La mise en place des consortiums d’achats dans les années 1990 a constitué un phénomène de levier significatif pour l’accroissement et l’intégration des ressources électroniques dans les bibliothèques académiques, particulièrement pour les périodiques électroniques. Cependant, ce modèle d’acquisition qui permettait aux bibliothèques une alternative aux désabonnements massifs, comporte également un biais. La politique documentaire des bibliothèques académiques est désormais alignée sur la politique commerciale des oligopoles de l’édition scientifique, à savoir la vente de la totalité du portefeuille de leurs titres.
Page 24 of 42
La finalité de la politique numérique dans l’enseignement supérieur doit être l’amélioration de la qualité de service aux étudiants pour faciliter leur réussite dans le parcours universitaire. Elle vise également à mettre l’université française au niveau des meilleures universités étrangères. Elle doit permettre à tout étudiant d’avoir accès à l’ensemble de ses ressources pédagogiques nécessaires à son apprentissage à tout moment et en tout lieu.
Rapport Isaac sur l’université numérique
(C’est moi qui souligne)
Avec l’aide de vacataires et de thésards, une trentaine de titulaires fait fonctionner l’établissement, ouvert cinquante heures par semaine. Une quinzaine de personnes se trouve dans les salles de lecture pour assurer le service public.
1.400 places assises et 150.000 volumes en libre-accès, CDU. 100 postes informatiques, 200 à terme, mais pas au-delà puisque de plus en plus d’étudiants viennent avec leur portable. Pas de wifi mais des tables câblées. Pour plus de détails chiffrés, voir Livres hebdo n° 736. Ci-dessous quelques impressions.
La bibliothèque ne dispose pas de zones de bruit mais l’architecte, également acousticien, a particulièrement soigné les détails : le sol absorbe les bruits (même les talons hauts n’ont aucune chance de se faire remarquer), les chaises ne gémissent pas quand on les tire et les photocopieuses ont été isolées dans des box. Pour aller à la bibliothèque, on pénètre dans un hall, où se trouvent les machines à café, c’est un espace de discussion et de conversations téléphoniques. L’usager entre ensuite dans un second hall, réservé au prêt et aux inscriptions, plus calme. Enfin, pour accéder aux salles de lecture, il doit emprunter ascenseurs ou escaliers, ce qui constitue encore un sas avant l’arrivée dans les salles de lecture. Une personne se trouve dans chaque salle pour les renseignements bibliographiques et du personnel « mobile » circule en permanence dans les locaux.
Un espace audiovisuel a été aménagé pour la consultation de DVD et des salles de travail en groupe sont disponibles. J’y ai vu des matheux attraper un fou-rire en considérant une équation !
La signalétique est très visible : des panonceaux avec des codes couleur sont placés sur chaque rayonnage. Le même code est reporté sur la cote. Les livres consultés doivent être replacés sur des chariots, ceux-ci sont jaunes poussin et ils attirent immanquablement l’œil.
Un établissement à visiter 🙂
Arcueil, tours sales et grues hérissées dans le ciel pommelé. Ses trains de banlieue qui rythment le moment de l’écriture comme autant d’avertissements du temps qui passe. Les « appareils mobiles de télécommunication » coupés, le monde si loin. Heures d’absence pour mettre en forme des banalités qui présideront peut-être à une vie entière. Heures vaines sans doute.
Note de synthèse : le sport pour les lettres, la fraude scientifique pour les sciences, le vote pour le droit.
Composition : la presse écrite a-t-elle encore un avenir ?
(Bibliothécaire externe)
Pour survivre, les bibliothèques doivent intégrer les immenses bouleversements apportés par Internet et l’univers numérique. Elles doivent repenser leur place dans un monde qui est passé de la rareté à l’abondance des sources d’information et s’imposer comme des partenaires incontournables, devenir des lieux inspirants où la principale richesse n’est pas le média mais la communauté qui utilise la bibliothèque.
Eppo van Nispen tot Sevenaer, « Livres Hebdo », n° 760.
