peut présenter un danger. Par ailleurs, la réduction des exemplaires du dépôt légal constitue aussi une source de préocccupations. Les historiens du livre sont très inquiets au sujet des pratiques du désherbage.

Pour autant, il ne faut pas considérer, au contraire, le désherbage comme un gâchis. Il est indispensable.

  • Les BU

Confrontées au désherbage via les collections de premier cycle : relégation dans les magasins. Mais peu de pilon.

Le désherbage est une façon de préserver l’avenir.

e-books vont bientôt débouler sur le marché et il faut s’y préparer dans la mesure où ils risquent de modifier complètement les pratiques de déhrbage.

  • Conservation partagée

Périodiques, fonds locaux, fonds jeunesse. Encore insuffisante.

Cnservation partagée est thématique : CADIST, pôles associés. Problèmes de la couverture, il y a beaucoup de trous. En Angleterre, la conservation partagée est alphabétique.

Problème : les structures administratives ne communiquent pas.

Autre problème : manque de bibliothèques de dépôt.

  • Questions

Bibliothèque Cujas pratique une politique volontariste de désherbage. Se penche sur la rédaction d’une éventuelle charte du désherbage, comme pendant à la charte des acquisitions.

Bibliothèque nordique de Sainte Geneviève a engagé elle aussi une opération de désherbage.

Désherber sans détruire ?
Dominique LAHARY

Regrette le corporatisme affiché à la suite du débat sur l’entretien de Jean-Yves MOLLIER avec Télérama.

  • Détruire oui ou non ?

La France désherbe, le Québec élague !

Il n’est pas possible de laisser des rayons de libre accès encombrés. De plus, ces rayonnages sont répulsifs et les documents n’en sortent pas.

La collection est un flux matériel, sinon intellectuel. De nombreuses bibliothèques n’ont pas à sauvegarder mais à présenter ce qu’il faut à un moment donné.

L’économie du livre est une économie de la destruction : nombre d’invendus finissent au pilon. Elle peut être définie comme un cycle :
cycle naturel : commercialisation, raréfaction
cycle industriel : production, commercialisation, destruction
cycle bibliothéconomique : acquisition, présentation, destruction

Problème de la sacralité de l’objet (alors qu’on met des CD dans les cerisiers !!!!) : tout le monde a le droit de jeter des livres SAUF les bibliothèques et les donateurs ignorent les besoins de l’usager.

Un livre, exemplaire matériel singulier, n’est pas un livre, unité bibliographique représentant une édition. Il n’est pas non plus une œuvre immatérielle faisant l’objet de plusieurs éditions. Or, le trésor, c’est précisément l’œuvre immatérielle, pas l’unité physique.

Problème de la gestion locale du désherbage : trop de destructions.

  • Deux jambes pour une longue traîne

La « mise en place » (terme utilisé par les libraires, ce que les gens voient) et la gestion des demandes. Du côté de l’usager, se traduit par : je viens fouiner/je sais ce que je veux.

L’usager se fiche de la collection, il ne voit que la bibliothèque visible.

La bibliothèque invisible, c’est la collection et, éventuellement, le réseau.

La bibliothèque visible dépend de la surface, ne supporte pas l’encombrement, a besoin de renouvellement.

La bibliothèque invisible n’a pas à se préoccuper de la surface, peut amasser, sa présentation est indifférente, elle a un devoir de constance et de permanence.

Une bibliothèque encombrée devient invisible. Il y a un devoir de renouvellement. Deux modes existent : mode localiste (achat, déstockage), mode coopératif (faire tourner).

La théorie de la longue traîne peut éclairer la bibliothéconomie. La bibliothèque invisible se rapproche beaucoup des marchés de niches sur le net. C’est un devoir des bibliothèques que de servir la diversité.

  • Conservation partagée

La destruction ne devrait pas être locale. Ce qui importe, c’est le réglage entre le nombre d’exemplaires et la demande dans un ressort géographique donné. Logistique de récupération/stockage/livraison : vive le PEB !

Anecdote : un ancien libraire, devenu bibliothécaire, se désolait de ne pouvoir offrir à ses usagers que ce qu’il avait dans ses collections…

Problème : les cloisonnements administratifs.

  • Et le numérique ?

C’est une autre histoire…

  • Questions

Problèmes des fonds surdéveloppés (souvent lié à l’histoire de la bibliothèque) : devraient pouvoir tourner, penser réseau !

Communiquer autour du désherbage ? Délicat, les usagers veulent toujours tout garder. Le désherbage suivi d’une vente est par contre très bien perçu.

Bibliothèques en réseau et désherbage : la réserve centrale de la bibliothèque de Paris
François OSSENT

Réseau parisien est une succession de bibliothèques de village, aujourd’hui fédérées par un catalogue commun.

A partir de 1984, récupération des pilons dans une réserve centrale.

1992 : tri des 92000 documents accumulés. 1995 : ouverture au prêt.

Réserve a beaucoup de succès. 5700 prêts par mois.

2004 : catalogue sur internet a fait décoller le nombre de prêts.

Classement en Dewey, peu de doubles. Pas de périodiques, ni de fonds jeunesse.

Réserve traite les retraits des documents des bibliothèques du réseau, ce qui arrive ne sera pas réintégré.

Le tri partagé accélère le traitement des documents.

La réserve dispose de fonds propres pour développer ses collections. Acquisitions : complétude de collections (Belles Lettres, poésie, correspondance,…)

Service qui dépend de la disponibilité des collègues du réseau (pour les demandes, etc.).

Gros problème du désherbage de la fiction : notion de hors mode est floue.

Classes 500/600 : quelle utilité de conserver des documentaires quand l’usager leur préfère Google ?

Lecture de Livres Hebdo un an après parution pour repérer ce qui n’aurait pas été intégré au catalogue et achat le cas échéant.

Catalogage et indexation sont très importants car ils constituent la seule vitrine de ces documents.

Livres toilés : le lecteur suffisamment motivé pour faire une demande de document à la réserve recherche un contenu plus qu’un contenant. N’est pas un problème.

La conservation partagée des périodiques de médecine en Ile-de-France
Guy COBOLET

Périodiques ont un rôle central pour les chercheurs. Projet formulé dès 2002.

  • Situation

7 universités, Académie nationale de médecine, Bibliothèque interuniversitaire de médecine et CTLes : 25 bibliothèques au total.

Problèmes de locaux saturés alors qu’il existe des bibliothèques de référence, la BIUM est CADIST, et que le CTLes peut accueillir des collections.

Taux élevé de titres redondants.

Développement du numérique depuis 1999.

La conservation partagée est un élément de la politique documentaire et de choix documentaire.

  • Objectifs

Conserver en région une à deux collections complètes.

Assurer l’archivage pérenne de ces collections.

Désengorger certains magasins.

Permettre aux SCD de rationaliser la conservation/acquisition (certaines universités ont plusieurs sections médicales, éclatées sur plusieurs sites, voir en commentaire). Le projet est sur 2 strates : locale et régionale.

Assurer la fourniture à distance des documents.

Permettre le passage au tout numérique (1/2 sites conservent le papier, e-only pour les autres). Achat du papier : nécessaire tant qu’on n’a pas de certitude sur la pérennité des supports numériques : de grandes bibliothèques américaines continuent à acheter des collections papier. Par contre, celui qui achète la collection papier doit-il en supporter seul les coûts ?

  • Conditions préalables

Vrai réseau, question de rapidité imposée par la clientèle : réseau de PEB actif, forte tradition d’aide à l’usager, utilisation d’outils communs (produits de la National Library of Medecine).

  • Dispositif

Est participatif et souple. Chacun peut être pôle de conservation, chacun vient alimenter la base de travail.

  • Outils

Mise en place d’une convention qui lie les partenaires : CTLes et BIUM sont copilotes, la convention les lie aux universités.

Chaque établissement qui est pôle de conservation ne se désabonne pas d’un titre sans prévenir.

PEB : le document arrive dans les 48 heures.

L’établissement qui conserve la collection doit assurer de bonnes conditions de conservation, ne pas se trouver en zone inondable, avoir un réseau électrique fiable, etc.

Quand une bibliothèque qui n’est pas pôle de conservation décide de ne plus conserver un titre, elle doit le céder définitivement au CTLes. Les dépôts ne sont pas acceptés afin que le CTLes puisse assurer une gestion efficace des doublons.

Dans chaque établissement, désignation d’un responsable. Niveau régional : un coordonateur (contractuel payé par le CTLes) assisté de deux bibliothécaires (un mi-temps de la BIUM et du CTLes).

Création d’une base de données qui s’appuie sur la classification de la NLM. Alimentée par des extractions du SUDOC après choix de titres. Une fois les titres dans la base, gros travail de vérification dans les collections pour avoir des états de collections justes. Se fait sur environ deux mois.

Désignation du pôle, ses lacunes sont comblées par les autres bibliothèques. Les états de collection seront de nouveau à corriger dans le SU.