L’insonorisation de ce bâtiment a été particulièrement soignée : les plafonds « absorbent » les bruits, et le lino permet des déplacements discrets. Par contre les escaliers en béton qui permettent d’accéder au niveau inférieur n’ont pas cette vertu, et au milieu du niveau inférieur se trouve un espace informatique avec 90 clients légers, qui favorise les discussions et les regroupements. De plus, lorsque tous les ordinateurs sont occupés, les claviers en eux-mêmes sont bruyants, et cet espace est justement situé à l’endroit de la bibliothèque où le plafond est le plus haut, et donc absorbe le moins de bruit.
La BU est l’un des seuls endroits accueillants et largement ouverts du campus, les étudiants l’apprécient et s’y donnent rendez-vous, c’est donc aussi un lieu de détente et de pause entre deux cours.
Cependant, le personnel de la BU est effectivement soucieux de maintenir un niveau de calme satisfaisant dans les locaux, qui puisse permettre à ceux qui le souhaitent de travailler en silence. Nous nous sommes donc demandés comment améliorer la situation et faciliter le dialogue avec les étudiants sur le sujet, en prenant également en compte le fait qu’actuellement, beaucoup d’étudiants ne recherchent pas le silence total pour travailler (beaucoup écoutent de la musique au casque en même temps), et apprécient une ambiance plus détendue : notre rôle n’est pas d’imposer le silence pour le silence, mais plutôt de permettre à tout le monde de travailler dans de bonnes conditions.
Pour synthétiser, nous avons donc décidé de créer 3 zones :
- les zones de silence, réservées au travail individuel et en silence, comme leur nom l’indique, elles représentent environ les 3/4 de la bibliothèque,
- les zones de calme, où nous tolérons les conversations à voix basse et les téléphones sur vibreur (environ 20% de la bibliothèque),
- les zones de conversation, où nous ne contrôlons le volume sonore que si nous entendons vraiment les gens crier de loin 🙂 ce sont en fait tous les espaces fermés de la bibliothèque (salles de photocopies, de travail en groupe et salle d’actualité).
Nous renforçons cette communication en effectuant des rondes (je n’aime pas ce terme, mais je n’en trouve pas d’autre plus adéquat) à peu près toutes les heures entre 11h et 17h. Ce sont les personnes qui sont de permanence en salle qui quittent les bureaux de service public pour les faire. Nous contrôlons le niveau sonore dans les espaces de travail, et le but est également d’aller vers les étudiants pour qu’ils nous voient et osent venir nous demander des renseignements.
Finalement, le calme s’installe grâce aux contacts fréquents du personnel avec les usagers, comme quoi on en revient toujours à la nécessiter d’aller vers eux.
Prise en compte des nouveaux usages et échanges fréquents avec les usagers : la recette de la BU de demain ?
A ceux qui exprimaient alors un doute, Sarkozy répondait que l’ouverture des magasins, notamment en banlieue, aurait le mérite de fournir une occupation aux jeunes désoeuvrés. « Il vaut mieux qu’ils aillent faire des courses en famille que de glander, non ? Vous ne croyez quand même pas qu’ils vont aller en bibliothèque ! »
Dans la série, le gouvernement évoque nos établissements, une piqûre de rappel ici.
On peut être un adepte de la lenteur, du temps dédié à la lecture continue, ininterrompue, et apprécier par ailleurs les glissades étourdissantes sur le web. On peut twitter, bloguer, recevoir des pokes sur Facebook, zapper d’un billet de son agrégateur à un autre, puis fermer sa porte, et se plonger dans ce gros livre de Richard Powers qui va nous empêcher d’éteindre la lampe de chevet à une heure raisonnable. On peut chérir les couvertures usées des livres trop souvent relus, craquer parfois dans les librairies au delà du raisonnable, et se servir d’une liseuse dans le métro ( où parfois, des passagers vous demandent de leur montrer l’objet de plus près ).
Tout ce qui n’est point nouveau dans un temps d’innovation est pernicieux.
Le futur des bibliothèques se prépare par le contenu des concours et des formations, et doit également être inscrit dans les organigrammes : la bibnum, la bibliothèque hybride, en particulier, ne sont pas des danseuses ou de vagues occupations pour quelques allumés du clavier et/ou rêveurs, mais participent très largement au cœur du métier de bibliothécaire en ce siècle (pour mémoire, le 21ème). Ne pas voir cela est se condamner, et condamner les bibliothèques.