Sur 25 bibliothèques, 18 sont pôles.

Transfert vers les pôles (environ 500 mètres linéaires par an). Eliminations (moins nombreuses, problème de pathos).

Plan local : le pôle est un instrument de valorisation pour l’établissement.

  • Problèmes

Récolement des collections importantes est difficile.

Le papier est moins taxé que l’e-only. Il revient moins cher de prendre un abonnement papier + électronique que e-only.

  • Perspectives

Signalement de ce plan dans le SUDOC : plusieurs index, dont « plan de conservation partagé ». Existe déjà, mais il faut le rendre plus visible.

Réflexion autour d’une thématique élargie : intègre l’odontologie.

Extension institutionnelle : politique de sites, par CHU.

Extension géographique : penser à l’échelle du pays. Le plan peut profiter aux régions via le PEB.

  • Question

La BIUM concentre est pôle pour 80% des titres, surcharge de travail ? Non.

Conservation partagée des fonds jeunesse en Ile-de-France
Anne Duquesne

On a longtemps pensé que la conservation était du ressort de la BnF. Pas seulement.

Désherbage fait sans discernement à cause de la déqualification des personnels depuis la disparition du CAFB, rotation rapide des livres, petites éditions qui disparaissent ont généré des manques en documents pour la jeunesse.

La notion de patrimoine s’élargissant, il faut penser à les conserver.

Ile-de-France a engagé une réflexion sur le sujet. Midi-Pyrénées le fait déjà.

Problème : pas de catalogue commun en Ile-de-France.

Pour l’instant, le travail sur la conservation partagée met surtout en lumière les manques.

  • Remarque dans la salle

Décalage entre les documents achetés par les bibliothèques et les demandes des usagers et des chercheurs. Ils veulent travailler/lire Martine, Les Pieds nickelés et Bécassine, autant de choses jamais achetées par les établissements.

Les allumeurs de réverbères

Lue cette phrase sur un billet de Tour de toile :

«les jours des professionnels à l’ancienne sont comptés»

Et comme dans le même temps, on m’a mis ce poème entre les mains – tout en me disant que ma profession ressemblait à cette description -, je me suis dit qu’il y avait urgence de nous adapter et de montrer aux usagers que nous pouvons leur être encore indispensables. Tout simplement pour éviter, qu’un jour, l’on considère notre profession comme aussi folklorique et désuette que celle des allumeurs de réverbères…


Les Assis

Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues
Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs,
Le sinciput plaqué de hargnosités vagues
Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ;

Ils ont greffé dans des amours épileptiques
Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs
De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachitiques
S’entrelacent pour les matins et pour les soirs !

Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges,
Sentant les soleils vifs percaliser leur peau
Ou, les yeux à la vitre où se fanent les neiges,
Tremblant du tremblement douloureux du crapaud.

Et les Sièges leur ont des bontés : culottée
De brun, la paille cède aux angles de leurs reins ;
L’âme des vieux soleils s’allume emmaillotée
Dans ces tresses d’épis où fermentaient les grains.

Et les Assis, genoux aux dents, verts pianistes,
Les dix doigts sous leur siège aux rumeurs de tambour,
S’écoutent clapoter des barcarolles tristes,
Et leurs caboches vont dans des roulis d’amour.

– Oh ! ne les faites pas lever ! C’est le naufrage…
Ils surgissent, grondant comme des chats giflés,
Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage !
Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés.

Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves
Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors,
Et leurs boutons d’habit sont des prunelles fauves
Qui vous accrochent l’oeil du fond des corridors !

Puis ils ont une main invisible qui tue :
Au retour, leur regard filtre ce venin noir
Qui charge l’oeil souffrant de la chienne battue,
Et vous suez pris dans un atroce entonnoir.

Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,
Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever
Et, de l’aurore au soir, des grappes d’amygdales
Sous leurs mentons chétifs s’agitent à crever.

Quand l’austère sommeil a baissé leurs visières,
Ils rêvent sur leur bras de sièges fécondés,
De vrais petits amours de chaises en lisière
Par lesquelles de fiers bureaux seront bordés ;

Des fleurs d’encre crachant des pollens en virgule
Les bercent, le long des calices accroupis
Tels qu’au fil des glaïeuls le vol des libellules
– Et leur membre s’agace à des barbes d’épis.

Arthur RIMBAUD, Poésies 1870-1871

Bibliocide

La municipalité d’Oviedo, dans la province des Asturies, en Espagne, vient de décider de transformer une bibliothèque annexe en un simple point lecture et de ne laisser, dans les établissements qui restent ouverts, qu’un bibliothécaire sur deux, afin « d’optimiser les ressources humaines ». Le motif invoqué est le suivant (je traduis – piètrement – le communiqué) :

« le/la bibliothécaire du réseau se trouve assez déchargé des fonctions propres et inhérentes à un/une bibliothécaire puisque lui sont seulement assignées les attributions de : traitements techniques, information des usagers et propositions de plusieurs sortes (comme l’acquisition de fonds, les activités culturelles, etc.). »

L’excellent billet de Garabuya (gribouillage en français), le blog d’une association professionnelle, indique que, visiblement, pour la mairie, la politique documentaire et les fameuses « tâches inhérentes » au bibliothécaire peuvent reposer sur un seul coordinateur du réseau de bibliothèques.

Et sur place, pensez donc, point besoin de spécialistes puisqu’il y a un système informatique !

De plus amples informations sur la BBS espagnole ici et , d’autres encore dans la presse en ce qui concerne le licenciement des 13 bibliothécaires. Un article de 20minutes (Espagne) à propos de la fermeture de l’annexe (de 12.000 livres, quand même !).
Une pétition circule.

Plaidoyer pour les liens hypertextes et pour les autres outils du web 2.0

Je découvre, comme beaucoup, l’affaire qui agite la communauté des blogueurs et des hébergeurs férus de web 2.0. Elle semble, curieusement, n’avoir créé que des vaguelettes dans la biblioblogosphère, ce qui ne laisse pas de m’étonner. Pourtant, ce qui vient de se passer me semble remettre en question les pratiques qui sont les nôtres.

Souhaitant protéger sa vie privée, un acteur français a déposé plainte contre un certain nombre de sites qui avaient fait état d’une prétendue relation du plaignant. Dans les sites mis en cause s’en trouvait précisément un qui avait fait seulement un lien vers un blog relatant l’information. Ce site s’est trouvé précisément condamné pour ce lien, le tribunal considérant que les liens l’engageaient comme éditeur. C’est la deuxième fois qu’un jugement en ce sens est rendu, à savoir que cela nous rend responsable, en plus de nos propres billets, de TOUS les liens que nous publions. Selon un avocat spécialisé dans les TIC, cela équivaudrait à condamner un kiosquier pour chaque magazine people impliqué dans une dans une affaire de ce genre. Pour moi, cela revient à condamner un auteur pour une référence bibliographique !

En tant que professionnels de l’information, je pense qu’il va nous falloir très vite nous pencher sur le sujet car nos tutelles vont peut-être devenir plus frileuses à nous laisser utiliser ces outils après un tel événement.

Comme je ne savais pas trop quelle forme employer pour évoquer un tel sujet, j’ai rédigé une lettre destinée à un certain A., sorte de Candide du web 2.0. La voici.

Cher A.,

Vous m’avez fait part de votre préoccupation à l’encontre de ces blogueurs qui ont, dites-vous, pris les travers des magazines people. Vous défendez le respect de la vie privée de ces bonnes gens, cela je le comprends aisément. Permettez-moi de vous parler un peu du web 2.0 et des pratiques qui y ont cours afin que cette querelle entre vous et moi trouve, peut-être, à s’apaiser. Le web existe depuis seulement une quinzaine d’années et le web 2.0, lui, n’a pas plus de cinq ans, si mes calculs sont exacts. Nous sommes donc, nous autres blogueurs, des pionniers en la matière et nous nous mouvons dans cet espace en tâtonnant, car beaucoup de choses nous y sont encore inconnues. De fait, nous avons souvent la fraîcheur de l’adolescence dans nos pratiques mais nous tombons aussi dans les défauts de la jeunesse, à savoir que nous avons toujours envie de repousser nos limites. Dans cette envie d’aller toujours plus loin, certains d’entre nous se brûlent les ailes, d’aucuns paient les erreurs de beaucoup. C’est, je crois, ce qui se produit dans l’affaire de laquelle vous m’avez entretenue. En effet, tenir un blog équivaut à assumer la responsabilité d’une publication, avec toutes les conséquences que cela engage. Cela revient à connaître des rudiments de droit que, pour beaucoup, nous ignorions totalement. En effet, nous nous sommes souvent lancés seuls et, grisés par les possibilités toujours démultipliées de l’informatique, nous avons souvent oublié de nous préoccuper de la licéité de nos actes. Qui n’a jamais cité de marque, ni reproduit d’image ? Vous le voyez, cher A., je ne nie pas les erreurs que nous avons pu commettre. Toutefois, je pense que les blogueurs de demain sauront tirer les leçons de nos méprises et qu’ils seront sans doute moins futiles que nous l’avons été. Pour autant, je rêverais d’une régulation, j’allais dire, à l’amiable. Vous ne le savez peut-être pas mais ce qui anime les passionnés du web 2.0 est une entreprise collaborative. Les outils libres, la possibilité de découvrir toujours plus grâce à la générosité des autres blogueurs nous permet d’avancer et de pouvoir faire bénéficier de nos trouvailles à l’ensemble de la communauté. Si d’aventure vous vous décidiez à être des nôtres et à tenir un blog, vous seriez étonnés de la disponibilité des blogueurs pour vous accompagner dans vos balbutiements. Outre les mails, nous utilisons aussi pour ce faire des liens hypertextes et des flux RSS. Ils nous permettent de renvoyer vers des articles qui nous semblent intéressants et nous donnent la possibilité de suivre les autres blogs. C’est un de ces deux moyens qui a été utilisé pour relayer la rumeur qui fut l’objet de ladite plainte pour atteinte à la vie privée. Je voudrais, si vous me le permettez, vous expliquer plus avant le fonctionnement de ces outils. Les liens, comme les flux, nous permettent de dresser un panorama de sites, de blogs vers lesquels nous souhaitons aiguiller nos lecteurs. Le problème qui se pose à nous est d’assurer la gestion a posteriori de ces panneaux indicateurs. En ce qui me concerne, je fais mention sur mon blog de ce que l’on nomme depuis peu un « univers ». Cet outil me permet de présenter une centaine de liens et de flux confondus. Je les ai recensés pour leur pertinence mais je ne suis pas, malheureusement, à l’abri qu’un jour, l’un d’eux franchisse la ligne jaune. Ce jour-là, il est possible que je sois partie, loin de mon ordinateur, et que je ne sois pas en mesure de savoir que l’un des liens que je relaie est devenu illicite. De plus, il en va de son univers de fils RSS comme d’un journal, on n’y lit pas tout tous les jours. Cette question des liens me soucie, vous le voyez, beaucoup. Car, travaillant dans une bibliothèque, je ne fais pas autre chose que d’agréger du contenu, que de créer des connexions donnant accès à de l’information. Cependant, dans mon établissement où se trouvent conservés des centaines de milliers de documents, je crois pouvoir vous assurer que personne n’a jamais parcouru l’intégralité de leur contenu. Or, il arrive que, parfois, l’un de ces documents soit l’objet d’une plainte et condamné. Cela ne se produit que très rarement, rassurez-vous. Dans ce cas, nous sommes simplement tenus de retirer de nos collections le document concerné. J’aimerais tant qu’il en soit de même avec les liens sur la toile. Si les supports ne sont pas les mêmes, il ne s’agit pourtant que de vecteurs de connaissance et d’information. Imaginez un instant, cher A., que mon établissement risque la condamnation pour tout document risquant de devenir illicite, je puis vous affirmer que ma tutelle ne prendrait plus aucun risque et m’empêcherait de passer toute commande ! En matière de web 2.0, les tutelles s’appellent des hébergeurs. Les rendre responsables des liens et des flux qui sont mis en ligne, c’est mettre en péril leur métier et, par là, toute notre activité. Cher A., croyez bien que je vous soutiens dans votre obstination à défendre le respect de la vie privée. Ce n’est pas moi, qui me dissimule derrière un pseudonyme pour préserver la mienne, qui vous le reprocherai. Toutefois, je vous supplie, comprenez que notre entreprise collaborative est aujourd’hui en péril. Selon moi, il n’y a de coupables dans cette affaire que vous m’avez rapportée que les auteurs de la rumeur. Voilà ce que je voulais vous préciser de cette affaire qui vous avait grandement préoccupé. J’espère que vous serez désormais plus compréhensif vis-à-vis de nous et croyez bien que je me ferai de nouveau votre cicérone dans la blogosphère si vous le désirez.

Vous le remarquez, j’ai fait le choix dans ce billet de ne citer aucun des protagonistes nommément. Le seul lien que je me suis autorisé est en direction du blog de Maître Eolas, qui ne l’a pas fait non plus. Quoi que vous puissiez penser de mon choix, je vous demande de le respecter et de ne point citer de personnes dans vos commentaires, sans quoi ils seront modérés (cela sans aucune pitié !).

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